Une initiative américano-arabe s'attaque à la sécurité alimentaire dans la région MENA

Une initiative conjointe américano-arabe s'attaquera aux défis alimentaires dans la région (Photo, AFP).
Une initiative conjointe américano-arabe s'attaquera aux défis alimentaires dans la région (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 avril 2022

Une initiative américano-arabe s'attaque à la sécurité alimentaire dans la région MENA

  • La sécurité alimentaire est une priorité absolue pour les dirigeants de la région MENA où 50 millions de personnes sont sous-alimentées
  • Washington et Abu Dhabi resserrent les rangs pour stimuler les investissements et adopter des mesures de lutte contre le changement climatique

DUBAÏ: Des millions de personnes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord souffraient des graves effets de la faim et de la malnutrition bien avant que la pandémie de Covid-19 ne perturbe les chaînes d'approvisionnement et ne mette plus de pressions sur les dépenses publiques. Aujourd'hui, la guerre en Ukraine menace d'aggraver le problème et les prix alimentaires mondiaux devraient continuer à augmenter.
Cette situation s’inscrit dans le contexte d'une urgence climatique qui ne cesse de se dégrader. La hausse des températures dans le monde aggrave des problèmes tels que les pénuries d'eau, la dégradation des sols, les incendies de forêt et les déplacements ruraux. L’agriculture et la sécurité alimentaire des personnes les plus vulnérables du monde sont ainsi mises à rude épreuve.
Dans une action pour anticiper l’escalade de cette crise alimentaire, et compte tenu du fait qu'elle est essentiellement liée à l'urgence climatique, une nouvelle initiative ambitieuse menée par les Émirats arabes unis et les États-Unis vise à doubler les investissements dans l'agriculture intelligente sur le plan climatique sur une période de cinq ans. Les 4 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro) annoncés par le président américain, Joe Biden, lors du sommet sur le climat COP26 à Glasgow, en Écosse, en novembre, passeront à 8 milliards de dollars lors de la COP27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, cette année.
L'initiative appelée «Agriculture Innovation Mission for Climate» (la Mission d'innovation agricole pour le climat), ou AIM pour le climat qui rassemble plus de 140 partenaires mondiaux des secteurs public, privé et à but non lucratif en vue de doubler les investissements dans la prise de décisions et l'élaboration de politiques fondées sur la science et les données concernant deux des problèmes les plus urgents auxquels la région MENA est confrontée: la sécurité alimentaire et le changement climatique.
S'exprimant après la réunion ministérielle inaugurale de AIM pour le climat à l'Expo 2020 de Dubaï à la fin février, Mariam Almheiri, ministre des Émirats arabes unis chargée du changement climatique et de l'environnement, a déclaré que bien que les systèmes alimentaires soient responsables d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre, ils peuvent également aider à résoudre le problème.
«Les systèmes alimentaires peuvent être un défi, mais aussi une solution afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Plus de deux milliards de personnes sont directement liées au secteur du système alimentaire. Nous devons donc rendre ces systèmes plus efficaces, les décarboniser et assurer les moyens de subsistance des personnes qui dépendent de ce secteur», a-t-elle expliqué.

Emirates Bio Farm veille à ce que les gens aient toujours accès à des produits sains pendant la crise du coronavirus (Photo, AFP).


Constatant la dépendance des Émirats arabes unis à l'égard des importations de denrées alimentaires – environ 90% des besoins alimentaires du pays sont satisfaits par d'autres pays – Almheiri a souligné que des partenariats tels que AIM pour le climat sont essentiels pour aider les pays arides tels que ceux de la région MENA à tirer profit des expériences des autres. En outre, l'adaptation des systèmes alimentaires jouera un rôle central dans l’effort mondial en faveur du développement durable.
Almheiri a de plus affirmé que «la transformation en systèmes alimentaires durables est une tâche urgente et nous n'avons pas beaucoup de temps. Les Émirats arabes unis visent à devenir l'un des principaux exportateurs de solutions agricoles durables pour les climats chauds et arides».
Une partie de cette transformation impliquera l'adoption de technologies émergentes, qui ont déjà permis aux EAU de produire des aliments qui seraient impossibles dans des conditions climatiques normales, comme le saumon, le quinoa et les baies, qui peuvent désormais tous être cultivés de manière durable dans les EAU.

