Une initiative au Moyen-Orient vise à soutenir des entreprises arabes dirigées par des femmes

La styliste saoudienne Arwa Al-Banawi dans son atelier (Photo, AFP).
La styliste saoudienne Arwa Al-Banawi dans son atelier (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 28 mars 2022

Une initiative au Moyen-Orient vise à soutenir des entreprises arabes dirigées par des femmes

  • L'initiative permettra de renforcer les capacités et de former les principaux acteurs du milieu entrepreneurial de la région
  • She Wins Arabia sera lancé en Algérie, en Égypte, en Jordanie, au Maroc, en Tunisie, aux Émirats arabes unis, en Palestine et au Yémen

DUBAÏ : Les start-ups dirigées par des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord reçoivent un coup de pouce grâce à une nouvelle initiative visant à leur fournir les conseils, le financement et le mentorat nécessaires pour se développer.

She Wins Arabia est une collaboration entre la Société financière internationale (IFC) de la Banque mondiale et Abu Dhabi Global Market (ADGM) pour soutenir les incubateurs, les accélérateurs et les fonds de capital-risque par le renforcement des capacités et la formation.

L'initiative, qui s'inscrit dans le cadre de l'engagement plus large de l’IFC visant à combler les écarts économiques entre les femmes et les hommes dans la région MENA, travaillera directement avec les start-ups et les entreprises régionales dirigées par des femmes afin de les aider à élaborer leurs plans d'affaires et à perfectionner leurs présentations auprès d'investisseurs potentiels.

« Les fondateurs, hommes et femmes, sont confrontés à plusieurs défis dans le monde, qui sont tous centrés sur l'accès au capital, aux marchés et au talent », a déclaré Miriam Kiwan, responsable des partenariats stratégiques à l'ADGM.

Elle a invoqué un manque de sensibilisation dans l’écosystème de l'entrepreneuriat de la région MENA sur les défis spécifiques au genre auxquels sont confrontées les start-ups dirigées par des femmes.

« Le plus difficile est peut-être l'accès au financement, qui est dû à un accès limité aux services financiers et aux prêts bancaires, à un niveau extrêmement faible de représentation féminine dans l'écosystème du financement, et à la persistence de préjugés sexistes liés aux fondatrices et aux minorités », a-t-elle déclaré.

 

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Sofana Dahlan, PDG d'un incubateur de start-ups liées au design (Photo, AFP/Getty Images).

 

Un récent rapport de l'OCDE a révélé que les fondatrices d'entreprises reçoivent 23 % de financement en moins que les fondateurs, alors qu'elles obtiennent des retours sur investissement supérieurs de 35 % et génèrent des revenus supérieurs, de 12 % en moyenne, à ceux des fondateurs.

Dans une région où, selon l’IFC, seuls 6 % des fonds de capital-investissement et de capital-risque sont destinés aux entreprises dirigées par des femmes, des initiatives telles que She WinsArabia peuvent jouer un rôle important dans l'autonomisation des femmes entrepreneurs.

En outre, de nombreux incubateurs et fonds de capital-risque n'adaptent pas encore leurs espaces de travail, leurs produits et leurs services aux femmes entrepreneurs. « Nous devons nous concentrer sur le développement de programmes régionaux pour améliorer le nombre de femmes gestionnaires de fonds par le biais du mentorat, des programmes de capital-risque et des programmes d'investisseurs providentiels », a déclaré Kiwan à Arab News.

« Nous devons réduire les préjugés inconscients et créer un écosystème de start-ups égalitaire grâce au renforcement des capacités et à l'engagement des différents acteurs de l'écosystème, notamment les incubateurs, les accélérateurs et les investisseurs. »

Selon Kiwan, le renforcement des capacités et des compétences requises au sein des start-ups dirigées par des femmes est crucial pour faciliter leur accès au marché, grâce à des politiques de marchés publics inclusives et garantir leur succès.

