NOUMÉA : Le président de l’Union calédonienne (FLNKS) a affirmé que les "acquis et les avancées politiques" du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa étaient "irréversibles", notamment "le gel du corps électoral", lors de l’ouverture vendredi du congrès annuel du parti.
Dans un discours très offensif à la tribu de Boyen, dans le nord de l’archipel, où se tient jusqu'à dimanche le congrès de l’UC, Daniel Goa a esquissé la position de son parti dans la perspective de la reprise des discussions avec l’Etat sur l’avenir politique de la Nouvelle-Calédonie, une fois passées les élections présidentielle et législatives.
"L’Union calédonienne n’a rien à négocier si ce n’est qu’écouter et discuter du processus d’émancipation qui nous conduira irréversiblement vers notre souveraineté. Le temps est venu de passer aux actes et de s’émanciper, c’est ce que nous avons signé", a déclaré le leader kanak aux militants.
Il a également rappelé "l’irréversibilité des acquis et des avancées obtenus dans l’accord de Nouméa" (1998), qui figure au titre XIII de la Constitution.
Dans le cadre de cet accord, un troisième et dernier référendum sur l’indépendance a eu lieu le 12 décembre dernier, et a vu la victoire écrasante des partisans du maintien dans la France (96,5%).
Mais les indépendantistes, qui en réclamaient le report à cause de la crise sanitaire, n’ont pas participé au scrutin et dénoncent son résultat.
"Le référendum s’est tenu du fait de la volonté unilatérale de l’Etat. Cet acte s’avère une faute politique majeure de la France", a également déclaré M. Goa, accusant la France "d’avoir tronqué le processus" de l’accord de Nouméa.
Sur le sujet ultra-sensible du droit de vote, Daniel Goa a estimé que "le corps électoral gelé" était le fondement du "destin commun" et a exclu toute remise en cause, ce que réclament avec force ses adversaires loyalistes.
Cette terminologie électorale illustre notamment le fait que toute personne arrivée en Nouvelle-Calédonie après novembre 1998 ne peut pas participer aux élections provinciales et ne peut pas accéder à la citoyenneté calédonienne, qui octroie une priorité à l’emploi local. Environ 40.000 électeurs sont dans ce cas.
"Pourquoi la France remettrait-t-elle en cause cet acquis fondamental pour une poignée de Français en mal de vivre qui ont quitté leur pays (…)? C’est la vraie question. L’Etat souhaiterait-t-il contre notre volonté, nous re-coloniser ?", a martelé le président de l’UC, l’un des deux partis prépondérants du FLNKS.
Dimanche, le congrès procèdera au renouvellement du bureau du parti, avec, selon des sources internes, la reconduction de Daniel Goa au poste de président.