«Nous souhaitons partager notre expérience avec nos partenaires et travailler avec d'autres pays pour relever les défis majeurs de nos systèmes alimentaires», a déclaré Almheiri aux invités de la réunion de l’Expo 2020 de Dubaï. «Nous nous considérons comme un laboratoire ouvert pour innover, découvrir et proposer des solutions.»
Bien qu'il soit passionnant d'entendre parler de tels engagements et d'apprendre à mettre en pratique de nouvelles technologies, la sécurité alimentaire et les pressions climatiques ne peuvent être traitées sans objectifs mondiaux concrets, a signalé Almheiri.
«Pour passer à l’étape suivante, nous avons mis en place des objectifs tangibles que nous voulons atteindre d'ici la COP27, qui se déplacera aux Émirats arabes unis puisque nous accueillerons la COP28 en 2023. Nous devons nous pencher sur les résultats attendus», a-t-elle ajouté.
Le secrétaire américain à l'Agriculture, Thomas J. Vilsack, a également pris la parole lors de l'événement de l’Expo 2020 de Dubaï et a salué les efforts déployés par les Émirats arabes unis dans le but de mobiliser les pays pour une cause commune.
«À Dubaï, il existe un esprit d'innovation que nous devrions tous imiter dans le monde entier: la conviction d’un avenir meilleur et plus radieux», a souligné Vilsack.
Il a expliqué que l’obtention d’un financement est désormais essentielle à la réussite du projet. Vilsack a appelé les gouvernements, le secteur privé et les organisations à but non lucratif à mettre leurs ressources en commun afin de soutenir les petites exploitations agricoles dans les pays en développement, s'engager à réduire les émissions de méthane et promouvoir les industries émergentes telles que les nanotechnologies, l'intelligence artificielle, la robotique, les capteurs et les drones.

En Chiffres

Selon la FAO, 69 millions de personnes au Proche-Orient et en Afrique du Nord n’ont pas d’accès à une alimentation adéquate en 2020.

 

Vilsack a aussi signalé que «les partenaires gouvernementaux d’AIM pour le climat ont démontré aujourd'hui leur ferme engagement à travailler ensemble pour combler le déficit d'investissement dans l'agriculture intelligente face au climat et dans l'innovation des systèmes alimentaires, qui demeure nécessaire afin de relever le double défi de la faim dans le monde et de la crise climatique.»
 «Nous sommes fiers du grand nombre de partenaires d’AIM pour le climat qui travaillent pour fournir des solutions efficaces à tous les peuples. AIM pour le climat cherche à élargir encore plus son réseau avec de nouveaux alliés du monde entier.»
Les inquiétudes concernant la sécurité alimentaire se sont intensifiées depuis que la Russie a lancé son invasion de l'Ukraine le 24 février. Ces deux pays sont d'importants fournisseurs de blé et d'huiles végétales sur les marchés mondiaux et plusieurs pays de la région MENA dépendent d'eux pour leurs produits alimentaires de base, notamment le pain.
Les sanctions financières imposées à la Russie et les perturbations du transport maritime ont fait grimper les prix et renforcent les craintes de pénuries imminentes. Au Yémen et en Afghanistan, où la faim est déjà une réalité pour beaucoup, les perspectives d’avenir sont terrifiantes.

Les inquiétudes concernant la sécurité alimentaire se sont intensifiées depuis que la Russie a lancé son invasion de l'Ukraine le 24 février (Photo, AFP).


Le rapport 2021 sur la sécurité alimentaire et la nutrition au Proche-Orient et en Afrique du Nord, publié par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture en décembre, a révélé que 69 millions de personnes dans la région n'avaient pas accès à un approvisionnement alimentaire adéquat en 2020, et 50,2 millions personnes – soit 11% de la population – étaient sous-alimentées.
«C’est un chiffre terrible pour notre région» déplore auprès d'Arab News Ahmad Mokhtar, économiste principal au Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord basé au Caire.
«Il y a des facteurs que nous connaissons, comme le changement climatique, les inégalités et les conflits de longue durée dans notre région, mais un aspect qui doit être souligné est que notre région est particulièrement dépendante des importations de nourriture.»
Environ deux tiers des aliments de la région MENA sont importés, ce qui la rend extrêmement vulnérable aux chocs de la chaîne d'approvisionnement, comme l'a douloureusement montré la pandémie de Covid-19. Selon un rapport de la FAO publié en novembre, les progrès accomplis vers l'objectif de développement durable de l'ONU, consistant à atteindre «la fin de la faim» d'ici 2030, ont été gravement touchés par la crise sanitaire, et bon nombre des résultats obtenus au cours de la dernière décennie ont été remis en question.
Au moins 132 millions de personnes dans la région MENA ont été plongées dans une faim chronique pendant la pandémie, avec jusqu'à 14% de la production alimentaire perdue le long de la chaîne d'approvisionnement avant même qu'elle n'atteigne les consommateurs.
Les domaines dans lesquels les progrès ont été bloqués, voire inversés, comprennent notamment les systèmes agricoles et la production alimentaire à petite échelle, qui ont subi le plus lourd impact économique de la crise de la Covid-19.
La région est également mal équipée pour gérer les réserves alimentaires stratégiques. Selon Mokhtar, des plans structurés sont nécessaires pour la gestion et la distribution de la nourriture et pour la prévention du gaspillage. Cela dépendra en grande partie du déploiement de nouvelles technologies et d’innovations.
«C'est un domaine sur lequel il faut se concentrer», a ajouté Mokhtar. «Il existe plusieurs problèmes structurels, tels que les inégalités, les conflits et le changement climatique, qui sont tous des facteurs externes dépassant le domaine de la politique agroalimentaire. Nous devons donc nous pencher sur ce qui est entre nos mains».


