WASHINGTON : "Cela nous relie à la France": depuis New York, Los Angeles, Montréal ou Washington, les Français d'Amérique du Nord ont commencé samedi, avec un jour d'avance sur l'Hexagone, à voter au premier tour de l'élection présidentielle.
«Guignol»
Même si elle vit aux Etats-Unis depuis plus de 25 ans, Nathalie Depastas n'aurait manqué ce rendez-vous électoral pour rien au monde. "Je suis intéressée de savoir quel guignol je vais avoir à la tête" du pays, sourit cette spécialiste en médecine orientale, basée dans l'Etat américain de Virginie. Son choix ce samedi était "évident", assure la femme à lunettes, soucieuse d'élire quelqu'un qui a "les intérêts de la France à coeur".
A l'ambassade de France à Washington, où elle vote, les bulletins aux noms des 12 candidats ont soigneusement été alignés.
Après une attente relativement courte, les électeurs sont redirigés vers quatre bureaux différents. Un court passage dans l'isoloir bleu, blanc, rouge, et retentit le traditionnel "a voté!", déclamé par du personnel de l'ambassade.
Nombre d'électeurs prennent un moment pour photographier le drapeau tricolore qui flotte en cette matinée ensoleillée. La fierté de pouvoir participer à ce grand exercice citoyen, malgré les milliers de kilomètres qui séparent les Etats-Unis de la France métropolitaine, est palpable. Même si le choix des candidats ne suscite pas toujours un grand enthousiasme.
Frédéric Barassé, chef cuisinier à Washington, expatrié depuis 12 ans, avoue avoir suivi "les convictions de sa famille" en France plutôt que les siennes en glissant son bulletin dans l'urne.
Un autre Français, venu avec ses enfants, assure avoir pris sa décision "au moment" où il a voté.
File d'attente à Montréal
A Montréal, où des milliers de personnes se sont pressées à 8h00, dès l'ouverture des bureaux de vote, Esther Sei, 26 ans, raconte avoir "pris le temps de lire tous les programmes, de regarder des émissions et notamment celle d'HugoDécrypte pour se décider". Plus de 67.000 Français sont inscrits dans la métropole francophone, 10.000 de plus que pour la dernière présidentielle.
"C'est important de venir pour voter même en étant expatrié, on ne peut pas rater ça. Et puis cela nous relie à la France", assure Francois-Xavier Ledieu, 40 ans, ingénieur dans l'aéronautique, derrière un masque en tissu.
L'opération de vote se déroule au Palais des congrès de la ville pour éviter aux électeurs une attente de plusieurs heures comme il y a 5 ans.
Mais dès l'ouverture, le rez-de-chaussée de cet immeuble était plein à craquer, la soixantaine de bénévoles recrutés par le consulat s'activant pour organiser les files d'attente. Certains électeurs patientent à l'extérieur de l'immense bâtiment qui a servi longtemps de centre de vaccination.
A 12H00 locales, il fallait attendre environ 2h30 pour pouvoir voter, selon une estimation du consulat de France à Montréal.
"Je me suis posé la question de venir car il y a 5 ans, j'avais attendu plusieurs heures avant de pouvoir voter", déclare Sarah Guerrier, qui vit à Montréal depuis 11 ans.
Mais, confie cette élégante femme vêtue d'une veste noire, "j'ai deux enfants, qui feront peut-être leurs études en France, alors je pense que pour eux c'est important de décider qui va diriger la France dans les années qui viennent".