Ukraine: Washington accuse Moscou de crimes de guerre, Biden arrive en Europe

Le président américain Joe Biden, qui est arrivé mercredi soir à Bruxelles, va s'efforcer de renforcer l'unité des Occidentaux et d'alourdir les sanctions contre la Russie, avant de se rendre en Pologne (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden, qui est arrivé mercredi soir à Bruxelles, va s'efforcer de renforcer l'unité des Occidentaux et d'alourdir les sanctions contre la Russie, avant de se rendre en Pologne (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 24 mars 2022

Ukraine: Washington accuse Moscou de crimes de guerre, Biden arrive en Europe

  • Le conflit est également meurtrier pour les forces russes qui ont déjà perdu entre 7 000 et 15 000 soldats en Ukraine, selon un haut responsable de l'Otan
  • «Ces crimes de guerre doivent cesser immédiatement», a exhorté mercredi soir le président du Conseil européen Charles Michel

KIEV : Le gouvernement américain a annoncé mercredi avoir "établi que les membres des forces russes ont commis des crimes de guerre en Ukraine", alors que Joe Biden arrivait à Bruxelles pour des sommets de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne, un mois après le déclenchement de l'invasion russe.

Le conflit est également meurtrier pour les forces russes qui ont déjà perdu entre 7 000 et 15 000 soldats en Ukraine, selon un haut responsable de l'Otan qui se base notamment sur des informations en provenance des autorités ukrainiennes et des services de renseignement occidentaux.

En accusant la Russie d'avoir commis des crimes de guerre, les Etats-Unis se basent sur "un examen minutieux des informations disponibles issues de sources publiques et du renseignement", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

"Nous avons vu de nombreux rapports crédibles d'attaques aveugles et d'attaques visant délibérément des civils, ainsi que d'autres atrocités", a-t-il déclaré dans un communiqué, en soulignant qu'il reviendra aux tribunaux de déterminer les responsabilités.

"Ces crimes de guerre doivent cesser immédiatement", a exhorté mercredi soir le président du Conseil européen Charles Michel. "Nous voyons la Russie attaquer de plus en plus la population civile, viser des hôpitaux, des écoles et des refuges", a-t-il dit dans un communiqué.

"C'est un génocide", avait déclaré la veille la procureure générale d'Ukraine, Iryna Venediktova. "Les théâtres de guerre ont des règles", avait-elle dit, ajoutant pouvoir "prouver" que Vladimir Poutine est un "criminel de guerre".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mercredi soir les citoyens du monde entier à descendre dans les rues pour protester contre l'invasion de son pays.

"Allez-y avec des symboles ukrainiens pour défendre l'Ukraine, pour défendre la liberté, pour défendre la vie!", a lancé M. Zelensky dans un message vidéo en anglais. "Retrouvez-vous sur les places, dans la rue, montrez-vous et faites-vous entendre!"

"Le monde doit arrêter la guerre", a-t-il ajouté.

A Kiev, une nouvelle frappe sur le parking d'un centre commercial a fait un mort et deux blessés, selon le maire Vitali Klitschko.

Plus tôt dans la journée, quatre personnes avaient été blessées dans des bombardements sur des immeubles.

Expulsion de diplomates russes à l'ONU: Moscou expulse des diplomates américains en représailles

La Russie a décidé d'expulser des diplomates américains en représailles à l'expulsion par Washington de 12 membres de la mission diplomatique russe auprès de l'ONU, a indiqué mercredi la diplomatie russe dans un communiqué.

"Le 23 mars, une note avec la liste des diplomates américains déclarés 'persona non grata' a été remise au responsable de la mission diplomatique américaine qui a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères", précise le communiqué.

"La partie américaine s'est vu notifier de manière ferme que tout acte hostile des Etats-Unis contre la Russie fera face à une riposte résolue et adéquate", ajoute le communiqué.

Une journaliste russe tuée

Une journaliste russe, Oksana Baulina, a été tuée mercredi dans un bombardement sur Kiev, a annoncé dans la soirée le média en ligne pour lequel elle travaillait, The Insider.

