Macron et le vin, un débat qui revient avec la présidentielle

Emmanuel Macron lors de la présentation l'an dernier d'un plan contre le cancer, assumait l'objectif de «prévenir les excès» sans «aller vers le zéro alcool» (Photo, AFP).
Emmanuel Macron lors de la présentation l'an dernier d'un plan contre le cancer, assumait l'objectif de «prévenir les excès» sans «aller vers le zéro alcool» (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 31 mars 2022

Macron et le vin, un débat qui revient avec la présidentielle

  • Ce communiqué réagissait à un article du Monde mettant en cause l'action à l'Elysée d'une conseillère de M. Macron, Audrey Bourolleau, issue de la filière viticole
  • Emmanuel Macron lors de la présentation l'an dernier d'un plan contre le cancer, assumait l'objectif de «prévenir les excès» sans «aller vers le zéro alcool»

PARIS: Emmanuel Macron défend-il le vin au détriment de la santé publique ? Le débat est ancien mais ressurgit avant l'élection présidentielle. Pour le monde de la santé, celle-ci marque l'occasion de dresser un bilan sévère du quinquennat sur la lutte contre l'alcool.

"Il n'y a rien eu de fait sur l'alcool pendant cinq ans", estime auprès de l'AFP le médecin Bernard Basset, président de l'association Addictions France.

Avec d'autres organisations, qui rassemblent l'essentiel du monde de l'addictologie en France, cette association a accusé fin mars le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, de "conflits d'intérêts" persistants avec le secteur du vin.

Ce communiqué réagissait à un article du Monde mettant en cause l'action à l'Elysée d'une conseillère de M. Macron, Audrey Bourolleau, issue de la filière viticole.

Citant plusieurs e-mails, le quotidien montre que celle-ci, depuis partie fonder l'école d'agriculture Hectar, a demandé d'amoindrir les termes de certaines campagnes de santé publique contre la consommation d'alcool.

Reste que les inquiétudes du monde de la santé dépassent ce cas isolé. Depuis le début du quinquennat, les addictologues critiquent régulièrement Emmanuel Macron sur deux plans: des actions insuffisantes face à l'alcool et des déclarations jugées complaisantes sur le vin.

Un recul mal vécu

Sur le premier plan, il y a bien eu des campagnes de prévention mais les professionnels de santé les jugent, par contraste avec la lutte anti-tabac, largement insuffisantes par rapport au nombre de morts liés à la consommation d'alcool.

Ainsi, l'Etat a renoncé au dernier moment en 2020 à soutenir l'opération "Dry January" qui encourage à stopper sa consommation d'alcool pendant un mois afin de prendre du recul sur celle-ci.

Ce recul a été très mal vécu par les professionnels de santé qui y ont vu la marque du secteur de l'alcool, plus particulièrement du vin, pour éviter un engagement de l'Etat.

Sollicité à ce sujet par l'AFP, l'Elysée n'a pas répondu. Mais, dans un entretien donné la semaine dernière au Quotidien du Médecin, le ministre de la Santé, Oliver Véran a assuré que "le choix de la santé publique" avait toujours prévalu lors du quinquennat.

Seulement, "pour le Dry January, son impact fait encore débat dans la communauté scientifique", a jugé M. Véran. Un rapport de l'Inserm estime pourtant que l'intérêt de cette opération, venue du monde anglo-saxon, est démontré.

"Les autres n'ont pas fait grand-chose non plus", dans un contexte de "longue tradition de lobbying du monde de l'alcool", juge auprès de l'AFP Karine Gallopel-Morvan, chercheuse en santé publique.

Du vin «midi et soir»

Selon elle, contrairement à ses prédecessseurs M. Macron n'a "aucun problème à défendre l'alcool publiquement".

C'est le second volet des reproches faits au Président sur la question de l'alcool. Depuis son élection --et même auparavant--, M. Macron multiplie les éloges du vin, au point d'affirmer en boire "midi et soir" et de recevoir personnellement début 2022 un prix de la Revue du vin de France (RVF).

Cette proximité est revendiquée par le secteur viticole qui y voit la garantie d'un bon équilibre entre préoccupations de santé publique et reconnaissance de la place du vin dans la culture française.

"Le message qu’on a pu entretenir avec M. le Président, c'est que le vin c'est un moment de partage, et non pas une consommation abusive", explique à l'AFP Samuel Mongermont, président de Vin et société, l'une des principales organisations de défense du secteur.

De fait, Emmanuel Macron lors de la présentation l'an dernier d'un plan contre le cancer, assumait l'objectif de "prévenir les excès" sans "aller vers le zéro alcool". En l'état actuel des connaissances sur l'alcool,la recherche montre clairement qu'un petit buveur subit déjà des risques accrus, par exemple de cancers du sein chez la femme. 

"Emmanuel Macron, par ses déclarations qui valorisent la consommation d'alcool et en particulier le vin, va à l'encontre des données de la science", conclut M. Basset.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
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  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.