 

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Miriam Kiwan (à gauche), responsable des partenariats stratégiques à Abu Dhabi Global Market, et Sammar Essmat(à droite), responsable des questions de genre pour le Moyen-Orient, l'Asie centrale et la Turquie à l’IFC (Photo, AN). 

 

« En tant que facilitateur dans l'écosystème de la technologie centré sur la diversité, il est important pour l'ADGM de soutenir des initiatives telles que She Wins Arabia pour faire progresser la parité hommes-femmes dans son écosystème et améliorer l'investissement sans distinction de sexe dans la région », a-t-elle déclaré.

Soutenu par la Women Entrepreneurs Finance Initiative et le gouvernement des Pays-Bas, le projet sera mis en œuvre en Algérie, en Égypte, en Jordanie, au Maroc, en Tunisie, aux Émirats arabes unis, en Cisjordanie et à Gaza, ainsi qu'au Yémen.

Il aboutira à un concours permettant aux start-ups dirigées par des femmes d'accéder à un soutien et à des financements dans toute la région, et de se mettre en contact avec des fonds, des incubateurs et des accélérateurs.

« Les fondatrices jouent un rôle important en contribuant à la croissance économique et à la création de richesses et d'emplois », a déclaré Kiwan, citant un récent rapport du Boston Consulting Group qui affirme que le soutien aux femmes entrepreneurs peut augmenter le produit intérieur brut (PIB) mondial d'environ 3 à 6 %, et stimuler l'économie mondiale de 5 000 milliards de dollars.

Elle a déclaré : « Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale et elles détiennent un potentiel énorme pour avoir un impact sur le développement économique régional, contribuer à la réalisation des Objectifs dedéveloppement durable des Nations unies durant la prochaine décennie et participer à la quatrième révolution industrielle en remodelant notre tissu social. »

Faisant écho à l'opinion de Kiwan sur l'autonomisation des femmes entrepreneurs, Sammar Essmat, responsable de l'égalité des sexes pour le Moyen-Orient, l'Asie centrale et la Turquie à l’IFC, affirme que les femmes ont un énorme potentiel à ajouter aux économies de la région.

 

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Le gouvernement saoudien, mené par le prince héritier Mohammed ben Salmane, met en place une série de réformes visant à diversifier l'économie saoudienne et à libéraliser la société, y compris l'autonomisation des femmes (Photo, AFP/Getty Images).

 

« Une étude (McKinsey) de 2015 a révélé que les économies de la région MENA perdent environ 2 700 milliards de dollars de PIB supplémentaire en raison des écarts entre les sexes. C'est le coût d'une opportunité manquée et, avec nos partenaires, nous nous efforçons de l'éliminer », a-t-elle déclaré à Arab News.

En tant que pôle technologique de premier plan, l'ADGM cherche à fournir un écosystème progressif qui soutient l'innovation et les entrepreneurs, indépendamment de leur sexe, avec 30 % de leurs start-ups technologiques dans différents secteurs dirigées par des femmes.

« Combler l'écart entre les sexes dans l'entrepreneuriat est un élément important pour tirer parti de cette opportunité. En effet, on estime que le PIB des pays de la région MENA pourrait augmenter de 30 à 40 % si les femmes étaient mieux intégrées dans l'économie », a déclaré Essmat.

Heureusement, l'écosystème de l'entrepreneuriat de la région MENA s'est amélioré et devient peu à peu un pôle majeur pour les fondateurs. Dans les universités régionales, les étudiantes obtiennent des résultats largement supérieurs à ceux de leurs homologues masculins. Rien qu'aux Émirats arabes unis, les femmes représentent environ 70 % des diplômés universitaires, bien que ce chiffre diminue lorsqu’elles atteignent le milieu de leur carrière, notamment en raison des cultures organisationnelles et de l'écart de rémunération entre les sexes.