L'armée russe a reculé de plus 30 km à l'est de Kiev depuis 24 heures et a commencé à établir des positions défensives sur plusieurs fronts en Ukraine, a indiqué mercredi un haut responsable du Pentagone.

"Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l'est et au nord-est de Kiev", a déclaré à la presse ce haut responsable ayant requis l'anonymat. "Ce n'est pas qu'ils n'avancent pas, c'est qu'ils ne tentent pas d'avancer. Ils prennent des positions défensives", a-t-il ajouté.

Le chef de cabinet du président ukrainien a appelé les Occidentaux à livrer "des armes offensives", avant les sommets de jeudi auxquels Volodymyr Zelensky s'adressera par visioconférence.

Saluant la résistance "extraordinairement courageuse" des Ukrainiens, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé la livraison de 6 000 missiles antichar supplémentaires à Kiev. Londres a déjà livré à l'Ukraine 4 000 de ces armes.

La Suède et l'Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l'Ukraine de 5 000 et 2 000 armes antichar respectivement. Les forces ukrainiennes ont déjà reçu 1 000 armes antichar et 500 lance-missiles sol-air de type Stinger pris dans les réserves de la Bundeswehr, l'armée allemande.

Le président américain Joe Biden, qui est arrivé mercredi soir à Bruxelles, va s'efforcer de renforcer l'unité des Occidentaux et d'alourdir les sanctions contre la Russie, avant de se rendre en Pologne.

Washington doit annoncer jeudi "un ensemble de sanctions qui concernent à la fois des personnalités politiques" et "des oligarques", a annoncé le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.

L'Otan, pour sa part, va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental, a annoncé son secrétaire général.

Jens Stoltenberg a dénoncé "le soutien politique apporté à la Russie par la Chine, y compris en répandant des mensonges" et "la possibilité que Pékin apporte un soutien matériel pour l'invasion de l'Ukraine".

Face au choc provoqué par l'Ukraine, l'Egypte demande le soutien du FMI

"L'environnement mondial en évolution rapide et les retombées liées à la guerre en Ukraine posent des défis importants pour les pays du monde entier, y compris l'Égypte", a expliqué la cheffe de mission du FMI dans le pays, Céline Allard, dans un communiqué.

"Dans ce contexte, les autorités égyptiennes ont demandé le soutien du Fonds monétaire international (FMI) pour mettre en oeuvre leur programme économique global", y ajoute-t-elle. 

L'Egypte dépend fortement des importations de blé et d'huile de tournesol en provenance de Russie et d'Ukraine et subit de plein fouet l'actuelle flambée des prix des matières premières.

Renault suspend ses activités à Moscou

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé à un "boycott" mondial du constructeur automobile français Renault en raison de "son refus de quitter la Russie", à la suite de l'invasion de l'Ukraine par les forces russes.

Peu après, Renault a annoncé dans un communiqué suspendre les activités de son usine à Moscou.

Plus tôt dans la journée, Volodymyr Zelensky avait exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir "la machine de guerre" russe et à quitter ce pays.

Face à des sanctions économiques de plus en plus dures, Vladimir Poutine a annoncé que Moscou n'accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'UE.

Mais le ministre allemand de l'Économie Robert Habeck a estimé que cette exigence "constitue une rupture de contrat". Et l'Autriche a fait savoir qu'elle continuerait à payer en euros. 

UE: consignes de prudence aux réfugiés ukrainiens face aux risques de trafic

"Voyagez en bus si possible", "ne confiez pas vos papiers d'identité à quelqu'un d'autre qu'un garde-frontière": la commissaire européenne Ylva Johansson a donné mercredi des consignes de prudence aux réfugiés fuyant l'Ukraine, face au "risque énorme" de trafic de femmes et d'enfants.

Lors d'une conférence de presse, la commissaire aux Affaires intérieures a réitéré sa "forte inquiétude" à ce sujet, sur lequel Europol a aussi tiré la sonnette d'alarme.

"Ce matin nous avons enregistré 1 470 mineurs non accompagnés, mais en même temps l'OIM (Organisation Internationale pour les migrations) a rapporté que 2 500 orphelins ont été évacués. Donc il est vraiment important d'enregistrer correctement les enfants" aux frontières, a-t-elle dit.

