WILMINGTON : Pendant des mois, Donald Trump a épinglé la prudence de Joe Biden face au Covid-19. Maintenant que le président américain, testé positif, est admis à l'hôpital, son rival démocrate profite de pouvoir faire campagne seul, à un mois de l'élection.
Trop tôt pour dire quel sera l'impact de ce rebondissement spectaculaire dans une campagne présidentielle déjà secouée par plusieurs événements historiques.
Mais l'ironie du retournement de situation pour les deux rivaux de la présidentielle du 3 novembre n'échappait à personne vendredi.
Mardi encore, lors du premier débat présidentiel, le milliardaire républicain s'était moqué des mesures strictes de précaution de son rival face au virus.
"Il peut parler à 60 mètres" de ses interlocuteurs "et il vient quand même avec le plus grand masque que j'aie jamais vu", avait lancé Donald Trump, 74 ans, sur le plateau.
Décrivant son rival comme un "Joe endormi", il avait martelé pendant les mois de confinement que le démocrate se "cachait dans son sous-sol" à Wilmington, dans le Delaware. Une phrase qui a fait mouche avec les partisans de Donald Trump, qui la répètent à l'envi.
Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, le républicain a été testé positif au nouveau coronavirus. Contraint de suspendre sa campagne, il a été admis vendredi soir dans un hôpital militaire près de Washington.
Après de longues heures d'un silence pesant vendredi matin, Joe Biden, 77 ans, a finalement annoncé qu'il avait été testé négatif, malgré les 90 minutes passées sur la scène du débat. Puis le septuagénaire est parti pour le Michigan, un Etat du Midwest que Donald Trump avait remporté en 2016.
"Soyez patriote", il ne faut pas "jouer au dur" mais "porter un masque", a-t-il lancé, en portant justement un masque chirurgical, lors d'un discours à la tonalité sombre à Grand Rapids.
"C'est un rappel criant pour nous tous que nous devons prendre ce type de virus sérieusement", a-t-il martelé en plein air, devant des syndicalistes et un groupe restreint de journalistes, tenus comme pour tous ses discours à grande distance.
"Il ne va pas disparaître automatiquement", a ajouté le démocrate, alors que Donald Trump avait dit que le virus disparaîtrait "comme par miracle" .
Se gardant toutefois d'attaquer directement son rival, et en évitant toute la journée, jusqu'à son retour à Wilmington, les questions des journalistes, Joe Biden a pris soin de se poser en rassembleur.
"Nous pouvons, nous allons et nous devons nous rassembler", a-t-il tweeté dans la soirée.
Son équipe de campagne a décidé de retirer ses spots anti-Trump à l'annonce de son diagnostic, a confirmé à l'AFP un responsable. Cette décision avait été prise avant son admission à l'hôpital.
"Portez un masque"
Avant ce voyage, Joe Biden s'était toutefois permis un tweet en forme de pied de nez, à peine caché: "J'espère que cela servira de rappel: portez un masque".
Dans la salle du débat à Cleveland, dans l'Ohio, tout le monde avait été testé négatif. Mais le virus peut mettre plusieurs jours à être détecté chez une personne infectée.
La famille de Donald Trump était arrivée masquée, comme celle de Joe Biden, mais a ensuite enlevé les masques.
Après les mois de confinement passés chez lui, puis des déplacements de campagne restreints et en voiture, Joe Biden n'avait repris les grands voyages de campagne en avion que fin août.
En face, le républicain a sillonné le pays pour des meetings qui ont rassemblé des centaines de partisans, souvent en plein air.
A 32 jours du scrutin, son équipe de campagne a annoncé que ses événements déjà programmés seraient tenus de manière virtuelle ou repoussés.
Mike Pence, testé négatif, va lui poursuivre ses déplacements électoraux.
Egalement testée négative, la candidate démocrate à la vice-présidence Kamala Harris, 55 ans, a maintenu vendredi son voyage à Las Vegas, dans le Nevada.
Elle doit débattre le 7 octobre contre Mike Pence. Le prochain duel entre Donald Trump et Joe Biden est prévu le 15 octobre, mais on ignore s'il sera maintenu.
L'équipe Biden a elle annoncé de nouveaux voyages: samedi, son épouse Jill Biden se rendra dans le Minnesota tandis que son ancien rival progressiste Bernie Sanders ira dans le New Hampshire. (AFP)