« L'entrepreneuriat offre aux femmes de meilleures opportunités et des alternatives à l'emploi, si certains de ces problèmes sont éliminés », a déclaré Kiwan. « Nous avons collaboré avec des entités régionales et internationales importantes pour faire avancer notre programme d'égalité des sexes et garantir l'égalité des chances pour les femmes entrepreneurs. »

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Dans une région où, selon l’IFC, seuls 6 % des fonds de capital-investissement et de capital-risque sont destinés aux entreprises dirigées par des femmes, des initiatives telles que She Wins Arabia peuvent jouer un rôle important dans l'autonomisation des femmes entrepreneurs (Photo, AN).

L'approche de l’IFC pour faire progresser l'égalité des sexes dans la région se concentre également sur l'amélioration de l'accès aux financements, aux connaissances et aux technologies numériques pour les femmes entrepreneurs, la création de plus d’emplois de qualité pour les femmes et la collaboration avec la Banque mondiale pour supprimer les obstacles juridiques à la participation économique des femmes.

De nombreuses réformes progressives ont été introduites en Arabie saoudite depuis que le pays a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en 2001. L'annonce du plan de réforme Vision 2030 en 2016 a donné un nouvel élan à l'autonomisation des femmes.

Outre les changements apportés aux lois et aux règlements régissant leur vie, les Saoudiennes ont été autorisées à accéder à de nouveaux domaines tels que l'aviation commerciale, la sécurité de l'État, l'économie, le tourisme et le divertissement. Au-delà de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, l'importance de l'égalité des sexes − représentation équitable ou juste des hommes et des femmes − est également reconnue dans les pays arabes dont les dirigeants et les gouvernements la considèrent désormais comme un impératif économique et stratégique.

« Le soutien et le mentorat dédiés aux start-ups dirigées par des femmes − or, celles qui reçoivent effectivement un financement étant une minorité dans la région − est une excellente initiative pour encourager davantage de femmes à se lancer dans la création d'entreprise », a déclaré Dana Al-Jawder, directrice de la technologie chez MAGNiTT, une importante plateforme de données pour les start-ups du Moyen-Orient, d'Afrique, du Pakistan et de Turquie.

« Le meilleur catalyseur pour la croissance de ce segment est de faire connaître les success stories de grandes leaders, comme celles de Mona Ataya, fondatrice et PDG de Mumzworld.com, et de Nadine Mezher, cofondatrice de Sarwa, la première plateforme d'investissement et application de finances personnelles pour les jeunes professionnels de la région. »


L'Oréal Middle East signe un accord avec l'organisation Himayah en Arabie saoudite

L'Oréal Middle East a organisé la cérémonie de son 25e anniversaire à Dubai Expo City. (Photo fournie)
L'Oréal Middle East a organisé la cérémonie de son 25e anniversaire à Dubai Expo City. (Photo fournie)
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  • L'initiative vise à aider 600 femmes à se préparer au monde du travail
  • Le groupe se rapproche de ses objectifs 2030 en matière de durabilité, d'innovation et de technologie par le biais de partenariats stratégiques

DUBAÏ: À l'occasion de son 25e anniversaire, L'Oréal Middle East a signé un accord avec l'organisation Himayah en Arabie saoudite pour soutenir son initiative «Safe Homes», qui a pour objectif d’offrir une formation professionnelle à plus de 600 femmes.

«Ce projet vise à avoir un impact durable à long terme par le biais d'un soutien psychologique et d'une formation professionnelle», déclare Laurent Duffier, PDG de L'Oréal Middle East, lors d'une récente interview accordée à Arab News en français.

Au cours des vingt-cinq dernières années, L'Oréal a aidé 25 000 femmes dans la région.

L'Oréal a inauguré son Académie de coiffure à Riyad et Dammam en 2023, afin d'améliorer les compétences et intégrer les femmes dans le marché du travail, enregistrant un taux d'emploi de 70% dans ce segment de la beauté en plein essor en Arabie saoudite. Le programme devrait créer 15 000 emplois pour les femmes saoudiennes.

Le programme phare «L'Oréal for Women in Science» a investi plus de 925 000 dollars (1 dollar = 0,93 euro) dans des fonds de dotation afin de soutenir 51 femmes scientifiques arabes au cours de la dernière décennie et de promouvoir l'égalité des sexes dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (Stim).

