PARIS: À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle française, qui aura lieu le 10 avril 2022, l’ambiance semble assez mitigée du côté de la communauté des Français du Maroc.
Si plusieurs d’entre eux sont résolus à voter pour leur candidat favori, beaucoup restent dubitatifs. «Je ne suis pas séduite par les programmes des candidats; aucun, pour le moment, ne m’a vraiment convaincue. Ce sont toujours les mêmes têtes, et la qualité des débats est en deçà des exigences de cette élection charnière», confie à Arab News en français, Alexandra, 35 ans, chef de projet dans une agence de communication digitale de Casablanca.
Elle ajoute: «On dirait que l’immigration est le principal souci des Français. Les solutions proposées pour renforcer leur pouvoir d’achat sont totalement déphasées, à mon avis; et neparlons pas des attaques personnelles entre les candidats ni du langage utilisé lors des débats et des meetings.»
La scolarité des enfants, premier souci des expatriés
Le constat est identique pour son compagnon, Adrien. «Je me suis inscrit sur la liste électorale consulaire pour voter, mais pour qui? Ce qui nous intéresse, c’est ce que proposent les candidats pour les Français installés à l’étranger. Pour le moment, il n’y a pas eu de propositions de mesures phares, notamment en ce qui concerne la scolarité de nos enfants», nous déclare-t-il. Les expatriés et les binationaux fustigent depuis plusieurs années les coûts élevés – qui ne cessent d’augmenter d’année en année – pratiqués par les quelque quaranteécoles de la mission française au Maroc.
Ce sentiment d’indifférence à l’égard de la campagne présidentielle de 2022 est assez palpable au Maroc, notamment à cause de la crise ukrainienne, fortement médiatisée ces dernières semaines. Cet événement a pourtant joué en faveur du président français, Emmanuel Macron, qui s’est positionné en véritable chef d’État grâce à ses efforts diplomatiques, ce qui lui a valu une hausse dans les sondages.
Emmanuel Macron, grand favori
Emmanuel Macron est actuellement le grand favori auprès des Français du Maroc. Le scénario de 2017, à l’issue duquel il avait remporté 33% de leurs votes, devrait se répéter cette année. «J’ai l’impression qu’on aura droit au même scénario qu’en 2017, avec un second tour où Emmanuel Macron et Marine Le Pen seront face à face. Et c’est Macron qui l’emportera, à mon avis», prédit Adrien.
Au Maroc, trois partis politiques français disposent de représentations: la République en marche (LREM), le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR). Le parti de Macron, LREM, est le plus actif d’entre eux. Il multiplie les conférences et les événements depuis le lancement de la campagne électorale de Macron au Maroc, le 26 mars dernier à Casablanca.
LREM avance ses pions au Maroc
Rappelons que près de 50 000 Français résident actuellement au Maroc, selon les chiffres de l’ambassade de France à Rabat. 39 000 sont inscrits sur les listes électorales cette année. Le taux d’abstention de 2017 (47%) risque d’être plus élevé encore cette année en raison du peu d’engouement des Français du Maroc vis-à-vis d’une campagne électorale qui ne fait pas l’unanimité.
Dans une interview accordée à Jeune Afrique le 2 avril dernier, Najat Vallaud-Belkacem, originaire du Maroc et ministre de l’Éducation nationale sous le mandat de François Hollande, déclarait: «Je trouve affligeant que les questions internationales n’aient été abordées que sous le seul angle des migrations. Ce n’est tout simplement pas à la hauteur de la France et de la place qu’elle occupe dans le monde.» Un avis partagé par plusieurs des Français, expatriés ou binationaux, interrogés au Maroc par Arab News en français.