PEMBROKE : Un président « irresponsable » contre un candidat « catastrophique » pour les « seniors »: Donald Trump et Joe Biden ont chacun fait mardi un appel du pied aux électeurs les plus âgés, qui devraient jouer un rôle crucial pour déterminer le vainqueur de la présidentielle américaine du 3 novembre.
A 21 jours de l'élection, chacun a promis à ses partisans la victoire.
Enchaînant son deuxième meeting en deux jours, cette fois dans l'Etat-clé de Pennsylvanie, le président républicain s'est montré en forme huit jours après sa sortie d'hôpital, devant une foule enthousiaste, où les masques restaient rares.
En tête des sondages, Joe Biden a lui accusé en Floride son rival républicain d'être de plus en plus « irresponsable » depuis qu'il a contracté le Covid-19 puis renoué avec la foule dans ce même Etat-clé, lundi soir.
L'ancien vice-président démocrate de 77 ans a détaillé quelques propositions pour les personnes âgées, un électorat crucial qui, dans le « Sunshine State », a basculé de son côté dans les sondages après avoir voté en majorité pour le milliardaire républicain en 2016.
« Le seul senior qui intéresse Donald Trump c'est le senior Donald Trump lui-même », a lancé le candidat démocrate à Pembroke Pines, au nord de Miami, où il a une nouvelle fois dénoncé la gestion de la pandémie par le président républicain.
Mais il s'est surtout attardé sur l'action de son adversaire, alors que les Etats-Unis affichent le plus lourd bilan au monde avec plus de 215.000 morts du Covid-19.
« Il a empêché les seniors de Floride et les citoyens de tout le pays d'avoir l'aide dont ils avaient besoin », a-t-il déploré. « Combien d'entre vous ne peuvent pas embrasser leurs petits enfants? », a-t-il ajouté dans un centre pour retraités.
« Les gens que je préfère »
Son discours n'a pas été ponctué par les déclarations parfois embrouillées ou trous de mémoire apparents constatés la veille dans l'Ohio, sur lesquels insiste le camp trumpiste pour mettre en doute sa forme physique et mentale.
Par contraste, le président-candidat âgé de 74 ans se dit désormais « immunisé » contre le coronavirus moins de deux semaines après avoir été testé positif.
Mais Joe Biden mène de loin dans les sondages à l'échelle du pays (+10 points d'avance selon la moyenne établie par le site RealClearPolitics). Il a également l'avantage sur Donald Trump, quoique plus réduit, dans les Etats les plus disputés qui, comme la Floride (+3,7 points), pourraient faire basculer l'élection.
Johnstown « contre Park Avenue »
Alors que déjà dix millions d'électeurs ont déposé leur bulletin de vote anticipé, l'ex-magnat de l'immobilier a entamé un marathon de meetings à travers les Etats-clés pour tenter de refaire son retard.
Il était mardi soir à Johnstown, dans l'Etat de Pennsylvanie qu'il a remporté en 2016 mais qui penche à ce stade pour Joe Biden dans les sondages.
Le milliardaire républicain a de nouveau ironisé sur son rival qu'il surnomme « Sleepy Joe » (« Joe l'endormi »), dont il affirme qu'il n'attire « presque » aucun électeur en public. Le candidat démocrate refuse, au nom des précautions sanitaires, d'organiser des grands meetings de campagne.
Se présentant une nouvelle fois en défenseur de « la loi et l'ordre », Donald Trump a encore dépeint son rival comme un candidat aux mains de la « gauche radicale », dont la présidence mènerait au chaos. Et il a aussi fait un appel du pied aux plus âgés.
« Le programme de Biden serait catastrophique pour les +seniors+ », a-t-il déclaré. Il « se préoccupe plus des immigrés clandestins que des citoyens seniors ».
A ce même endroit, l'ancien bras droit de Barack Obama avait, fin septembre, rappelé ses origines modestes pour marteler sa nouvelle ligne d'attaque contre le milliardaire: l'élection est un choix entre les classes ouvrière et moyenne, incarnées par Johnstown ou sa ville natale de Scranton, également en Pennsylvanie, « contre Park Avenue », la clinquante rue new-yorkaise symbole du riche héritier.
Dans un climat polarisé à l'extrême, le sénateur républicain Mitt Romney, ex-candidat à la Maison Blanche coutumier des critiques contre Donald Trump, s'en est pris mardi avec une virulence particulière au président, présenté comme l'un des principaux responsables du " »marasme abominable, injurieux et empli de haine » qu'est devenu selon lui le débat politique.