En outre, le projet «Stand Up Against Street Harassment» de l'entreprise a formé plus de 11 000 participants à la lutte contre la violence sexiste.

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Laurent Duffier, PDG de L'Oréal Middle East, et le Dr Sameera Alghamdi, présidente de l'organisation Himayah, annonçant la signature du protocole d'accord lors de l'événement organisé à l'occasion du 25e anniversaire de L'Oréal Middle East. (Photo fournie)

Alors que la marque est distribuée dans la région depuis les années 1960, L'Oréal a ouvert sa première filiale au Moyen-Orient en 1998 et couvre actuellement 10 marchés.

Aujourd'hui, le groupe se rapproche de ses objectifs 2030 en matière de durabilité, d'innovation et de technologie en impliquant les parties prenantes de la chaîne d'approvisionnement, y compris les consommateurs et les start-up, par le biais de partenariats stratégiques.

L'Oréal vise à encourager l'innovation en investissant dans l'écosystème des start-up, le dernier en date étant le partenariat avec Astrolabs qui a inauguré le «L'Oréal Tech Quest Challenge» plus tôt ce mois-ci.

«L'avenir est à la beauty tech, qui s'attaque aux défis actuels de l'industrie et augmente l'impact des solutions de L'Oréal. L'Oréal Tech Quest Challenge a récompensé un groupe de gagnants dont le travail sera intégré dans le développement d'outils et de meilleures pratiques dans la région Asie du Sud-Pacifique, et Moyen-Orient-Afrique du Nord [SapMena]», déclare M. Duffier.

La région abrite un écosystème de start-up en pleine expansion. «L’événement Leap qui s'est tenu au mois de mars en Arabie saoudite reflète l'énergie entrepreneuriale et créative croissante du Royaume», ajoute-t-il. C’est particulièrement important au Moyen-Orient, où l'industrie de la beauté enregistre l'un des taux de croissance les plus élevés au monde.

Le marché de la région du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se classe parmi les 10 premiers marchés mondiaux de la beauté, avec une valeur de 11,7 milliards de dollars en 2024. Depuis la pandémie de Covid-19, le marché a connu une croissance de 10%, alimentée par les tendances macroéconomiques sous-jacentes.

«Le produit intérieur brut non pétrolier du CCG augmente de 4 à 5%, alors qu'il croît de moins de 1% en Europe. L'afflux de personnes fortunées a eu un impact positif sur le marché du luxe aux Émirats arabes unis. La demande de produits de beauté, en particulier en Arabie saoudite, a triplé au cours des trois dernières années en raison de l'accès accru des femmes au marché du travail et de l'augmentation du revenu disponible», souligne Laurent Duffier.

«La qualité de la pratique de la vente au détail et la croissance de nouveaux concepts de beauté dans le Royaume sont des facteurs qui stimulent le marché dans la région et qui sont renforcés par la croissance du commerce électronique», ajoute-t-il.

Selon un rapport du Boston Consulting Group, en 2020, la part du commerce électronique du Royaume dans le total des ventes au détail était de 6%. Ce chiffre est loin des marchés matures du commerce électronique et de la moyenne mondiale de 18%, mais il est supérieur de 60% à la part du Royaume en 2019. On prévoit une croissance à deux chiffres après la conférence sur la Covid-19, la valeur du marché devant dépasser 13,3 milliards de dollars à l’horizon 2025.

«L'Arabie saoudite affiche une croissance accélérée dans tous les segments. Les efforts de diversification de l'économie sont évidents. C'est la plus grande économie de la région, avec le plus grand potentiel, et c'est un marché prioritaire pour L'Oréal», précise M. Duffier.

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«L'avenir est à la beauty tech, qui s'attaque aux défis actuels de l'industrie et augmente l'impact des solutions de L'Oréal, » déclare M. Duffier. (Photo fournie)

Le marché de la beauté et des soins personnels devrait continuer à être stimulé par l'innovation des produits et la technologie de la beauté, pour de meilleurs résultats pour le consommateur.

