ISTANBUL: La Russie a promis mardi de « radicalement » réduire son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv en Ukraine, après des pourparlers russo-ukrainiens « substantiels » à Istanbul.
« Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non nucléaire de l'Ukraine entrant dans une dimension pratique (...), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l'activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv », a déclaré à Istanbul le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, à l'issue des discussions.
Biden attend de voir si la Russie «tient parole» sur une désescalade
Joe Biden a déclaré mardi que les Occidentaux attendaient de voir si la Russie « tenait parole » sur la réduction de son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv, en Ukraine.
« On verra s'ils tiennent parole », a dit le président américain à des journalistes, peu après s'être entretenu avec les dirigeants français, britannique, allemand et italien. « Il semble y avoir un consensus sur le fait qu'il faut voir ce qu'ils ont à offrir. »
Le chef de la délégation russe et représentant du Kremlin, Vladimir Medinski, a fait état de « discussions substantielles » et dit que les propositions « claires » de l'Ukraine en vue d'un accord allaient être «étudiées très prochainement et soumises au président » Vladimir Poutine.
Selon lui, une rencontre des dirigeants ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine, et de représentants d'Etats garants, serait possible en cas d'accord pour mettre fin aux hostilités.
Washington évoque un «repositionnement» des forces russes près de Kiev, «pas un vrai retrait»
Les forces russes autour de Kiev ont entamé un « repositionnement » mais « pas un vrai retrait », a affirmé mardi le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.
« Nous pouvons confirmer que nous avons vu un petit nombre » de troupes « commencer à se repositionner », a-t-il dit devant la presse. Mais « nous devons être prêts à voir une offensive majeure contre d'autres zones d'Ukraine » et « cela ne signifie pas que la menace contre Kiev est terminée », a-t-il prévenu.
« En ce qui concerne une rencontre des deux présidents, nous avons dit depuis le début qu'elle sera possible lorsqu'il y aura un accord (...) La rencontre pourrait être multilatérale, avec la participation d'Etats garants », a-t-il dit.
« Après la discussion substantielle d'aujourd'hui, nous nous sommes entendus et proposons que la rencontre se fasse pour parapher l'accord », a-t-il dit.
« A condition d'(effectuer) un travail rapide sur l'accord, et de trouver les compromis nécessaires, la possibilité de conclure la paix se rapprochera », a dit M. Medinski.
EN BREF Les principales propositions de Kiev
« Accord international »
C'est la principale demande émanant de l'Ukraine : un « accord international » pour garantir sa sécurité, dont seraient signataires plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni - tous les quatre membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU -, ainsi que cinq pays de l'Alliance atlantique (Allemagne, Canada, Italie, Pologne, et Turquie) et Israël.
« Nous voulons un mécanisme international de garanties de sécurité dans lequel les pays garants agiront de façon analogue à l'article 5 de l'Otan (stipulant qu'une attaque contre l'un de ses membres est une attaque contre tous, NDLR) et même de façon plus ferme », a précisé le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia.
Neutralité
En échange, « si les garanties de sécurité fonctionnent », Kiev accepterait la « neutralité et le statut non-nucléaire » de l'Ukraine, deux exigences répétées par la Russie depuis longtemps.
La principale implication en serait l'abandon par l'Ukraine de ses aspirations à rejoindre l'Otan, pourtant inscrites dans sa Constitution.
Pas de bases militaires étrangères
L'Ukraine « ne déploierait sur (son) territoire aucune base militaire étrangère », a ajouté un autre négociateur ukrainien, Olexandre Tchaly.
Des exercices militaires pourraient néanmoins être organisés en Ukraine avec l'accord des pays garants.
Entrée possible dans l'UE
Kiev demande que cet accord international n'interdise en rien l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne et que les pays garants s'engagent à contribuer à ce processus.
La Crimée et le Donbass « exclus » de cet accord
Pour que ces garanties puissent prendre effet dans les plus brefs délais, la Crimée et les territoires du Donbass sous contrôle des séparatistes prorusses seraient « provisoirement exclus » de l'accord.
Kiev propose « 15 ans » de pourparlers russo-ukrainiens séparés pendant lesquels les deux parties s'engageraient à « ne pas utiliser leurs forces armées pour régler la question » spécifique de la Crimée, annexée par la Russie en 2014.