Les Français aux urnes dimanche, vers un probable nouveau duel Macron-Le Pen

Une qualification au premier tour du président sortant avec quelque 28% des suffrages, devant la candidate d'extrême droite à 23% (Photo, AFP).
Une qualification au premier tour du président sortant avec quelque 28% des suffrages, devant la candidate d'extrême droite à 23% (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 avril 2022

Les Français aux urnes dimanche, vers un probable nouveau duel Macron-Le Pen

  • L'élection présidentielle française revêt des enjeux cruciaux, tant nationaux qu'internationaux
  • Face à une gauche totalement éclatée, une droite atone, les sondages pointent tous dans la même direction depuis des mois

PARIS: La France est appelée aux urnes dimanche pour le premier tour d'une présidentielle largement éclipsée par le fracas de la guerre en Ukraine, et qui devrait, sauf coup de théâtre, rééditer le duel de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Favori des sondages depuis des mois, le président sortant, entré très tardivement en campagne, voit cependant l'écart se resserrer avec sa rivale d'extrême-droite, dont la victoire n'est plus inenvisageable, ce qui constituerait une première absolue sous la Ve République.

Bien que largement passée au second plan avec la guerre en Ukraine, l'élection présidentielle française, qui engage 12 candidats, revêt cependant des enjeux cruciaux, tant nationaux qu'internationaux, la France restant un poids lourd de l'Union européenne, qu'elle préside actuellement. Mais des thèmes majeurs, notamment celui de la lutte contre le dérèglement climatique, ont été quasiment absents de la campagne.

Face à une gauche totalement éclatée, une droite atone, les sondages pointent tous dans la même direction depuis des mois: une qualification au premier tour du président sortant avec quelque 28% des suffrages, devant la candidate d'extrême droite à 23%. Mais les projections pour le deuxième tour ouvrent la voie à une possible victoire de Mme Le Pen, si l'on prend en compte la marge d'erreur, une étude ne lui donnant que trois points d'écart derrière son rival.

Entré tard en campagne pour cause de crise sanitaire puis de guerre en Ukraine, confiant dans le scénario d'une réélection annoncée, M. Macron a semblé prendre conscience du danger et appelé à la "mobilisation" face à une extrême droite "banalisée".

Lors d'un grand meeting à Paris samedi dernier, il s'est présenté comme le candidat "du progrès contre le repli et de l'Europe contre les nationalistes", et a promis de relancer "dans la concertation" ses réformes inabouties. Il a cependant boudé tout débat avec les autres candidats, qui l'ont accusé, à l'instar de Valérie Pécresse (droite), de "dérobade scandaleuse".

Discours lissé

Face au président sortant, Marine Le Pen et son parti, le Rassemblement national, jugent n'avoir "jamais été aussi près de la victoire" et que "la dynamique n'a jamais été aussi puissante".

Donnée finie après son échec face à M. Macron en 2017, et notamment après un débat d'entre deux tours désastreux, la fille du sulfureux tribun et figure historique de l'extrême droite française Jean-Marie Le Pen a patiemment remonté la pente, lissé son image et recentré son discours.

D'abord inquiétée par l'irruption à l'automne d'un autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour, elle a finalement bénéficié des positions ultra-radicales et clivantes de l'ancien polémiste, qui l'ont comparativement rendue plus modérée.

Pendant que M. Zemmour, qui se tasse désormais dans les sondages, ressassait ses thèmes anti-immigration et anti-islam, Mme Le Pen axait sa campagne sur le pouvoir d'achat, principale préoccupation des Français, promettant des mesures d'urgence comme la suppression de la TVA sur certains produits. Son programme reste cependant très radical sur l'immigration et les sujets régaliens, relèvent les analystes.

Et à l'heure de l'émotion suscitée par les atrocités imputées aux forces russes en Ukraine, ses anciennes positions pro-Poutine - Mme Le Pen avait notamment été la seule candidate française à rencontrer le chef du Kremlin avant le premier tour de la présidentielle en 2017 - fournissent un angle d'attaque à M. Macron.

L'inconnue Mélenchon

Le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, en troisième position dans les sondages, fort d'une percée à 15,5%, espère pour sa part provoquer un "vote utile" en sa faveur, qui permettrait de qualifier la gauche au second tour.

"Je pense que j'ai une très sérieuse probabilité d'y arriver", a assuré M. Mélenchon mardi, assurant qu'un second tour Macron /le Pen "n'aurait pas lieu".

Porteur d'un programme de "rupture" avec le libéralisme économique et chantre d'une VIe République plus parlementaire et participative, M. Mélenchon était arrivé 4e en 2017 avec 19,58% des voix.

Loin derrière lui, le candidat écologiste Yannick Jadot oscille autour des 5%, le communiste Fabien Roussel à 2,5% et la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo surnage à 2%.

A droite, Valérie Pécresse recule (8% d'intentions de vote) et est au coude à coude avec Eric Zemmour (9%). 

Mme Pécresse tente de remobiliser un électorat très courtisé par ses adversaires, de l'extrême droite au camp de M. Macron, et se présente comme la seule héritière de la droite gaulliste et républicaine.

Quatre autre "petits" candidats, les trotskystes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, le candidat de la ruralité Jean Lassalle et le souverainiste Nicolas Dupond-Aignan oscillent entre 0,5% et 3% des suffrages.

Reste le facteur abstention, déterminant majeur de l'élection. Quelque 30% des Français pourraient s'abstenir le 10 avril, un niveau record pour un premier tour de présidentielle sous la Ve République, souligne un sondage Ipsos SopraSteria paru dimanche.

Présidentielle J-4: la bataille se durcit entre Macron et Le Pen

Ils ne seront pas face à face, mais leurs visages pourraient bien être ceux qui sortiront les premiers dimanche soir: les favoris du premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, s'affrontent à distance mercredi dans les médias au moment où, selon les sondages, l'écart entre les deux se réduit comme peau de chagrin.

A quatre jours du scrutin, le président sortant et sa rivale d'extrême droite doivent participer à l'émission du 20H de TF1, "10 minutes pour convaincre", M. Macron devant passer en premier. Ils seront tour à tour interrogés sur les cent premiers jours de leur présidence, s'ils sont élus le 24 avril, et leurs premières décisions ou gestes symboliques de chef(fe) de l'Etat.

Hasard de programmation ? Ce sera peut-être l'un des temps forts de cette campagne présidentielle alors que les deux adversaires pourraient, si les Français en décident dimanche, vivre leur match retour de 2017.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.