«Nous mettons sur le marché Melasyl, après dix-huit ans de recherche et développement. Il s'agit d'un ingrédient révolutionnaire pour les soins de la peau, entre autres applications», indique M. Duffier.

Laurent Duffier décrit le Moyen-Orient comme le «berceau de la beauté et une région qui définit les tendances en matière de beauté». Cela s'explique par la diversité de sa clientèle, qui couvre tout le spectre des couleurs de peau et de cheveux, et du fait qu'elle s'oriente vers les plates-formes numériques et une consommation plus durable.

«Nous travaillons avec des start-up pour offrir des produits innovants et durables, 70 % des consommateurs optant pour des produits durables», confirme-t-il.

«Nous ne sommes plus une entreprise de beauté, mais une entreprise de technologie de la beauté. Ancré dans l'innovation et la durabilité, l'objectif reste la beauté pour tous. L'avenir sera de plus en plus personnalisé pour créer de la beauté qui touche le monde («Create beauty that moves the world»), et surtout pour créer de la beauté qui touche le Moyen-Orient», a-t-il ajouté.

La quête de durabilité est également le résultat de la réconciliation entre la beauté et la technologie, développée et mise en œuvre dans les différents segments: soins capillaires (hair light pro), dermocosmétiques, les derniers en date étant les outils de diagnostic en réalité virtuelle de La Roche-Posay et les applications de maquillage en collaboration avec Microsoft.

«En appliquant la science verte, 95% des ingrédients des produits seront biosourcés et traçables d'ici à 2030», affirme M. Duffier.

Dans le cadre de ses objectifs de développement durable, le programme «L'Oréal for the Future» vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone sur tous les sites et à passer aux énergies renouvelables, à la gestion des déchets et au traitement de l'eau d'ici à 2030.

L'Oréal Middle East prévoit une réduction de 50% des émissions de dioxyde de carbone liées à la distribution et une réduction de 70% de la consommation d'eau grâce à l'introduction des pommeaux de douche Gjosa dans les salons de coiffure.

Ces pommeaux de douche, dont la distribution est prévue dans la région cette année, devraient être utilisés dans 500 salons, ce qui permettra d'économiser 35 millions de litres d'eau par an.

Cette initiative s'ajoute au recyclage de 340 tonnes de déchets au cours des deux dernières années en Arabie saoudite, une initiative de Garnier en collaboration avec Panda et Naqaa Solutions.

 


Le groupe de luxe Kering tient son assemblée générale en pleine tourmente

Kering a annoncé récemment l'achat d'un bien immobilier à Milan pour 1,3 milliard d'euros qui s'ajoute à des achats antérieurs d'autres propriétés à New York en janvier pour environ 900 millions d'euros et à Paris en 2023 pour environ 1,4 milliard d'euros, précise l'agence de notation. (AFP).
Kering a annoncé récemment l'achat d'un bien immobilier à Milan pour 1,3 milliard d'euros qui s'ajoute à des achats antérieurs d'autres propriétés à New York en janvier pour environ 900 millions d'euros et à Paris en 2023 pour environ 1,4 milliard d'euros, précise l'agence de notation. (AFP).
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  • Mercredi, le groupe a encore dévissé en Bourse, les investisseurs prenant acte de la forte baisse de "40 à 45%" de la rentabilité attendue au premier semestre alors que son chiffre d'affaires a chuté de 11% au premier trimestre
  • Depuis des mois, le groupe dirigé par François-Henri Pinault tente de redresser la marque italienne qui représente 50% de ses ventes et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle

PARIS: En pleine tourmente, le groupe de luxe Kering tient jeudi son assemblée générale après avoir accumulé les mauvaises nouvelles, entre chute des ventes et perte de rentabilité opérationnelle principalement à cause de sa marque phare Gucci.