"Malheureusement nous avons des signalements de voitures qui attendent pour prendre à bord des enfants, des femmes, des personnes vulnérables. Nous avons des indications sur des services en ligne en demande de femmes ukrainiennes à des fins sexuelles", a indiqué la commissaire suédoise.

"Donc il y a un risque énorme. Et je voudrais donner des conseils à tous les gens qui viennent: assurez-vous de voyager en bus si possible (...) assurez-vous que les services de protection de l'enfance sont présents pour les enfants", a-t-elle exhorté.

Poutine au sommet du G20?

La Russie sera-t-elle exclue de certaines institutions internationales? "Sur la question du G20, je dirais simplement ceci: nous pensons que la Russie ne peut pas faire comme si de rien n'était dans les institutions internationales et dans la communauté internationale", a dit Jake Sullivan. 

La Chine s'est prononcée contre une exclusion de Moscou du prochain sommet en fin d'année de ce vaste groupe de pays industrialisés et émergents, auquel Moscou a indiqué que Vladimir Poutine comptait participer.

Sur le terrain, "près de 100 000 personnes dans des conditions inhumaines" sont toujours piégées dans les ruines de la grande ville de Marioupol (sud), "en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants", a alerté M. Zelensky dans une vidéo publiée mercredi.

A l'hôpital numéro un de Marioupol, les patients sont soignés dans les sous-sols, a indiqué le conseil municipal sur sa page Telegram.

"Les chandelles restent la principale source de lumière. Ils essaient d'économiser le carburant le plus possible, donc les générateurs diésel ne sont utilisés que pour les opérations complexes", a raconté le conseil, ajoutant qu'entre 600 et 700 habitants des environs se sont également réfugiés dans cet hôpital.

Plus de 3,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, indique le décompte de l'ONU publié mercredi. Au total, quelque dix millions de personnes, soit un quart environ de la population du pays, ont été forcées de quitter leur foyer.

L'Assemblée générale de l'ONU regroupant 193 Etats devrait adopter jeudi une nouvelle résolution qui va "exiger" de la Russie un arrêt "immédiat" de la guerre en Ukraine.


Justin Trudeau fait face à une motion de censure au parlement canadien

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (C) écoute le président américain Joe Biden s'exprimer lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (C) écoute le président américain Joe Biden s'exprimer lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • Ce vote de confiance imposé par une opposition conservatrice largement en tête dans les sondages
  • Le vote sur la motion aura lieu mercredi et les deux autres partis d'opposition ont déjà indiqué qu'ils voteraient contre, ce qui maintiendrait au pouvoir le gouvernement de Justin Trudeau.

OTTAWA : Le principal rival de Justin Trudeau au parlement canadien a déposé mardi une motion de censure pour tenter de faire tomber son gouvernement libéral minoritaire, dont la popularité est au plus bas.

Ce vote de confiance imposé par une opposition conservatrice largement en tête dans les sondages survient après que Justin Trudeau a perdu il y a quelques semaines le soutien de son principal allié de gauche, qui a mis fin à l'entente politique visant à le soutenir.our s

Le chef conservateur Pierre Poilievre a vertement critiqué dans un discours le gouvernement de M. Trudeau, qu'il juge incapable de faire face à la hausse du coût de la vie, à la crise du logement et à la criminalité, alors que la dette nationale a doublé.

S'il était élu Premier ministre, il a déclaré qu'il mettrait en place "un plan sensé p

Supprimer la tarification sur les émissions de carbone", et qu'il allait "construire des logements, redresser le budget et mettre fin à la criminalité".

Au pouvoir depuis une dizaine d'années, le Parti libéral de Justin Trudeau cumule les revers politiques depuis le début de l'été alors que des élections législatives doivent se tenir d'ici à la fin octobre 2025.

Le Premier ministre a reconnu que les Canadiens traversaient "une période très difficile" lors d'un entretien lundi soir à l'émission américaine Late Show de Stephen Colbert.

"Les gens souffrent. Ils ont du mal à faire leurs courses, à payer leur loyer, à faire le plein d'essence" et ils "envisagent un changement", a-t-il déclaré, tout en assurant vouloir "continuer à se battre".

