Ukraine: l'armée russe se regroupe, l'Europe sommée de payer le gaz en roubles

Un incendie dans un bâtiment détruit après un bombardement de l'armée russe dans la ville d'Irpin, près de Kiev, le 30 mars 2022 (Photo, Reuters).
Un incendie dans un bâtiment détruit après un bombardement de l'armée russe dans la ville d'Irpin, près de Kiev, le 30 mars 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 03 mai 2022

Ukraine: l'armée russe se regroupe, l'Europe sommée de payer le gaz en roubles

  • Les forces russes ne se retirent pas mais se repositionnent en Ukraine, a déclaré jeudi le secrétaire général de l'Otan
  • En Russie, la popularité de Vladimir Poutine a fait un bond par rapport à février avec 83% de personnes interrogées approuvant son action

KIEV: L'armée russe est en train de se regrouper en vue de nouvelles attaques en Ukraine, ont estimé Kiev et l'Otan jeudi, alors que Moscou menace de couper l'approvisionnement en gaz aux pays "inamicaux" qui refuseraient de payer en roubles.

Les forces russes "ne se retirent pas mais se repositionnent" en Ukraine, a déclaré jeudi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, jugeant que Moscou entendait renforcer son offensive sur la région du Donbass, dans l'est, tout en maintenant "la pression sur Kiev et d'autres villes".

"Nous nous attendons à des actions offensives supplémentaires qui se traduiront par encore davantage de souffrances", a-t-il conclu.

Ce recentrage laisse présager un conflit "prolongé", qui pourrait durer des mois, selon un haut responsable du Pentagone.

"Si de fait ils donnent la priorité à la région du Donbass, (...) une région où ils n'ont pas combattu depuis huit ans, une région où il y a beaucoup de soldats ukrainiens (...)  cela pourrait durer un moment", a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Ces propos font écho à ceux du général ukrainien Pavlo "Maestro" à Kharkiv. L'ennemi "se regroupe pour attaquer et mettre le maximum de forces" dans le sud et l'est de l'Ukraine, a-t-il déclaré jeudi à l'AFP.

Le président américain Joe Biden s'est aussi dit "sceptique" face aux annonces de Moscou d'un retrait partiel de ses troupes.

Biden pense que Poutine a mis certains conseillers «en résidence surveillée»

Le porte-parole du département d'Etat Ned Price a évoqué des "informations" publiques - et non des informations issues du renseignement -  selon lesquelles "plusieurs responsables russes ont été placardisés, éloignés, mis à l'écart ou (...) mis en résidence surveillée."

"Nous avons des raisons de penser que le président Poutine se sent induit en erreur. Si l'on regarde les dernières cinq ou six semaines, il a clairement fait plusieurs erreurs de calcul", a-t-il poursuivi.

Le président russe Vladimir Poutine a lui annoncé interdire l'entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux sanctions tous azimuts visant Moscou.

Et il a menacé les acheteurs de gaz russe de pays "inamicaux" de stopper leur approvisionnement s'ils ne se pliaient pas aux exigences du Kremlin, une mesure destinée à soutenir le rouble qui affecterait principalement l'Union européenne, très dépendante.

"Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes ils devront payer le gaz livré et cela dès demain", a-t-il déclaré.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussitôt répondu que les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est "écrit dans les contrats". 

Dans ce contexte, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, en déplacement à Berlin, a indiqué que la France et l'Allemagne se "préparaient" à un potentiel arrêt des importations de gaz russe.

De son côté, Roberta Metsola, la présidente maltaise du Parlement européen, a indiqué jeudi soir sur Twitter être "en route pour Kiev", sans donner de détails. Elle serait la première dirigeante d'une institution européenne à s'y rendre depuis le début de la guerre, même si trois Premiers ministres d'Europe de l'est y étaient allés le 15 mars.

Ukraine: le Pentagone table désormais sur un conflit prolongé

"Si de fait ils donnent la priorité à la région du Donbass, (...) une région où ils n'ont pas combattu depuis huit ans, une région où il y a beaucoup de soldats ukrainiens, qui sont très actifs, cela pourrait durer un moment", a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone, John Kirby. 

"Cela pourrait ne pas être une question de jours ou de semaines, cela pourrait être bien plus long que ça, mais c'est encore difficile à savoir", a-t-il ajouté.

Crise humanitaire massive

Après cinq semaines de guerre, 4 millions de réfugiés ont fui l'Ukraine, auxquels s'ajoutent presque 6,5 millions de déplacés à l'intérieur du pays, selon l'ONU. Quelque 90% de ceux qui ont fui l'Ukraine sont des femmes et des enfants.

L'Europe n'a pas connu de tels flots de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale. "Nous sommes confrontés aux réalités d'une crise humanitaire massive qui ne fait que croître chaque seconde", s'alarme le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies.

Le gouvernement ukrainien s'efforce toujours d'organiser des évacuations depuis Marioupol, port stratégique du sud-est de l'Ukraine, sur la mer d'Azov, assiégé et pilonné sans relâche depuis la fin février par les forces russes et où 160.000 civils seraient toujours bloqués.

