Le Pen - Macron, deux France face à face ?

Cartes de France métropolitaine montrant les communes où Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête au premier tour de la présidentielle en 2017 et en 2022, résultats officiels au 11 avril à 04h30. (Graphique, AFP)
Cartes de France métropolitaine montrant les communes où Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête au premier tour de la présidentielle en 2017 et en 2022, résultats officiels au 11 avril à 04h30. (Graphique, AFP)
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Le Pen - Macron, deux France face à face ?

Cartes de France métropolitaine montrant les communes où Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête au premier tour de la présidentielle en 2017 et en 2022, résultats officiels au 11 avril à 04h30. (Graphique, AFP)
  • Le sondeur de l'IFOP Jérôme Fourquet évoque aussi un face-à-face entre une «France d'en haut» macroniste et une «France d'en bas» mariniste
  • Une opposition se dessine entre d'une part les grandes agglomérations, très favorables à Emmanuel Macron et à l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, et les petites communes

PARIS: Une France des catégories populaires face à celle des « CSP+ » et des retraités, des petites villes périphériques face aux grandes agglomérations: les « logiques sociologiques du vote s'accentuent » avec le deuxième duel présidentiel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, estiment des analystes. 

Très écouté par la candidate du RN, le sondeur et politologue Jérôme Sainte-Marie (PollingVox) martèle depuis 2019 sa thèse d'un « bloc populaire » face à un « bloc élitaire ». 

Dans ce premier tour de l'élection présidentielle, « il y a eu un processus d'unification des « CSP+ » (catégories socio-professionnelles supérieures) autour d'Emmanuel Macron: un alignement des cadres et des retraités », estime-t-il, interrogé par l'AFP. 

Il y a cinq ans, une large part des seniors avaient voté pour le LR François Fillon. Cette fois, près de 40% des « 65 ans et plus » ont opté pour le président sortant. Inquiets pour leur pension ou la dette du pays, les retraités constituent un atout électoral de poids pour le second tour: ils représentent un tiers du corps électoral et sont ceux qui se déplacent le plus aux urnes. 

En face, Marine Le Pen convainct d'abord des « CSP- du secteur privé », poursuit Jérôme Sainte-Marie, en associant le pouvoir d'achat à son discours sur la « priorité nationale » et la lutte contre l'immigration. 

« France d'en haut et d'en bas »  

Dans l'entre-deux tours, la candidate d'extrême droite devra selon lui consolider son socle « nationaliste populiste » en agrégeant les voix d'Eric Zemmour de Nicolas Dupont-Aignan voire de Jean Lassalle. 

Mais aussi « développer sa thématique sociale pour susciter de l'adhésion ou de l'abstention chez les électeurs de gauche » et pour mobiliser les catégories populaires ou des jeunes à la lisière du vote, analyse M. Sainte-Marie. 

Le sondeur de l'IFOP Jérôme Fourquet évoque aussi un face-à-face entre une « France d'en haut » macroniste et une « France d'en bas » mariniste, même « si c'est un peu plus nuancé que ça ». 

Dans les enquêtes, Emmanuel Macron obtient « 18% chez les ouvriers et les employés, ce n'est pas rien mais il fait 35% chez les cadres. Marine Le Pen fait 15% chez les cadres et 35% chez les employés et les ouvriers », souligne-t-il sur France Inter. 

« On le retrouve aussi sur le niveau de diplôme. Plus les électeurs sont diplômés, plus la tendance à voter Emmanuel Macron était forte et inversement » pour Marine Le Pen, avec des électeurs aux « métiers plus subis » et « plus exposés au chômage ». 

Géographiquement, la carte montre un net renforcement d'Emmanuel Macron dans l'Ouest du pays par rapport à 2017, par exemple en Loire-Atlantique, ancien bastion LR. Tandis que Marine Le Pen consolide encore ses positions dans ses bastions du Nord et Nord-Est. 

« Beaux quartiers » et « stations balnéaires »  

Une opposition se dessine entre d'une part les grandes agglomérations, très favorables à Emmanuel Macron et à l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, et les petites communes. 

La candidate du RN termine en tête dans 20 036 communes contre 11 861 pour son rival LREM.  

Et « Emmanuel Macron se renforce dans tous les fiefs traditionnels de la droite, les stations balnéaires, Arcachon, La Baule, Royan, avec une très forte progression, les beaux quartiers comme à Neuilly ou des zones frontalières » près de la Suisse et du Luxembourg, souligne Jérôme Fourquet. 

Dans les plus grandes villes, la candidate du RN divise son score par deux ou trois par rapport à sa moyenne nationale.  

Plutôt que la logique du bloc contre bloc, plusieurs spécialistes soulignent une « tripartition » de la vie politique avec trois candidats dominants au premier tour Emmanuel Macron (27,85%), Marine Le Pen (23,15%) et Jean-Luc Mélenchon (21,95%), écrasant le reste. 

Le sociologue Erwan Lecoeur parle sur France info d'un « pôle central gestionnaire » autour d'Emmanuel Macron, d'un « pôle social écologiste dont Jean-Luc Mélenchon est devenu le leader absolu, incontestable et incontesté au soir de ce premier tour » et d'un pôle d'extrême droite avec Marine Le Pen. 

Pour le politologue Gaël Brustier, la « tripartition » est la clé de voûte du « nouveau monde politique français », pendant que les vieux partis LR et PS s'effondrent, dit-il sur le site Slate. « Le macronisme est un champ politique autonome qui révèle un processus sociologique déterminant pour nos démocratie: l'autonomisation relative des élites », estime-t-il. 


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
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  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.


Faux Brad Pitt: une enquête pour escroquerie ouverte en France

Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
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  • A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien
  • Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION: Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière.

A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien.

Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine en lui envoyant de faux selfies, des documents d'identité falsifiés et en recourant à l'intelligence artificielle pour dissiper ses doutes.

Prétextant avoir besoin d'argent pour payer une opération pour un cancer du rein, le faux Brad Pitt a réussi à soutirer cette somme importante à cette femme, qui est aujourd'hui ruinée et a fait trois tentatives de suicide.

Depuis la diffusion de l'émission, elle fait l'objet de railleries de la part d'internautes moquant sa supposée crédulité. Le reportage a depuis été retiré de toutes les plateformes par TF1, après une "vague de harcèlement à l'encontre d'un témoin".

L'affaire est parvenue jusqu'à l'entourage de l'acteur, qui a mis en garde ses fans contre les escrocs utilisant son image.

"C'est terrible que des escrocs profitent de la forte connexion des fans avec des célébrités", a déclaré mardi un porte-parole de l'acteur au média Entertainment Weekly.

De escroqueries jouant sur les sentiments existent depuis le début des courriers électroniques, mais l'arrivée de l'intelligence artificielle a augmenté le risque de vol d'identité, canulars et fraude en ligne, selon les experts.