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan du Sud: deux proches alliés du vice-président arrêtés, l'accord de paix menacé

Mercredi, le ministre du Pétrole Puot Kang Chol, proche de M. Machar, a été interpellé selon son porte-parole. (AFP)
Mercredi, le ministre du Pétrole Puot Kang Chol, proche de M. Machar, a été interpellé selon son porte-parole. (AFP)
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  • Depuis son indépendance en 2011, l'Etat le plus jeune de la planète, riche en pétrole mais extrêmement pauvre, est en proie aux violences
  • Abraham Kuol Nyuon, professeur à l'université de Juba, s'est inquiété lui aussi de "l'effondrement" de l'accord de paix auprès de l'AFP, comparant l'environnement politique actuel à une "pollution"

JUBA: Deux proches alliés du premier vice-président du Soudan du Sud Riek Machar ont été arrêtés mardi et mercredi par l'armée, loyale à son rival historique le président Salva Kiir, dans un contexte de tensions croissantes entre ces deux camps qui menacent le fragile accord de paix du pays.

Ce plan de partage de pouvoir, signé en 2018 mais dont de nombreuses modalités n'ont pas été mises en œuvre, a mis fin à une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018.

La guerre a opposé les partisans de M. Kiir à ceux de M. Machar, respectivement dinka et nuer - les deux plus importants groupes de la mosaïque ethnique sud-soudanaise.

Ces dernières semaines, un regain de tensions a été observé notamment dans l'Etat du Haut-Nil (nord-est), où l'armée dit avoir été attaquée par une milice liée au vice-président, ancien chef rebelle, faisant craindre la montée d'une "violence généralisée".

Mercredi, le ministre du Pétrole Puot Kang Chol, proche de M. Machar, a été interpellé selon son porte-parole.

"À 2 heures du matin, l'honorable Puot Kang Chol, plusieurs membres de sa famille et ses gardes du corps ont été arrêtés dans sa résidence à Juba", a écrit Sirir Gabriel Yiei Ruot sur Facebook, dénonçant une opération "sans explication ou base légale".

Cette arrestation a été confirmée dans un communiqué diffusé mercredi soir par le parti du vice-président, le SPLM-IO.

Mardi, le général Gabriel Duop Lam, un autre allié de M. Machar et jusqu'ici n°2 de l'armée régulière (SSPDF), avait déjà été arrêté.

"Cet acte met tout l'accord (de paix) en danger", a affirmé dans un communiqué Pal Mai Deng, porte-parole du SPLM-IO.

Le général Lam est aussi un haut responsable du SPLA-IO, la branche armée du SPLM-IO.

"Violence à grande échelle" 

Ces deux arrestations font suite à plusieurs mouvements récents au sein de l'exécutif, qui visaient pour M. Kiir à consolider son pouvoir et à mettre sur la touche M. Machar, selon des analystes.

En février, M. Kiir a révoqué deux des cinq vice-présidents du gouvernement d'unité, ainsi que le gouverneur de l'Etat d'Equatoria-Occidentale, un membre du SPLM-IO.

La résidence de M. Machar lui-même a été cernée par les SSPDF mardi, selon le parti de l'ancien chef rebelle. Les forces de l'ordre n'y étaient plus visibles dans la soirée mercredi, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le communiqué du SPLM-IO appelle "tous les garants de l'accord et les partenaires à intervenir afin d'éviter un retour de la violence à grande échelle", évoquant en particulier les affrontements dans le Haut-Nil.