Une opération pourrait être lancée à la faveur d'un cessez-le-feu local annoncé tard mercredi par Moscou afin d'ouvrir un couloir humanitaire mais on ignorait jeudi soir si ce cessez-le-feu, censé avoir commencé jeudi à 07H00 GMT, était effectif. A Genève, le CICR s'est dit prêt à diriger l'évacuation vendredi à condition que les garanties soient réunies.

Le gouvernement ukrainien avait de son côté annoncé dans un premier temps dépêcher 45 bus pour évacuer des civils depuis Marioupol en direction de Zaporojie, à 220 km au nord-ouest.

Mais jeudi soir la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a indiqué à l'AFP que "les Russes n'ont jamais, pas une seule fois, donné leur accord à un couloir depuis Marioupol" permettant l'évacuation de civils.

Des bus sont toutefois "arrivés à Berdiansk (à environ 80 km de Marioupol, ndlr). Les occupants ne les ont pas laissés entrer en ville, a-t-elle détaillé sur Telegram.

Des personnes ayant réussi à quitter Marioupol et des ONG y ont décrit des conditions catastrophiques, avec des civils terrés dans des caves, privés d'eau, de nourriture et de toute communication, et des cadavres jonchant les rues. La municipalité accuse en outre Moscou d'avoir évacué "contre leur gré" plus de 20.000 habitants de Marioupol vers la Russie.

Au cours des dernières semaines, quelque 75.000 personnes ont pu être évacuées de Marioupol, selon Iryna Verechtchouk.

Retrait russe de Tchernobyl

Selon le ministère britannique de la Défense, "des combats intenses se poursuivent à Marioupol" mais les Ukrainiens "conservent le contrôle du centre-ville".

Dans le nord de l'Ukraine, des tirs sur un convoi humanitaire de cinq bus près de Tcherniguiv ont fait un mort et quatre blessés, selon une responsable ukrainienne qui accuse les troupes russes de "ne pas laisser la moindre possibilité d'évacuer les civils de Tcherniguiv assiégée, en laissant des dizaines de milliers de civils sans nourriture, sans eau, sans chauffage". 

Des responsables à Kiev ont annoncé jeudi soir que les forces russes avaient quitté la centrale nucléaire de Tchernobyl qu'elles occupaient depuis le premier jour de l'invasion de l'Ukraine, le 24 février.

"Elles ont pris avec elles des membres de la Garde nationale qu'elles retenaient en otages depuis le 24 février", a déclaré sur Telegram l'agence d'Etat ukrainienne Energoatom, citant des employés. Leur nombre n'est pas connu.

Après des discussions en Ukraine, le chef de l'AIEA se rend en Russie

"@RafaelGrossi vient d'arriver à Kaliningrad pour des discussions demain (vendredi) avec de hauts responsables russes", a tweeté l'Agence jeudi soir, en publiant une photo de son directeur à la sortie de l'avion.

Il s'était rendu plus tôt cette semaine en Ukraine pour discuter des moyens de garantir la sécurité des installations nucléaires, en plein conflit avec Moscou.

M. Grossi y a visité la centrale de Ioujno-Oukraïnsk, dans le sud, où il a rencontré des responsables gouvernementaux ainsi que le personnel.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a par ailleurs annoncé jeudi matin qu'une nouvelle rencontre entre ses homologues russe Sergueï Lavrov et ukrainien Dmytro Kouleba pourrait avoir lieu "d'ici une ou deux semaines". La Turquie pourrait accueillir cette rencontre.

Le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia, avait lui indiqué mercredi que des pourparlers en ligne avec la délégation russe reprendraient vendredi.

Le président ukrainien s'est adressé jeudi par vidéo aux parlements australien, néerlandais et belge, les exhortant à fournir des armes à son pays et à cesser d'acheter des hydrocarbures ou des diamants russes.

De leur côté, les séparatistes prorusses du Donbass ukrainien affirmaient jeudi contrôler la quasi-totalité de la région de Lougansk et plus de la moitié de celle de Donetsk, ce qui n'a pas pu être vérifié de source indépendante.

Poutine grimpe dans les sondages

En Russie, la popularité de Vladimir Poutine a fait un bond de douze points par rapport à février avec 83% de personnes interrogées approuvant son action, selon une enquête publiée jeudi par l'institut russe indépendant Levada, dont c'est le premier sondage depuis le début de l'offensive en Ukraine.

Les services de renseignements américains et britanniques avaient de leur côté décrit mercredi et jeudi un président russe "mal informé" sur le conflit, en froid avec son état-major et entouré de conseillers craignant de lui dire la vérité.

Enfonçant le clou, Joe Biden a estimé jeudi que Vladimir Poutine "semblait s'isoler", et a dit avoir "des indications selon lesquelles (le président russe) a limogé ou placé en résidence surveillée certains de ses conseillers", tout en disant ne pas avoir de "preuves irréfutables".

Pour le Kremlin, les Etats-Unis ne comprennent rien au fonctionnement du pouvoir en Russie. "Ils ne comprennent pas le président Poutine, ils ne comprennent pas le mécanisme de prise de décision, ils ne comprennent pas notre travail", a commenté le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.

 


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.