Présidentielle 2022 : participation en baisse de trois points au premier tour à midi

Des citoyens français arrivent pour voter à l'école franco-américaine de Burbank, en Californie, le 9 avril 2022 (Photo, AFP).
Des citoyens français arrivent pour voter à l'école franco-américaine de Burbank, en Californie, le 9 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 10 avril 2022

Présidentielle 2022 : participation en baisse de trois points au premier tour à midi

  • Le sortant centriste Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen sont favoris pour le second tour du 24 avril
  • Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettaient entre 25 et 28% des voix à M. Macron, 21,5 à 24% à Mme Le Pen, et de 16 à 18% à M. Mélenchon

PARIS : L'heure du choix est venue, dimanche matin, pour 48,7 millions d'électeurs convoqués au premier tour de l'élection présidentielle, après des mois d'une campagne étrange, qui n'aura pas passionné et fait craindre une forte abstention confirmée dès midi. 

La participation au premier tour de l'élection présidentielle dimanche s'est établi à 25,48% à 12h00, soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%) et qu'en 2012 (28,3%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

La participation à 12H00 est toutefois plus élevée de quatre points que le 21 avril 2002 (21,39%), année record pour l'abstention à un premier tour d'élection présidentielle.

Les cinq départements ayant le plus voté à midi sont la Saône-et-Loire (39,05%), le Gers (37,71%), l'Ardèche (35,55%), la Dordogne (34,63%) et le Vaucluse (32,64%).

Les cinq départements qui se sont le moins mobilisé sont la Seine-Saint-Denis (14,71%) , Paris (15,34%), le Val d'Oise (18,82%), l'Essonne (18,89%) et les Hauts-de-Seine (19,13%).

La participation aux élections régionales de juin 2021, historiquement basse, s'était élevée à 12,22% à 12H00. Au premier tour des élections municipales de 2020, organisé alors qu'explosait la première vague de Covid-19 en France, elle avait atteint 18,38%.

Après une partie de l'outre-mer samedi, l'ouverture des bureaux de vote a eu lieu à 08H00 en métropole. Le verdict des urnes est attendu à 20H00, avec les premières estimations des instituts de sondage.

D'ici-là, les caméras captureront le vote des candidats dans leurs fiefs respectifs, dans le silence auquel la loi les astreint depuis vendredi soir. La plupart feront leur devoir civique tôt dans la matinée avant de regagner leurs QG de campagne à Paris.

Le sortant centriste Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen sont, comme il y a cinq ans, les favoris pour se qualifier pour le second tour du 24 avril, avec l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon en embuscade dans le rôle du 3e homme.

Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettaient entre 25 et 28% des voix à M. Macron, 21,5 à 24% à Mme Le Pen, et de 16 à 18% à M. Mélenchon -ces deux derniers ayant été en progression continue dans la fin de campagne.

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Les électeurs plus indécis que jamais

Les dix autres prétendants semblent relégués, et notamment les candidates des deux partis qui ont dominé pendant des décennies la vie politique en France, Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo (Parti socialiste). 

L'incertitude demeure notamment car, prévient le politologue Pascal Perrineau, "c'est la première élection qui atteint un tel taux de personnes qui sont indécises, qui ont changé d'opinion, à peu près un Français sur deux".

Les politologues n'excluent pas, ainsi, qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.

Nombre d'analystes redoutent aussi que le record d'abstention de 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d'une élection présidentielle, puisse être battu. Avec 22,2% d'abstention, 2017 n'était déjà pas un bon millésime.

Avant même l'issue du premier tour, plusieurs candidats se sont projetés dans la perspective d'un duel Macron-Le Pen au second tour, faisant apparaître des fissures dans le "front républicain" face à l'extrême droite - un "front" qu'Emmanuel Macron n'avait d'ailleurs pas invoqué en 2017.

Commencée alors que le pays subissait une vague de Covid-19, la campagne s'est poursuivie avec la toile de fond angoissante de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, aussitôt suivie d'une forte hausse des prix de certains produits, en particulier l'énergie.

 

 

 

Élection présidentielle: forte abstention en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie

Le taux de participation au premier tour de la présidentielle a fortement chuté dans plusieurs territoires d'outre-mer, dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie, qui votaient en avance, mais il est en légère augmentation en Guadeloupe et à la Martinique. 

Le vote a commencé dès samedi dans les Antilles françaises, en Guyane (Amérique du Sud), à Saint-Pierre et Miquelon (archipel français d'Amérique du Nord) et en Polynésie française (Pacifique Sud). Il est également achevé en Nouvelle-Calédonie qui a 10 heures d'avance avec l'Hexagone.

Les plus forts taux d'abstention se retrouvent dans le Pacifique: en Polynésie française, seuls 23,78% de votants s'étaient déplacés à 17H00, selon l'estimation du Haut-commissariat. Ils étaient 43,97% à s'être déplacés en 2017, à la même heure.