Mi-février, des combats y ont éclaté entre l'armée et des "jeunes armés" dans le comté Nasir, tuant des civils et blessant un casque bleu, selon la Mission des Nations unies dans le pays (Minuss).

A propos de ces affrontements, Human Rights Watch (HRW) a souligné que l'armée était engagée dans un conflit permanent avec le SPLA-IO dans cette région.

Mercredi, le ministre de l'Information Michael Makuei Lueth a accusé devant la presse le SPLM-IO de collaborer avec l'"Armée blanche", un groupe armé aux contours flous réunissant des jeunes d'ethnie nuer.

Le ministre a également déclaré qu'une garnison de l'armée y a été prise et que les combats se poursuivaient.

Attiser la violence 

Fin février, plusieurs organisations multilatérales et non-gouvernementales avaient averti d'une montée de tensions dans le nord, s'inquiétant d'un risque de "violence généralisée".

Le bloc régional Igad a exprimé sa "profonde inquiétude" mercredi. Les combats "menacent de saper les gains obtenus de haute-lutte (dans le cadre de l'accord de paix) et exacerbent la situation humanitaire déjà extrême dans la région", déplore-t-il dans un communiqué.

Mercredi soir, plusieurs ambassades dont les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni ont appelé dans un communiqué à "la cessation immédiate des hostilités" et à "la retenue maximale".

"Les leaders basés à Juba doivent montrer leur engagement dans un dialogue pacifique et placer l'intérêt du peuple sud-soudanais en premier", écrivent-elles.

Depuis son indépendance en 2011, l'Etat le plus jeune de la planète, riche en pétrole mais extrêmement pauvre, est en proie aux violences.

L'accord de paix de 2018 prévoit notamment la rédaction d'une constitution, la tenue d'élections - plusieurs fois reportées - ainsi qu'une unification de l'armée, censée réunir les forces qui se sont combattues durant la guerre civile.

Abraham Kuol Nyuon, professeur à l'université de Juba, s'est inquiété lui aussi de "l'effondrement" de l'accord de paix auprès de l'AFP, comparant l'environnement politique actuel à une "pollution".

"Et à ce moment précis, si elle n'est pas maîtrisée (...) cela pourrait déboucher sur quelque chose de désastreux", développe-t-il.

Un rapport des Nations unies déplorait fin février le fait que les dirigeants du Soudan du Sud attisent la violence et l'instabilité dans la jeune nation.


Le Hamas condamne les menaces de «mort» de Trump au «peuple de Gaza»

L'ultimatum de M. Trump a été lancé après la confirmation par son administration de contacts directs sans précédent avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, classé par les Etats-Unis comme organisation terroriste. (AFP)
L'ultimatum de M. Trump a été lancé après la confirmation par son administration de contacts directs sans précédent avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, classé par les Etats-Unis comme organisation terroriste. (AFP)
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  • "Au peuple de Gaza: un bel avenir vous attend, mais pas si vous gardez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS! Prenez une BONNE décision"
  • La trêve à Gaza vacille en raison de désaccords entre le Hamas et Israël sur les modalités de la poursuite de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza

GAZA: Le Hamas palestinien a affirmé jeudi que l'ultimatum de Donald Trump encourageait Israël à se soustraire à l'accord de trêve déjà chancelant, après que le président américain a menacé de "mort" le "peuple de Gaza" si les otages n'étaient pas libérés.

L'ultimatum de M. Trump a été lancé après la confirmation par son administration de contacts directs sans précédent avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, classé par les Etats-Unis comme organisation terroriste.

"Ces menaces compliquent les choses concernant l'accord de cessez-le-feu et encouragent l'occupant (Israël) à ne pas en appliquer les termes", a réagi le Hamas, appelant au contraire Washington, en sa qualité de garant de l'accord, à "faire pression" sur Israël pour qu'il respecte ses obligations.

"Au peuple de Gaza: un bel avenir vous attend, mais pas si vous gardez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS! Prenez une BONNE décision", a écrit mercredi le président américain sur son réseau Truth Social, dans un message particulièrement virulent.

La trêve à Gaza vacille en raison de désaccords entre le Hamas et Israël sur les modalités de la poursuite de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza.

Celle-ci a été déclenchée par une attaque d'une ampleur et d'une violence sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont encore retenues à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. Parmi les 58 captifs, cinq ont aussi la nationalité américaine -quatre confirmés morts et un serait vivant selon un décompte de l'AFP.