Le vote sur la motion aura lieu mercredi et les deux autres partis d'opposition ont déjà indiqué qu'ils voteraient contre, ce qui maintiendrait au pouvoir le gouvernement de Justin Trudeau.

Selon un sondage réalisé la semaine dernière, les conservateurs devancent très largement les libéraux, avec 45% d'intention de vote au niveau national contre 25%.

La plupart des analystes tablent sur des élections au plus tôt au printemps 2025.


A l'ONU, l'émir du Qatar accuse Israël de "génocide" à Gaza

L'émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024.( Photo AFP)
L'émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024.( Photo AFP)
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NEW-YORK : La guerre menée par Israël dans la bande de Gaza est un "crime de génocide", a accusé mardi l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

"L'agression flagrante du peuple palestinien dans la bande de Gaza aujourd'hui est l'agression la plus barbare, abominable, étendue, violant les valeurs humaines et les conventions et droits internationaux. Ce n'est pas une guerre respectant le concept de la guerre, mais plutôt un crime de génocide", a-t-il déclaré.

 


Lula juge "inacceptable" la composition du Conseil de sécurité de l'ONU

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège des Nations Unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège des Nations Unies à New York, le 24 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • "L'exclusion de l'Amérique latine et de l'Afrique des sièges permanents au Conseil de sécurité est un reflet inacceptable des pratiques de domination de la colonisation", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva.
  • Le Brésil, l'Allemagne, le Japon et l'Inde ont appelé à une réforme "urgente" du Conseil, demandant l'augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents.

NEW-YORK : Il est "inacceptable" que l'Amérique latine et l'Afrique n'aient pas de siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, a dénoncé mardi le président brésilien à la tribune de l'Assemblée générale.

"L'exclusion de l'Amérique latine et de l'Afrique des sièges permanents au Conseil de sécurité est un reflet inacceptable des pratiques de domination de la colonisation", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva.

Le Brésil, l'Allemagne, le Japon et l'Inde, associés dans leur revendication, réclament depuis longtemps un siège permanent au Conseil qui en compte aujourd'hui cinq (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine) auxquels s'ajoutent dix membres non permanents élus pour deux ans en respectant une représentativité géographique.

Dans un communiqué commun publié mardi, les quatre pays ont appelé à une réforme "urgente" du Conseil, demandant l'augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents, en soutenant spécifiquement une meilleure représentation de l'Afrique, de l'Asie-Pacifique, de l'Amérique latine et des Caraïbes. Ils ont également répété leur soutien à leur aspiration commune à devenir membres permanents.

Ces déclarations interviennent alors qu'il existe un certain nouvel élan pour le serpent de mer que représente la réforme du Conseil de sécurité largement paralysé par le pouvoir de véto des membres permanents.

Dimanche, les Etats membres de l'ONU se sont engagés dans le "Pacte de l'avenir" à une réforme de cet organe clé au fonctionnement largement hérité des rapports de force de l'après Seconde guerre mondiale, pour le rendre "plus représentatif" et plus "efficace".

Ils ont en particulier souligné la priorité de "réparer l'injustice historique" de l'Afrique, qui réclame deux membres permanents au Conseil (avec un droit de véto si le véto n'est pas aboli).

Mais le Pacte ne cache pas les désaccords qui persistent, notamment le nombre de nouveaux membres et l'avenir du droit de véto.

Le président américain Joe Biden a répété mardi son soutien à l'expansion du Conseil.

Son ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a annoncé récemment que les Etats-Unis soutenaient désormais la création de deux sièges permanents pour l'Afrique, en supplément à ceux réclamés par le Japon, l'Allemagne et l'Inde.

Mais "aucun membre permanent ne veut abandonner son droit de véto, nous y compris, je suis honnête", avait-elle reconnu.

Une réforme du Conseil nécessitant d'être adoptée et ratifiée par les deux tiers des 193 Etats membres de l'ONU, dont tous les membres permanents du Conseil, les experts estiment plus qu'improbable une percée dans le contexte actuel de divisions géopolitiques mondiales.