Le président libanais provoque l’ire des chrétiens en défendant le Hezbollah au Vatican

Le pape François en compagnie du président libanais, Michel Aoun, lors d’une audience privée au Vatican. (Photo, AFP)
Le pape François en compagnie du président libanais, Michel Aoun, lors d’une audience privée au Vatican. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Le président libanais provoque l’ire des chrétiens en défendant le Hezbollah au Vatican

Le pape François en compagnie du président libanais, Michel Aoun, lors d’une audience privée au Vatican. (Photo, AFP)
  • M. Aoun a déclaré que les armes du Hezbollah n’avaient «aucune influence» sur la situation sécuritaire des Libanais
  • Les propos du président ont poussé le patriarche maronite, Bechara Boutros al-Raï, à réaffirmer sa position sur l’importance de la neutralité du Liban

BEYROUTH: Le président libanais, Michel Aoun, a provoqué l’ire des chrétiens en défendant le Hezbollah lors de sa visite au Vatican. 

Dans une interview avec le quotidien italien La Repubblica, M. Aoun a déclaré que les armes du Hezbollah n’avaient «aucune influence» sur la situation sécuritaire des Libanais et que «la résistance à l’occupation (israélienne)» n’était pas du terrorisme. 

Ses propos ont poussé le patriarche maronite, Bechara Boutros al-Raï, à réaffirmer sa position sur l’importance de la neutralité du Liban. 

Mercredi, le plus haut dignitaire religieux chrétien du Liban a indiqué à la chaîne MTV que le pays n’était pas un terrain de conflit et que son intérêt résidait dans la neutralité qui, selon lui, maintenait sa souveraineté et le préservait d’Israël et d’autres éléments hostiles. 

Les internautes ont manifesté leur colère en partageant des photos d’événements où les armes du Hezbollah ont été «utilisées contre les chrétiens et non pour les défendre». 

Parmi ces événements figurent les assassinats de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, du pilote Samer Hanna et des opposants du Hezbollah, Hachem Suleimane et Lokman Slim. 

Les activistes ont également évoqué un conflit militaire survenu le 7 mai 2008 entre les milices du Hezbollah et les sunnites progouvernementaux, à la suite d’une crise politique de dix-huit mois devenue incontrôlable. 

Ils ont également mentionné les affrontements qui ont éclaté dans le quartier de Tayouné à Beyrouth en octobre dernier entre le Hezbollah et le mouvement Amal d’une part, et des tireurs non identifiés et les forces armées d’autre part. 

Les activistes ont affirmé que la position du président au Vatican ne les représentait pas et lui ont rappelé que le Hezbollah figurait «sur la liste des organisations terroristes des pays du monde, y compris la Ligue arabe et le Conseil de coopération du Golfe». 

Mercredi matin, plusieurs jeunes de Tripoli, pour la plupart sunnites, ont écrit sur les murs de la ville des slogans anti-iraniens rejetant «l’occupation iranienne». Leurs actions ont été filmées et publiées sur les réseaux sociaux. 

M. Aoun s’est rendu au Vatican en début de semaine sous le slogan «Les chrétiens se portent bien». Ceci a suscité la surprise, notamment au sein de l’Église maronite, dont l’un des responsables a noté que le patriarche «met constamment en garde» dans ses sermons contre la migration des jeunes chrétiens et l’effondrement des secteurs et des institutions établis par les chrétiens. 

La déclaration du Vatican se limitait à la rencontre entre le pape François et Aoun, soulignant «les graves problèmes socio-économiques que connaît le pays, ainsi que la situation des réfugiés». 

Elle exprimait l’espoir que l’aide mondiale parviendra au Liban, que les prochaines élections législatives seront organisées et que «les réformes nécessaires contribueront à renforcer la coexistence pacifique entre les différentes communautés religieuses» qui vivent au pays des cèdres. 

La déclaration insistait également sur la «demande de justice» dans l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth. 

Des messages sur les plates-formes du Hezbollah et de ses partisans ont tenté de laisser entendre qu’il y avait un désaccord «entre le Vatican et le patriarche Al-Raï vis-à-vis du Hezbollah». 

L’ancien député Fadi Karam, secrétaire du bloc parlementaire de la République forte, a déclaré que «M. Aoun, à travers sa visite au Vatican et ses déclarations, a tenté d’acquitter le Hezbollah en disant qu’il protège les chrétiens au Liban. Cela est le summum du mensonge et de l’offense au Liban et contredit complètement la vérité.» 

«Le Hezbollah et M. Aoun sont ceux qui ont mené le Liban à son effondrement et à l’enfer, et il est nécessaire de corriger le discours du président car il a tort», a-t-il indiqué à Arab News. 

Il a nié l’existence d’un désaccord entre le Vatican et le patriarche Al-Raï, et a mentionné que le Vatican n’approuvait pas le discours du président Aoun et qu’«il s’est concentré dans sa déclaration finale sur l’identité du Liban». 