"Libérez tous les otages maintenant, pas plus tard, et remettez immédiatement toutes les dépouilles des personnes que vous avez tuées, ou c'est FINI pour vous", a averti M. Trump après avoir rencontré huit otages libérés.

Contacts directs 

"Ceci est votre dernier avertissement! Pour la direction (du Hamas), c'est maintenant qu'il faut quitter Gaza, tant que vous pouvez encore le faire". "Aucun membre du Hamas ne sera en sécurité si vous ne faites pas ce que je dis."

Quelques heures auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé des contacts directs avec le Hamas, en indiquant que l'envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, était "engagé dans ces négociations, (et) a l'autorité de parler à n'importe qui".

Ces contacts rompent avec une politique qui veut que les Etats-Unis n'aient pas de pourparlers directs avec des groupes qu'ils considèrent comme terroristes.

Se refusant à livrer des détails, Mme Leavitt a argué que "des vies américaines étaient en jeu" tout en soulignant qu'Israël avait été "consulté", ce qu'a ensuite confirmé le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Un responsable du Hamas, parlant sous couvert de l'anonymat, a fait état de "deux rencontres directes entre le Hamas et des responsables américains ces derniers jours à Doha".

"Finir le travail" 

Dans son message menaçant, M. Trump a dit envoyer "à Israël tout ce dont il a besoin pour finir le travail" à Gaza, au moment où son administration accélère l'envoi de milliards de dollars d'armes à son allié.

Mercredi, le nouveau chef d'état-major israélien, Eyal Zamir, a affirmé que la mission de vaincre le Hamas à Gaza n'était "pas encore terminée". "Le Hamas a subi un coup dur mais il n'est pas encore vaincu."

En riposte à l'attaque du 7-Octobre, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 48.440 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.

L'attaque a entraîné côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

L'accord de trêve conclu via les médiateurs - Qatar, Egypte, Etats-Unis - a fait taire les armes le 19 janvier. Mais le maintien du cessez-le-feu semble incertain, Israël et le Hamas s'opposant sur la façon de le prolonger après l'expiration de sa première phase en fin de semaine dernière.

Pendant cette phase, le Hamas a remis 33 otages et Israël a libéré quelque 1.800 détenus Palestiniens. Israël, qui assiège les quelque 2,4 millions d'habitants à Gaza depuis 17 mois, a aussi autorisé l'entrée d'une aide humanitaire accrue à Gaza, avant de la bloquer dimanche.

Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril. Il réclame la "démilitarisation totale" du territoire, le départ du Hamas de Gaza et le retour des otages avant de passer à la deuxième phase.

Refus catégorique du Hamas, qui réclame l'application de la deuxième étape censée aboutir à un cessez-le-feu permanent, et insiste pour rester à Gaza où il avait pris le pouvoir en 2007. Une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction de Gaza.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU met en garde contre la création d'un gouvernement rival

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  • Les FSR ont signé fin février à Nairobi une charte avec des groupes alliés pour créer un "gouvernement de paix et d'unité" dans les zones qu'elles contrôlent
  • "Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude concernant la signature d'une charte visant à établir une autorité gouvernementale parallèle au Soudan", ont déclaré les membres du conseil dans un communiqué publié tard mercredi

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a fait état de sa "profonde inquiétude" après la signature en février par les paramilitaires au Soudan d'une charte en vue de former un gouvernement parallèle dans ce pays ravagé par la guerre.

Le conflit qui oppose depuis avril 2023 l'armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de douze millions de personnes et engendré un désastre humanitaire.

Les FSR ont signé fin février à Nairobi une charte avec des groupes alliés pour créer un "gouvernement de paix et d'unité" dans les zones qu'elles contrôlent.

"Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude concernant la signature d'une charte visant à établir une autorité gouvernementale parallèle au Soudan", ont déclaré les membres du conseil dans un communiqué publié tard mercredi.

Ils ont averti qu'une telle initiative "risquerait d'exacerber le conflit en cours au Soudan, de fragmenter le pays et d'aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique".

Ils ont également exhorté les belligérants à cesser immédiatement les hostilités et à s'engager dans un "dialogue politique et des efforts diplomatiques en vue d'un cessez-le-feu durable".

La guerre a morcelé le pays, l'armée contrôlant l'est et le nord du Soudan, et les FSR dominant la quasi-totalité de la région occidentale du Darfour et des pans du sud du pays.

Ces dernières semaines, l'armée a mené une offensive dans le centre du pays, reprenant des villes-clefs et une grande partie de la capitale Khartoum.