En Nouvelle-Calédonie, le taux de participation à 17H00, deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, était de 33,04% contre 41,80% cinq ans auparavant, selon le haut-commissariat de la République. A Wallis et Futuna, il était de 44,92% à 17H00, contre 49,15% en 2017. 

À la même heure, Saint-Pierre et Miquelon enregistrait un taux de participation de 44,40%. 

En Guadeloupe en revanche, le taux de participation à 17H00 samedi atteignait 37,08%, contre 34,17% lors de la présidentielle de 2017, à la même heure. Ce taux était également en légère hausse en Martinique avec 35,1% de participation à 17H00, contre 34,82% en 2017.

A la Réunion, île de l'océan indien qui a commencé à voter deux heures avant l'Hexagone, le taux de participation était de 20,65% à 12H00, contre 18,94% en 2017. 

A Mayotte également le taux de participation était en légère hausse à 12H00, à 16,98% contre 14,66% en 2017 à la mi-journée.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont eux regretté une campagne sans débat.

Pour conjurer l'indécision et l'abstention, les candidats se sont démultipliés la dernière semaine de campagne: derniers grands meetings, exposition médiatique, ultimes déplacements sur le terrain. 

Présidentielle: les Français aux urnes, la participation en baisse à midi

Entre doutes et abstention, et après des mois d'une campagne atypique, les Français votent dimanche au premier tour de l'élection présidentielle, où la participation s'annonce à la mi-journée en retrait par rapport à 2017.

Au bureau de vote 607 de Marseille, certains ont longtemps hésité sur le bulletin à glisser dans l’enveloppe : "Sur les 12, j’en avais sélectionné 4 hier soir, et je me suis décidée ce matin", explique Françoise Reynaud, 55 ans.

La participation à midi s'établit à 25,48%, soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%) et qu'en 2012 (28,3%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur

En ce dimanche ensoleillé partout dans le pays, quelque 48,7 millions d'électeurs départagent les douze candidats à l'Elysée. Le verdict des urnes est attendu à 20H00, avec les premières estimations des instituts de sondage.

Elle est toutefois plus élevée de quatre points que le 21 avril 2002 (21,39%), année record pour l'abstention à un premier tour d'élection présidentielle.

Le sortant centriste Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (RN) sont, comme il y a cinq ans, les favoris pour se qualifier au  second tour le 24 avril, avec Jean-Luc Mélenchon (LFI) en embuscade dans le rôle du 3e homme. 

Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettaient entre 25 et 28% des voix à M. Macron, 21,5 à 24% à Mme Le Pen, et de 16 à 18% à M. Mélenchon -ces deux derniers ayant été en progression continue dans la fin de campagne.

La forte indécision des électeurs fait que les politologues n'excluent pas qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.

A Libourne, 25 000 habitants dans la banlieue viticole de Bordeaux, vers 8h30, "on voit qu'il y a du monde, il y a de la mobilisation, par rapport aux autres élections comme les européennes ou les régionales", constate Laurence Rouède, 1ere adjointe au maire qui préside le bureau de l'hôtel de ville. "Et on a eu 24 procurations, ce qui est la fourchette haute". 

A Marseille, les yeux pétillants de fierté, Ali Msaidie sort du bureau de vote de l’école élémentaire Saint-Charles 2, à proximité de la gare du même nom, dans un quartier populaire. 

Il vient juste de déposer son bulletin dans l’urne, disposée dans une salle de classe décorée de dessins d’enfants puis de passer le hall où est accrochée une grande carte de France. 

A 53 ans, c’est la première fois que cet accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) a le droit de voter pour une élection présidentielle en France, pays où il vit depuis 21 ans. 

"Je me suis battu tellement d’années pour être naturalisé, avoir la nationalité française. C’est la première fois que je peux voter pour une présidentielle, c’est tellement important pour moi de pouvoir faire partie de ceux qui choisissent !", dit à l’AFP, cet homme né aux Comores.   

Les électeurs plus indécis que jamais

Parmi les prétendants semblant loin du second tour figurent les candidates des deux partis qui ont dominé pendant des décennies la vie politique en France, Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo (Parti socialiste). 

L'incertitude demeure car, prévient le politologue Pascal Perrineau, "c'est la première élection qui atteint un tel taux de personnes qui sont indécises, qui ont changé d'opinion, à peu près un Français sur deux".

Commencée alors que le pays subissait une vague de Covid-19, la campagne s'est poursuivie avec en toile de fond angoissante l'invasion de l'Ukraine par la Russie, suivie d'une forte hausse des prix de certains produits, en particulier l'énergie.

Le président sortant, qui s'est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d'abord par la crise sanitaire, puis par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais lui aussi a donné un coup d'accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews, effectuant même vendredi une courte visite impromptue sur un marché de Neuilly-sur-Seine.

Marine Le Pen, qui a effectué son dernier déplacement vendredi dans l'Aude, a enclenché une dynamique ascendante après avoir été inquiétée par son rival d'extrême droite Eric Zemmour, se consolidant à la seconde place puis resserrant progressivement l'écart avec Emmanuel Macron. 

