Philippe Aractingi: «Je suis en train de sentir un changement» en Arabie saoudite

Philippe Aractingi. (AFP).
Philippe Aractingi. (AFP).
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Publié le Lundi 28 mars 2022

Philippe Aractingi: «Je suis en train de sentir un changement» en Arabie saoudite

  • En marge des événements du mois de la francophonie, célébré à travers l’Arabie saoudite et le monde entier, Arab News en français a rencontré Philippe Aractingi
  • Arrivé en France, Aractingi a fondé sa propre maison de production, ce qui lui a permis de produire à ce jour plus d’une centaine de films

RIYAD: En marge des événements du mois de la francophonie, célébré à travers l’Arabie saoudite et le monde entier, Arab News en français a rencontré Philippe Aractingi. 

Nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère français de la Culture en 2018, Philippe Aractingi est à la fois un scénariste, un réalisateur, un cinéaste, un producteur et un photographe franco-libanais.

À l’âge de 8 ans, Philippe a découvert sa passion lorsque son père lui a offert son premier appareil photo. Il a photographié la guerre civile au Liban avant de partir pour Paris, en 1989.

Arrivé en France, Aractingi a fondé sa propre maison de production, ce qui lui a permis de produire à ce jour plus d’une centaine de films diffusés sur des chaînes de télévision internationales telles que Discovery Channel, France 2, France 3 ou Arte.

Philippe Aractingi a réalisé plus d’une cinquantaine de films, dont quatre longs métrages primés à travers le monde, notamment à Venise, Rotterdam et Dubaï. 

Il est notamment connu, dans différents pays, grâce à quelque quarante documentaires. 

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(Photo, Facebook: Philippe Aractingi)

Il est l’un des premiers cinéastes libanais à proposer un regard différent sur son pays à travers ses deux premiers longs métrages, Bosta et Sous les bombes, qui ont représenté le Liban aux Oscars en 2006 et 2008. Sous les bombes a reçu vingt-trois récompenses, dont le prix Fipresci.

Aractingi a révélé à Arab News en français qu’il s’était rendu à Riyad pour enseigner le documentaire. «Le ministère de la Culture m’a invité à venir enseigner le documentaire à des jeunes Saoudiennes et Saoudiens. J’ai passé une semaine avec eux», a-t-il expliqué, ajoutant que son expérience avait été magnifique: «C’était à la fois passionnant pour moi et pour eux, j’imagine», nous a-t-il confié.

«J’ai beaucoup appris d’eux. Ils ont énormément vécu et ils ont énormément de choses à dire. Ils connaissent peu les documentaires, car les chaînes proposent des documentaires particuliers, informatifs», a-t-il indiqué.

Aractingi a travaillé à élargir le cadre de leurs connaissances et, en même temps, il a écouté leurs histoires, remarquant qu’il y avait vraiment beaucoup de récits à raconter et à documenter dans ce pays.

«C’était fascinant. Les femmes m’ont vraiment intéressé, parce qu’elles ont plus de choses à dire», a-t-il souligné.

Le cinéaste franco-libanais a noté que le gouvernement saoudien œuvrait maintenant pour que le pays s’ouvre à l’audiovisuel. «Le festival de la Mer rouge, qui a eu lieu récemment, a fait beaucoup de bruit.»

Dans le même temps, il a ajouté qu’il y a «de jeunes Saoudiens auxquels nous sommes en train de donner des moyens pour pouvoir écrire des documentaires et des films».

«Les sujets sont forts et denses», nous a-t-il révélé. Ces derniers vont des problèmes de société, des tabous, à des thèmes comme l’archéologie ou la culture. «Ce sont vraiment des sujets très saoudiens, avec un point de vue saoudien. Il leur faut et il leur manque peut-être le savoir-faire pour les réaliser ainsi qu’une culture générale pour pouvoir faire des films, et c’est pour cela que je suis là aujourd’hui.»

Cette visite en Arabie saoudite n’est pas une première pour Aractingi: il s’est déjà rendu dans le Royaume et a réalisé des films d’entreprises pour des sociétés. «Aujourd’hui, je sens que les gens comme moi, qui ont travaillé dans le cinéma en Europe, sont appelés à venir par les gouvernements et les gens d’ici. Avant, ceux qui venaient étaient ceux qui construisaient les immeubles et les routes. Maintenant, on est là pour construire – ou aider à construire – une nouvelle culture et à la renforcer.»

Concernant la nouvelle image de l’Arabie saoudite annoncée par le prince héritier, Aractingi a souligné les changements d’ordre émotionnel, intellectuel ainsi que ceux qui sont survenus au niveau de la mentalité. «Je suis en train de sentir un changement, mais je ne l’ai pas complètement vu… Ce sont des changements plus lents que les changements physiques... J’ai senti chez les élèves une peur de s’exprimer. J’ai encouragé mes élèves à ouvrir la porte, à ouvrir la bouche et à raconter. Cela va venir.»

Au sujet de ces nouveaux projets, il nous a confié qu’il avait été appelé par des Saoudiens pour reprendre des projets qu’il avait faits et qui ont eu beaucoup de succès auparavant, au Liban et ailleurs, pour «les “saoudiser” et leur rendre une spécificité saoudienne».


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com