Mercredi, le groupe a encore dévissé en Bourse, les investisseurs prenant acte de la forte baisse de "40 à 45%" de la rentabilité attendue au premier semestre alors que son chiffre d'affaires a chuté de 11% au premier trimestre. Par rapport à son pic de juin 2021, l'action de Kering dégringole même de 60%.

Cela montre que "la transformation de Gucci" est plus difficile que le marché ne le pensait" dans un premier temps, estime dans une note Luca Solca, analyste de la banque Bernstein.

Depuis des mois, le groupe dirigé par François-Henri Pinault tente de redresser la marque italienne qui représente 50% de ses ventes et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle.

Changement de directeur artistique avec l'arrivée de Sabato de Sarno, nouvelle direction incarnée par Jean-François Palus, PDG proche de François-Henri Pinault, nomination d'un directeur général adjoint venu du concurrent Louis Vuitton, Stefano Cantino : "Il est clair que Kering a l'intention de +nettoyer la maison+ pour établir des bases plus fortes pour l'avenir", note Luca Solca.

D'autres marques du groupe patinent aussi. Au premier trimestre 2024, les ventes d'Yves Saint Laurent reculent de 8%, celles de Bottega Veneta de 2% et celles des "autres maisons", qui englobent Balenciaga et Alexander McQueen, de 7%.

Mi-avril, la note de Kering a été abaissée par S&P en raison des difficultés de Gucci et des dépenses réalisées par le groupe, ce qui alourdit sa dette.

Kering a annoncé récemment l'achat d'un bien immobilier à Milan pour 1,3 milliard d'euros qui s'ajoute à des achats antérieurs d'autres propriétés à New York en janvier pour environ 900 millions d'euros et à Paris en 2023 pour environ 1,4 milliard d'euros, précise l'agence de notation.

Imposer sa définition du luxe

Kering a en outre déboursé 1,7 milliard d'euros pour acquérir 30% de Valentino, avec une option pour racheter tout le groupe au plus tard en 2028, et 3,5 milliards d'euros pour mettre la main sur Creed, parfumeur acheté en octobre dans le cadre de la création de la branche beauté.

"C'est très intelligent de créer un département beauté", explique à l'AFP Eric Briones, auteur de "Luxe et digital" (ed. Dunod). "Mais le construire avec Creed uniquement, ça ne va pas", ajoute-t-il soulignant que la licence Gucci (chez Coty) "ils la récupèrent dans 3 ou 4 ans et Saint Laurent (chez L'Oréal) aux calendes grecques". La licence des parfums Valentino est également chez L'Oréal.

"Vous allez construire sur Balenciaga qui est une marque qui s'interroge et ne s'est pas encore remise du scandale" dû à une publicité déplacée mêlant des enfants et des accessoires connotés sexuellement et qui a fait chuter ses ventes, selon le spécialiste.

"Aujourd'hui, ce qui manque le plus à Kering, c'est une vision claire, cohérente et impactante", ajoute-t-il. "En ce moment, il y a une bataille dans l'univers du luxe à imposer sa définition du luxe: Vuitton, c'est +nous sommes plus qu'une maison de luxe, nous sommes une maison culturelle+, Chanel c'est +le luxe absolu+, Jacquemus c'est +pop luxury+", détaille-t-il.

"C'est peut-être aussi un groupe trop décentralisé", souffle un autre connaisseur du secteur, "c'est le péché originel de Kering, un héritage de PPR (Pinault-Printemps-La Redoute, précédent nom du groupe, NDLR), il fonctionne davantage comme un conglomérat que comme groupe".

Récemment, quelques changements ont eu lieu dans la gouvernance: Francesca Bellettini, PDG d'Yves Saint Laurent, a été promue directrice générale adjointe de Kering, chargée de "piloter l'ensemble des maisons du groupe dans les prochaines étapes de leur développement" et Jean-Marc Duplaix, directeur financier de Kering depuis 2012, est devenu directeur général adjoint du groupe chargé des opérations et des finances.

La directrice de la communication Valérie Duport a quitté le groupe sans que soit encore nommé son successeur.

