Castex courtise mélenchonistes et abstentionnistes à La Réunion

Le Premier ministre français Jean Castex est accueilli par des partisans à son arrivée à l'aéroport Roland-Garros de La Réunion à Sainte-Marie, le 14 avril 2022. (Photo, AFP)
Le Premier ministre français Jean Castex est accueilli par des partisans à son arrivée à l'aéroport Roland-Garros de La Réunion à Sainte-Marie, le 14 avril 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

Castex courtise mélenchonistes et abstentionnistes à La Réunion

Le Premier ministre français Jean Castex est accueilli par des partisans à son arrivée à l'aéroport Roland-Garros de La Réunion à Sainte-Marie, le 14 avril 2022. (Photo, AFP)
  • Jean Castex a courtisé jeudi les mélenchonistes et les abstentionnistes à La Réunion, une île où Emmanuel Macron a perdu du terrain lors du premier tour par rapport à 2017
  • «La Réunion, c’est une terre de différences, de cohabitation, d’ouverture. On ne peut pas faire le choix du repli», insiste-t-il

SAINT-DENIS DE LA RÉUNION : Quelques pas de danse, des poignées de main et des selfies à la pelle, et surtout des attaques en règle contre Marine Le Pen: Jean Castex a courtisé jeudi les mélenchonistes et les abstentionnistes à La Réunion, une île où Emmanuel Macron a perdu du terrain lors du premier tour par rapport à 2017.     

« Il m'a peut-être amené à changer d'avis », admet Anli Aboubacar, un quinquagénaire habitant l'île depuis trente ans qui a interpellé le Premier ministre dans les rues du centre de Saint-Denis avec un vigoureux « Dites à M. Macron de revoir sa copie sur la retraite à 65 ans ».  

« Ce qui m'inquiète le plus, c'est que l'on puisse payer les retraites », a rétorqué le Premier ministre arrivé le matin pour une visite éclair de 24 heures, probablement son dernier grand déplacement du quinquennat.        

Au premier tour de la présidentielle, M. Aboubacar a voté pour Jean-Luc Mélenchon comme plus de 40% des électeurs réunionnais, un bond spectaculaire de 16 points par rapport à 2017 dans le département d'Outre-mer le plus peuplé. Au second, il envisageait de s'abstenir avant sa rencontre impromptue avec le chef du gouvernement.  

Au fur et à mesure de sa déambulation, M. Castex a pu mesurer à quel point il n'était pas en terrain conquis sur une île où Marine Le Pen est arrivée deuxième dimanche en frôlant les 25%, Emmanuel Macron se retrouvant troisième et reculant même d'un point à 18% par rapport à 2017, à l'inverse de son score national qui a progressé depuis cinq ans. 

Lors de ses rencontres, le Premier ministre tombe sur un restaurateur qui lui reproche d'avoir »ostracisé » sa profession lors de la crise sanitaire en imposant le pass sanitaire au personnel de la restauration. Plus loin, c'est une psychologue, Anne Bazin, qui lui reproche de ne pas »avoir écouté sa profession ».  

« Je ne me dérobe pas au débat », assure-t-il à ses contradicteurs, entouré par un petit groupe de Marcheurs, serrant les mains, posant pour les selfies, entonnant même la Marseillaise au côté d'un accordéoniste assis sur le trottoir. Mais dès que l'occasion se présente, il alerte sur les risques du second tour.   

« Méfiez-vous des gens qui vous vendent de la poudre de perlimpinpin », prévient-il, reprenant l'expression d'Emmanuel Macron il y a cinq ans. Quelques mètres plus loin, il lance un avertissement: « Nous sommes exposés à une régression, à un danger, peut-être même à un risque d'explosion sociale ». 

Dès son arrivée le matin à l'aéroport, il a expliqué clairement la raison de ce déplacement express: « Marine Le Pen entend baisser les contributions de la France au budget de l’UE, dont on connaît par avance les résultats extrêmement concrets », a-t-il plaidé. « C’est moins de crédits pour les territoires et en particulier pour les départements d’Outre-mer. Ce serait donc très grave », a-t-il souligné.  

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A Saint-Pierre, Jean Castex s'autorise quelques pas de danse au rythme effréné d'un «maloya», la musique locale. (Photo, AFP)

Des pas de danse 

Dans l'après-midi, Jean Castex s'est rendu à Saint-Pierre, la deuxième ville de l'île, dont le maire LR Michel Fontaine a appelé « à faire barrage » lors du second tour face à Marine Le Pen qui a obtenu ici 22% des voix, moitié moins que Jean-Luc Mélenchon, mais 4,5 points de plus qu'Emmanuel Macron.  

Il y a cinq ans, le candidat LR François Fillon avait obtenu 17,3% des voix à La Réunion, plus de quatre fois le score de Valérie Pécresse dimanche (3,8%), des électeurs de droite qui ont opté « pour l'abstention », selon le maire. 

 « Certains se reconnaissaient plus chez M. Fillon que chez Mme Pécresse », ajoute-t-il, reconnaissant qu'ils constituent « une réserve de voix importante » pour Emmanuel Macron au second tour.  

A Saint-Pierre, l'ambiance est plus festive qu'à Saint-Denis et la déambulation de M. Castex dans le quartier de Terre-Sainte prend l'allure d'un petit bain de foule. Il s'autorise quelques pas de danse au rythme effréné d'un « maloya », la musique locale. 

Il ne perd pas le nord pour autant: « La Réunion, c’est une terre de différences, de cohabitation, d’ouverture. On ne peut pas faire le choix du repli », insiste-t-il. 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".