De petits duels plutôt qu'un grand débat

A aucun moment, un grand thème d'avenir n'a été débattu par l'ensemble des candidats. 

"Nous avons une sorte d'archipélisation des débats avec de petits duels", relève le sondeur Frédéric Dabi (Ifp), notamment entre le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour et la candidate LR Valérie Pécresse ou entre l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon et les autres candidats d'une gauche fragmentée, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo ou les trotskistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont eux regretté une campagne sans débat.

Le président sortant, qui s'est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d'abord par la crise sanitaire, puis par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. 

Il a donné un coup d'accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews, effectuant même vendredi une courte visite impromptue sur un marché de Neuilly-sur-Seine.

Marine Le Pen a elle aussi a mené une campagne atypique, s'évertuant à lisser son image et mettant au second plan, dans ses discours, ses propositions sur l'immigration et sur l'Europe, qui restent pourtant aussi radicales que par le passé.


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.


Macron de retour à la Sorbonne avec un grand discours sur l'Europe

Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs. (AFP).
Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs. (AFP).
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  • Même lieu, même format et sans doute même durée (au moins 90 minutes): sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11H00 une série de mesures pour passer à "l'Europe puissance"
  • Avec quel objectif ? "Influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste

PARIS: Emmanuel Macron revient jeudi à la Sorbonne avec un nouveau discours pour une Europe "plus souveraine et plus puissante", surtout perçu comme une entrée en campagne du chef de l'Etat alors que son camp patine à six semaines des européennes.

Même lieu, même format et sans doute même durée (au moins 90 minutes): sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11H00 une série de mesures pour passer à "l'Europe puissance".

"On est dans un moment où se conjuguent beaucoup de crises (..) L'intuition, la volonté du président, c'est de se dire que, dans ces moments-là, il est possible de faire avancer des propositions et de faire des pas importants", résume un conseiller présidentiel.

Avec quel objectif ? "Influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste.

"C'est un moment institutionnel d'un chef d'État, qui n’engage pas simplement la parole de sa sensibilité politique, mais la parole d'un pays", a-t-on insisté.

Pour ses adversaires, Emmanuel Macron passe surtout à l'offensive à un moment où son camp, emmené par l'eurodéputée Valérie Hayer, peine à se frayer un chemin dans la campagne.

« Discours électoral »

La liste RN menée par Jordan Bardella reste largement en tête des intentions de vote, avec douze à quinze points d'avance sur Valérie Hayer, selon les enquêtes.

"C’est un discours électoral", martèle l’eurodéputé sortant RN Thierry Mariani. "Il utilise encore son rôle de président pour faire campagne", renchérit la tête de liste LFI, Manon Aubry.

Le communiste Léon Deffontaines a demandé jeudi matin sur franceinfo que le discours du président soit "décompté dans le temps de parole de Valérie Hayer".

En écho au chef de l'Etat, Jordan Bardella tiendra dans l'après-midi une conférence de presse pour présenter son programme et tenter ainsi d'imposer un duel au sommet.

Raphaël Glucksmann a grillé la politesse à Emmanuel Macron dès mercredi soir avec un discours fleuve sur l'Europe où il lui a cogné largement dessus.

Du coup, beaucoup de soutiens du chef de l'Etat comptent sur la Sorbonne pour mobiliser les électeurs. Même s'ils reconnaissent que la prise de parole présidentielle peut aussi galvaniser ses opposants, en raison de sa forte impopularité.

« Légitimité »

Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres Etats-membres de l'UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d'entreprise, des étudiants et des chercheurs.

Il a aussi invité les eurodéputés français mais son discours tombera en pleine session plénière du Parlement européen, la dernière avant les européennes (du 6 au 9 juin), où une série de textes importants doivent être adoptés. "Désolée, j'ai voté", a ironisé, parmi d'autres, l'eurodéputée socialiste Nora Mebarak.

Un quinquennat et demi plus tard, Emmanuel Macron estime avoir imprimé sa marque sur des sujets clés de l'Union européenne comme la souveraineté, la défense ou l'emprunt européen commun, un tabou pour l'Allemagne brisé lors de la pandémie de Covid - même si la France peine à dupliquer l'expérience.

Il va dresser jeudi un bilan des avancées depuis la Sorbonne 1 et esquisser des propositions face aux nouveaux défis européens, de la guerre en Ukraine à la rivalité sino-américaine.

"C'est une interpellation du pays" alors que "jamais depuis 75 ans l'Europe et nos pays n'ont été dans une situation de risque de déstabilisation aussi grande", a plaidé son allié MoDem François Bayrou sur BFMTV.

Le chef de l'Etat estime avoir conservé toute sa "légitimité", celle des "réformes", pour parler d'Europe même si la France compte parmi les mauvais élèves du continent en matière de finances publiques.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et au retour des Français qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Dès vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg, où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne.