En quelques mots, Biden brouille le message d'une tournée sous le signe de l'unité

«Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir», a lancé le président américain, qui avait qualifié quelques heures plus tôt son homologue russe de «boucher». (Photo, AFP)
«Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir», a lancé le président américain, qui avait qualifié quelques heures plus tôt son homologue russe de «boucher». (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 28 mars 2022

En quelques mots, Biden brouille le message d'une tournée sous le signe de l'unité

  • «Ce que le Président voulait dire, c'est que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région», a nuancé la Maison Blanche
  • Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a mis en garde contre une «escalade des mots et des actions en Ukraine»

WASHINGTON : En déclarant samedi, à la surprise de tous, que Vladimir Poutine ne "peut pas rester au pouvoir" après son invasion de l'Ukraine, Joe Biden a brouillé le message de sa tournée en Europe, destinée à montrer l'unité des Alliés face à la Russie et contenir le conflit en Ukraine.

"Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir", a lancé le président américain, qui avait qualifié quelques heures plus tôt son homologue russe de "boucher".

Ces propos, à la fin d'un discours de 27 minutes dont chaque mot avait été pesé pour éviter toute escalade des tensions sur le flanc est de l'Otan, ont pris de court l'entourage du président américain, car ils semblaient marquer un tournant dans la politique de longue date des Etats-Unis de ne pas appeler à des changements de régime dans le monde.

"Ce que le Président voulait dire, c'est que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région", a nuancé quelques minutes plus tard la Maison Blanche. "Il ne parlait pas du pouvoir de Poutine en Russie, ni d'un changement de régime."

Dimanche, c'est le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui a tenté de clarifier les propos de M. Biden.

Le président souhaitait souligner que "Poutine ne peut être autorisé à lancer une guerre, ou une agression contre l'Ukraine, ou n'importe qui d'autre", a-t-il déclaré. "Comme vous nous avez entendu le répéter, nous n'avons pas de stratégie de changement de régime en Russie, ou n'importe où ailleurs".

Mais le mal est fait. 

Le président français Emmanuel Macron a mis en garde contre une "escalade des mots et des actions en Ukraine".

"Je n'utiliserais pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine", a déclaré dimanche M. Macron. "Nous voulons arrêter la guerre que la Russie a lancée en Ukraine sans faire la guerre. C'est l'objectif".

«Énorme gaffe»

Plusieurs élus et experts américains ont jugé cette petite phrase de Joe Biden contre-productive au moment où toute la stratégie de Washington est d'éviter qu'un Vladimir Poutine qui se sentirait "provoqué" étende le conflit au-delà de l'Ukraine, avec le risque d'une confrontation directe, potentiellement nucléaire, avec les Etats-Unis et leurs alliés de l'Otan. 

Le sénateur républicain Jim Risch a souligné que le discours de M. Biden, prononcé à l'issue d'une journée en Pologne chargée d'émotion, avec notamment une rencontre avec des réfugiés ukrainiens, était un "bon discours". 

"Mais il y avait cette énorme gaffe à la fin", a-t-il ajouté dimanche sur la chaîne de télévision CNN. "Cette administration a fait tout son possible pour éviter toute escalade. Il est difficile de faire plus dans l'escalade que d'appeler à un changement de régime."

Pour l'analyste Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, Vladimir "Poutine va considérer cela comme la confirmation de ce qu'il croit depuis le début".

C'était "un écart de discipline qui risque d'amplifier et de prolonger la guerre", a tweeté l'ancien diplomate américain. M. Biden "a rendu une situation difficile encore plus difficile, et une situation dangereuse encore plus dangereuse".

D'autres ont jugé que le président américain n'avait fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Joe Biden "a exprimé ce que pensent des milliards de personnes dans le monde et des millions d'autres en Russie", a ainsi tweeté l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Moscou Michael McFaul. "Il n'a pas dit que les Etats-Unis devaient l'écarter du pouvoir. Il y a une différence".

François Heisbourg, de l'International Institute for Strategic Studies (IISS), a affirmé que ni les propos de M. Biden ni les efforts d'Antony Blinken pour les corriger n'avaient été constructifs.

"Les gens parlent toujours trop", a tweeté M. Heisbourg. "Pourquoi Joe et Tony ressentent-ils le besoin de s'épancher quand ils feraient mieux de s'abstenir à ce stade de la guerre?".


Justin Trudeau fait face à une motion de censure au parlement canadien

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (C) écoute le président américain Joe Biden s'exprimer lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (C) écoute le président américain Joe Biden s'exprimer lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • Ce vote de confiance imposé par une opposition conservatrice largement en tête dans les sondages
  • Le vote sur la motion aura lieu mercredi et les deux autres partis d'opposition ont déjà indiqué qu'ils voteraient contre, ce qui maintiendrait au pouvoir le gouvernement de Justin Trudeau.

OTTAWA : Le principal rival de Justin Trudeau au parlement canadien a déposé mardi une motion de censure pour tenter de faire tomber son gouvernement libéral minoritaire, dont la popularité est au plus bas.

Ce vote de confiance imposé par une opposition conservatrice largement en tête dans les sondages survient après que Justin Trudeau a perdu il y a quelques semaines le soutien de son principal allié de gauche, qui a mis fin à l'entente politique visant à le soutenir.our s

Le chef conservateur Pierre Poilievre a vertement critiqué dans un discours le gouvernement de M. Trudeau, qu'il juge incapable de faire face à la hausse du coût de la vie, à la crise du logement et à la criminalité, alors que la dette nationale a doublé.

S'il était élu Premier ministre, il a déclaré qu'il mettrait en place "un plan sensé p

Supprimer la tarification sur les émissions de carbone", et qu'il allait "construire des logements, redresser le budget et mettre fin à la criminalité".

Au pouvoir depuis une dizaine d'années, le Parti libéral de Justin Trudeau cumule les revers politiques depuis le début de l'été alors que des élections législatives doivent se tenir d'ici à la fin octobre 2025.

Le Premier ministre a reconnu que les Canadiens traversaient "une période très difficile" lors d'un entretien lundi soir à l'émission américaine Late Show de Stephen Colbert.

"Les gens souffrent. Ils ont du mal à faire leurs courses, à payer leur loyer, à faire le plein d'essence" et ils "envisagent un changement", a-t-il déclaré, tout en assurant vouloir "continuer à se battre".

Le vote sur la motion aura lieu mercredi et les deux autres partis d'opposition ont déjà indiqué qu'ils voteraient contre, ce qui maintiendrait au pouvoir le gouvernement de Justin Trudeau.

Selon un sondage réalisé la semaine dernière, les conservateurs devancent très largement les libéraux, avec 45% d'intention de vote au niveau national contre 25%.

La plupart des analystes tablent sur des élections au plus tôt au printemps 2025.


A l'ONU, l'émir du Qatar accuse Israël de "génocide" à Gaza

L'émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024.( Photo AFP)
L'émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024.( Photo AFP)
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NEW-YORK : La guerre menée par Israël dans la bande de Gaza est un "crime de génocide", a accusé mardi l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

"L'agression flagrante du peuple palestinien dans la bande de Gaza aujourd'hui est l'agression la plus barbare, abominable, étendue, violant les valeurs humaines et les conventions et droits internationaux. Ce n'est pas une guerre respectant le concept de la guerre, mais plutôt un crime de génocide", a-t-il déclaré.

 


Lula juge "inacceptable" la composition du Conseil de sécurité de l'ONU

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège des Nations Unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège des Nations Unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • "L'exclusion de l'Amérique latine et de l'Afrique des sièges permanents au Conseil de sécurité est un reflet inacceptable des pratiques de domination de la colonisation", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva.
  • Le Brésil, l'Allemagne, le Japon et l'Inde ont appelé à une réforme "urgente" du Conseil, demandant l'augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents.

NEW-YORK : Il est "inacceptable" que l'Amérique latine et l'Afrique n'aient pas de siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, a dénoncé mardi le président brésilien à la tribune de l'Assemblée générale.

"L'exclusion de l'Amérique latine et de l'Afrique des sièges permanents au Conseil de sécurité est un reflet inacceptable des pratiques de domination de la colonisation", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva.

Le Brésil, l'Allemagne, le Japon et l'Inde, associés dans leur revendication, réclament depuis longtemps un siège permanent au Conseil qui en compte aujourd'hui cinq (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine) auxquels s'ajoutent dix membres non permanents élus pour deux ans en respectant une représentativité géographique.

Dans un communiqué commun publié mardi, les quatre pays ont appelé à une réforme "urgente" du Conseil, demandant l'augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents, en soutenant spécifiquement une meilleure représentation de l'Afrique, de l'Asie-Pacifique, de l'Amérique latine et des Caraïbes. Ils ont également répété leur soutien à leur aspiration commune à devenir membres permanents.

Ces déclarations interviennent alors qu'il existe un certain nouvel élan pour le serpent de mer que représente la réforme du Conseil de sécurité largement paralysé par le pouvoir de véto des membres permanents.

Dimanche, les Etats membres de l'ONU se sont engagés dans le "Pacte de l'avenir" à une réforme de cet organe clé au fonctionnement largement hérité des rapports de force de l'après Seconde guerre mondiale, pour le rendre "plus représentatif" et plus "efficace".

Ils ont en particulier souligné la priorité de "réparer l'injustice historique" de l'Afrique, qui réclame deux membres permanents au Conseil (avec un droit de véto si le véto n'est pas aboli).

Mais le Pacte ne cache pas les désaccords qui persistent, notamment le nombre de nouveaux membres et l'avenir du droit de véto.

Le président américain Joe Biden a répété mardi son soutien à l'expansion du Conseil.

Son ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a annoncé récemment que les Etats-Unis soutenaient désormais la création de deux sièges permanents pour l'Afrique, en supplément à ceux réclamés par le Japon, l'Allemagne et l'Inde.

Mais "aucun membre permanent ne veut abandonner son droit de véto, nous y compris, je suis honnête", avait-elle reconnu.

Une réforme du Conseil nécessitant d'être adoptée et ratifiée par les deux tiers des 193 Etats membres de l'ONU, dont tous les membres permanents du Conseil, les experts estiment plus qu'improbable une percée dans le contexte actuel de divisions géopolitiques mondiales.