"C'est un moment compliqué et personne ne se réjouit parce que si Kering va mal, le secteur global en souffre", conclut M. Briones.


BNP Paribas: baisse du résultat net, mais stabilité des revenus au 1er trimestre

"Le groupe réalise de bonnes performances au premier trimestre 2024 grâce à la bonne dynamique commerciale des pôles opérationnels", a salué son directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, cité dans le communiqué. (AFP).
"Le groupe réalise de bonnes performances au premier trimestre 2024 grâce à la bonne dynamique commerciale des pôles opérationnels", a salué son directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, cité dans le communiqué. (AFP).
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  • Au premier trimestre cette année, son produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur bancaire, est resté stable, atteignant 12,4 milliards d'euros, a indiqué le groupe dans un communiqué
  • Les effets de l'accélération des mesures d'économies annoncée en mars (400 millions d'euros) "sont attendus à partir du deuxième trimestre 2024", a souligné BNP Paribas

PARIS: BNP Paribas a vu son résultat net chuter de près de 30% sur un an au premier trimestre, à 3,1 milliards d'euros, desservi par la plus-value engrangée après la vente de sa filiale américaine Bank of the West au même trimestre l'an dernier.

Le bénéfice net "distribuable", qui permet une comparaison hors effets de périmètre, est lui en baisse de 2,2% sur un an, a annoncé jeudi la première banque française, qui confirme sa trajectoire 2024 prévoyant des revenus "distribuables" en hausse de 2% et un résultat net "distribuable" supérieur à celui de 2023.

L'an dernier, le groupe avait entré dans ses comptes du premier trimestre la plus-value de cession de 3 milliards d'euros issue de la vente de sa filiale américaine Bank of the West.

Au premier trimestre cette année, son produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur bancaire, est resté stable, atteignant 12,4 milliards d'euros, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Les effets de l'accélération des mesures d'économies annoncée en mars (400 millions d'euros) "sont attendus à partir du deuxième trimestre 2024", a souligné BNP Paribas.

"Le groupe réalise de bonnes performances au premier trimestre 2024 grâce à la bonne dynamique commerciale des pôles opérationnels", a salué son directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, cité dans le communiqué.

Les pôles opérationnels ont ainsi gagné des parts de marché, tout en améliorant leurs performances opérationnelles, selon le groupe.

Bonne dynamique commerciale

Le PNB de la banque de financement et d'investissement (BFI) a baissé de 4% au premier trimestre, totalisant 4,6 milliards d'euros, tandis que celui du pôle banques commerciales (France, Belgique, Italie...) est resté stable, à 6,7 milliards d'euros, la banque ayant réussi à neutraliser les "vents contraires" que sont la couverture contre les coûts de l'inflation et l'arrêt de la rémunération de la réserve obligatoire par la Banque centrale européenne (BCE).

L'acquisition des clients Hello Bank a continué (+32% sur un an), renforcée par l'intégration des clients d'Orange Bank, après l'accord conclu en début d'année pour reprendre les clients de la banque en ligne d'Orange, lancée en grande pompe par l'ancien PDG Stéphane Richard en 2017, et dont l'avenir était en suspens depuis le début de l'année sur fond de déficit chronique.

Le revenu des métiers d'investissement, d'assurance et d'épargne est, lui, en croissance de 0,8%, à 1,4 milliard d'euros. L'activité épargne enregistre notamment une très bonne performance en France avec une collecte brute de 8,3 milliards d'euros, en hausse de plus de 30% sur un an.

Le coût du risque, c'est-à-dire les sommes provisionnées pour faire face aux éventuels impayés sur les crédits consentis, s'établit à 29 points de base des encours de crédits à la clientèle, à 640 millions d'euros, "un niveau bas du fait de la qualité du portefeuille de crédit", selon le communiqué.

BNP Paribas a finalisé son programme de rachats d'actions de 1,05 milliard d'euros le 23 avril. Son conseil d'administration proposera le 14 mai à l'assemblée générale des actionnaires de verser "un dividende de 4,60 euros" par action.