SAN FRANCISCO : A prendre ou à laisser: Déjà principal actionnaire de Twitter avec un peu plus de 9% de son capital, Elon Musk veut désormais s'emparer de l'intégralité de l'entreprise et la retirer de Wall Street, une offre non-négociable, a-t-il précisé.
"Je propose d'acheter 100% de Twitter au prix de 54,20 dollars par action en numéraire", a indiqué le patron de Tesla dans une lettre adressée au président du conseil d'administration de Twitter Bret Taylor et publiée dans un document transmis mercredi au gendarme boursier américain, la SEC.
Le prix proposé par le milliardaire valoriserait Twitter à 43,4 milliards de dollars, contre environ 37 milliards à l'heure actuelle.
Selon Forbes, la fortune personnelle de M. Musk s'élève à près de 274 milliards de dollars, ce qui fait de lui l'homme le plus riche du monde.
Cette proposition, précise le dirigeant d'origine sud-africaine, est "sa meilleure offre et son offre finale". En cas de refus, il menace de "réexaminer sa position d'actionnaire" au sein du site de microblogs.
L'action de Twitter grimpait de près de 7%, à 48,88 dollars, dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de Wall Street.
«Examiner avec attention»
Twitter a confirmé dans un communiqué avoir reçu "l'offre non sollicitée et non contraignante d'Elon Musk d'acquérir l'ensemble des actions ordinaires en circulation de l'entreprise au prix de 54,20 dollars en numéraire".
"Le conseil d'administration de Twitter va examiner avec attention l'offre pour déterminer la ligne de conduite qu'il estime servir au mieux les intérêts de l'entreprise et de tous les actionnaires de Twitter", a ajouté le groupe.
Très actif sur le réseau social à l'oiseau bleu où il compte près de 82 millions d'abonnés, M. Musk a fait une entrée remarquée au capital de l'entreprise en début de semaine dernière en acquérant 73,5 millions d'actions ordinaires du groupe californien, ce qui l'a placé en tête des plus gros actionnaires de Twitter.
Il a ensuite multiplié les tweets pour suggérer des modifications ou des ajouts qu'il souhaiterait voir apparaître sur le réseau social, notamment un bouton "éditer" ou encore le retrait des publicités, principale source de revenus de Twitter.
Autre cheval de bataille du dirigeant: la liberté d'expression qu'il estime menacée par la modération trop stricte des contenus sur le site.
Dans son courrier à M. Taylor, Elon Musk affirme avoir investi dans la plateforme en raison du rôle majeur qu'elle joue en faveur de "la liberté d'expression à travers la planète" qui est, selon lui, "un impératif sociétal d'une démocratie fonctionnelle".
"Toutefois, depuis que j'ai réalisé mon investissement, je me suis rendu compte que l'entreprise ne prospérerait pas et ne servirait pas son impératif sociétal sous sa forme actuelle", estime-t-il
"Twitter a un potentiel extraordinaire. Je vais le débloquer", a-t-il promis.
«OPA hostile»
Le patron de Tesla et de SpaceX devait par ailleurs intégrer le conseil d'administration de Twitter, mais le directeur général du groupe Parag Agrawal a annoncé lundi que M. Musk avait fini par renoncer à y siéger.
Selon plusieurs observateurs, ce choix lui laissait une plus grande marge de manœuvre pour faire appliquer ses projets pour Twitter.
"Nous ne sommes pas surpris par le dessein de M. Musk d'acquérir entièrement l'entreprise après avoir rejeté une offre de rejoindre le CA, ce qui l'aurait menotté", indique Angelo Zino de CFRA.
Selon l'analyste, le milliardaire n'est pas non plus "le type de personne qui allait vendre ses parts et s'en aller. M. Musk pense qu'il sera plus efficace en provoquant le changement au sein de Twitter et en faisant de la plateforme le porte-étendard de la liberté d'expression".
L'influence et la pression exercées par M. Musk ne laissent pas beaucoup d'options aux dirigeants de Twitter, estiment pour leur part Dan Ives, Ygal Arounian et John Katsingris de Wedbush Securities
"Nous pensons que ce feuilleton à rebondissements se terminera par l'acquisition de Twitter par M. Musk après cette OPA hostile sur l'entreprise", prédisent les analystes dans une note.
"Il sera difficile pour tout autre enchérisseur ou consortium d'émerger et le conseil d'administration sera probablement contraint d'accepter cette offre ou de lancer des démarches actives pour vendre Twitter", ajoutent-ils.