ATHENES: C'est un fait divers qui a secoué la Grèce. Une mère de trois enfants et dont les deux premiers sont morts successivement et sans qu'aucune cause ne soit immédiatement décelée, a été arrêtée jeudi à Patra, pour le meurtre de son troisième enfant, une fillette âgée de 9 ans. La femme avait fait une apparition télévisée sur la la chaîne locale Star durant laquelle elle avait nié en bloc toute accusation relative à la mort de ses deux autres fillettes respectivement âgées de quelques mois et de 3 ans. Elle soutenait alors qu'un gène rare était à l'origine du décès prématuré de ses enfants.
every child deserves a parent,
— Olgalaland (@GrammOlga) March 30, 2022
but not every parent deserves a child
?
NEMESIS#Πατρα pic.twitter.com/2VlKbYsfk0
"Chaque enfant mérite un parent, mais ce n'est pas chaque parent qui mérite d'avoir un enfant", écrit cet internaute sur Twitter.
Son aînée a perdu la vie fin janvier dernier, alors qu'elle avait été admise dans un hôpital d'Athènes, l'Aglaia Kyriakou Children’s Hospital. Ce sont les examens toxicologiques qui ont démontré que l'origine du décès n'était pas naturelle et qui ont guidé la police vers une origine criminelle.
Une autopsie et des examens toxicologiques ont en effet permis de détecter sur la dépouille de la fillette la présence de kétamine, un anesthésiant vétérinaire également utilisé chez l'homme dans certains pays, déclenchant des poursuites pénales à l'encontre de la mère, selon une source judiciaire.
Le tollé suscité par cette affaire est renforcé par le fait que la police avait refusé de percevoir une quelconque piste criminelle dans l'affaire. "Lorsque les médecins de Patra ont affirmé que quelque chose ne tournait pas rond en ce qui concerne la mère des filles, les autorités leur ont répondu qu'ils regardent trop souvent la série "CSI"", écrit cet internaute sur Twitter.
When #πατρα doctors said that something's wrong with the girls' mom the authorities told them that they watch too much CSI Mom murdered her 3 daughters because no one wanted 2 search about this possibility Simply because which mother kills her children... pic.twitter.com/g4ipeyE0UG
— Sofia Tzani (@sofia_tzani) April 1, 2022
En garde à vue à Athènes, l'infirmière, qui vivait séparée de son mari depuis un an, a une nouvelle fois rejeté hier toutes les accusations auprès des enquêteurs.
Selon un rapport d'enquête remis au procureur et cité par le quotidien Kathimerini, "la seule personne se trouvant dans la chambre (de la fillette) pendant les dernières 20 minutes de sa vie, avant que les effets de la drogue fassent effet, était sa mère".
Les deux autres fillettes de la famille sont "également mortes dans des circonstances mystérieuses", écrit le journal grec à large tirage Kathimerini, alors que d'autres médias grecs évoquent la mort "suspecte" et "soudaine" des deux enfants.
La première, âgée de 3 ans et demi, est décédée à l'été 2019 et la petite dernière est morte en mars 2021 à l'âge de 6 mois, selon une source judiciaire.
Les circonstances de leur décès n'ont pas été divulguées à ce stade, mais le bureau du procureur de Patras a ordonné une enquête sur leur mort, selon la même source.
Charge émotionnelle
Sur les réseaux sociaux, l'effroi suscité par cette affaire était palpable jeudi, le #Patra caracolant en tête des mots-clés sur Twitter.
"Je ne veux même pas imaginer combien de fois les enfants ont vu ce regard" écrit ainsi cette internaute, tandis que d'autres n'ont pas hésité à la comparer à Médée.
#Πατρας #πατρα #fosstotounel ???? https://t.co/CA2OosULgo
— Η περικοκλάδα (@Thekla1992) April 1, 2022
Médée, une figure de la mythologie grecque, est connue pour avoir empoisonné ses fils. Ce mythe a d'ailleurs donné naissance au complexe dit "de Médée" puisque celle-ci aurait donné la mort à ses enfants pour se venger de son mari Jason, qui selon la mythologie l'aurait répudiée en faveur d'une autre femme. "Justice est faite mes anges! Vous pouvez reposer en paix à présent", écrit cet internaute.
Καλό παράδεισο στα τρία αγγελούδια μας!!Τζωρτζίνα-Μαλένα-Ίριδα.Οι ψυχούλες σας επιτέλους δικαιώθηκαν!!Τώρα μπορείτε να ηρεμήσετε..??#Πατρα #Ρουλαπισπιριγκου #ρουλα #Τζωρτζίνα #μαλενα #Ιριδα #μανοςδασκαλακης #μηδεια pic.twitter.com/FRL0q379wn
— hummingbird (@humming_birdKC) March 31, 2022
Certains sont même allés jusqu'à la comparer à Lucifer. "Même Lucifer a pleuré, elle n'a pas pleuré".
Lucifer crying
— Penthesilea (@PanthesileaX) March 31, 2022
Alexandre Cabanel, 1868
Even Lucifer cried, she didn't#Πατρα pic.twitter.com/hivhBYjq9f
Le gouvernement grec a appelé au "calme" jeudi après des manifestations de colère contre une mère de famille soupçonnée d'avoir tué sa fille de 9 ans en l'empoisonnant et la mort jugée "suspecte" de ses deux autres fillettes.
"Tueuse, avoue (ton crime)", ont scandé des manifestants jeudi devant le palais de justice d'Athènes, où la suspecte, une infirmière de 33 ans, a comparu devant un juge d'instruction, a constaté une correspondante de l'AFP.
"Laissez-la nous qu'on s'en occupe", a lancé un autre protestataire.
C'est encadrée par plusieurs policiers casqués et elle-même protégée d'un gilet pare-balles et la tête dissimulée sous une capuche que la jeune femme menottée a pu sortir du tribunal, sous les huées et les insultes de la foule.
La jeune femme qui nie en bloc est poursuivie pour l'"homicide volontaire" de sa fille aînée, hospitalisée plusieurs fois avant de succomber fin janvier à l'âge de 9 ans, a-t-on appris de source judiciaire.
A Patras, dans le Péloponnèse (ouest) où se trouve le domicile de la suspecte, plusieurs dizaines d'habitants en colère se sont rassemblés lors de son arrestation mercredi soir, forçant la police à intervenir. "Mort aux tueurs d'enfants", a été inscrit sur la façade de son domicile.
Le porte-parole du gouvernement Yannis Economou a appelé au "calme" jeudi et à faire "confiance aux autorités pour que les faits soient clarifiés par les instances compétentes".
"La charge émotionnelle et morale de cette affaire dépasse les limites personnelles de la plupart d'entre nous", a-t-il ajouté lors de son point presse de jeudi, tout en exprimant "sa douleur" après ce drame.