«M. Aoun a tenté de disculper le Hezbollah pour permettre à son gendre Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre, de devenir le prochain président lors des prochaines élections parlementaires du 15 mai», a-t-il ajouté. 

«C’était l’objectif de sa visite. Cependant, M. Aoun n’a pas réussi à acquitter le Hezbollah, ce qui est impossible à réaliser à la base. Son discours n’est plus entendu ni en Orient ni en Occident, ni dans les milieux politiques et financiers.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


La reprise de la guerre à Gaza a «déclenché un nouvel enfer», affirme le CICR

La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (AFP)
La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (AFP)
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  • "Gaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d'aide et de dignité à grande échelle"
  • "Cela inclut le traumatisme des familles des otages israéliens qui font face à un cauchemar sans fin, et des familles des prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté

DOHA: La reprise de la guerre à Gaza a "déclenché un nouvel enfer" dans le territoire palestinien où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque le 7 octobre 2023, a averti lundi le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"Gaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d'aide et de dignité à grande échelle, et juste au moment où le cessez-le-feu (...) laissait croire aux gens qu'ils avaient survécu au pire, un nouvel enfer s'est déclenché", a déclaré Pierre Krähenbühl lors d'une conférence sur la sécurité à Doha, au Qatar, l'un des pays médiateurs.

"Cela inclut le traumatisme des familles des otages israéliens qui font face à un cauchemar sans fin, et des familles des prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté.

Selon lui, "plus de 400 travailleurs humanitaires et 1.000 travailleurs de la santé ont été tués à Gaza, parmi lesquels 36 de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge".

"Cette horreur et cette déshumanisation nous hanteront pendant des décennies", a-t-il encore dit.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le territoire israélien, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Plus tôt cette année, les deux parties sont convenues d'une trêve qui a duré près de deux mois, avant que Israël ne reprenne son offensive militaire dans la bande de Gaza le 18 mars.

Depuis cette date, les opérations militaires de l'armée israélienne ont fait au moins 2.151 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas qui fait désormais état de 52.243 morts depuis le 7 octobre 2023.


Yémen: le bilan des frappes américaines sur un centre de détention de migrants monte à 68 morts 

Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts. (AFP)
Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts. (AFP)
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  • Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts
  • "La défense civile a annoncé que 68 migrants africains avaient été tués et 47 blessés dans l'agression américaine ayant visé un centre (abritant des) migrants illégaux dans la ville de Saadah"

SANAA: Des médias des rebelles houthis au Yémen ont affirmé lundi que le bilan des frappes américaines ayant visé un centre de détention de migrants dans le nord du Yémen était monté à 68 morts.

"La défense civile a annoncé que 68 migrants africains avaient été tués et 47 blessés dans l'agression américaine ayant visé un centre (abritant des) migrants illégaux dans la ville de Saadah", a rapporté la chaîne de télévision des rebelles, Al-Massirah.

 


Israël frappe un fief du Hezbollah près de Beyrouth

Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés. (AFP)
Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés. (AFP)
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  • Des chaînes de télévision locales ont rapporté que le bâtiment ciblé était un "hangar" et ont diffusé des images montrant un important incendie éclatant sur place
  • Dimanche également, l'armée israélienne, qui a maintenu des troupes dans le sud du pays, frontalier du nord d'Israël, a dit avoir "éliminé un terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban

BEYROUTH: Israël a frappé dimanche la banlieue sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis le cessez-le-feu ayant mis fin à plus d'un an de guerre entre le Hezbollah et Israël, qui dit avoir visé un entrepôt de "missiles de précision" du mouvement.

Après la frappe contre le bastion du groupe pro-iranien, près de la capitale libanaise, les autorités ont demandé aux garants de l'accord de cessez-le-feu de "contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques".

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, disant viser combattants et infrastructures du mouvement très affaibli par la guerre et qui affirme respecter le cessez-le-feu.

Un journaliste de l'AFP a vu de la fumée s'élever au-dessus d'un bâtiment dans le quartier de Hadath après la frappe, l'agence de presse libanaise Ani faisant état de trois missiles tirés.

Des journalistes de l'AFP à Beyrouth ont entendu les sirènes des ambulances se dirigeant vers la banlieue sud.

La frappe est intervenue après un appel sur X de l'armée israélienne à évacuer de manière "urgente", laissant présager une frappe sur "des installations appartenant au Hezbollah" dans cette zone.

Des chaînes de télévision locales ont rapporté que le bâtiment ciblé était un "hangar" et ont diffusé des images montrant un important incendie éclatant sur place.

"Sur instruction du Premier ministre (israélien Benjamin) Netanyahu et du ministre de la Défense Katz, l'armée a frappé avec force un entrepôt à Beyrouth où le Hezbollah avait stocké des missiles de précision, constituant une menace significative pour l'Etat d'Israël", a annoncé le bureau de M. Netanyahu dans un communiqué.

"Israël n'autorisera pas le Hezbollah à se renforcer ni à faire peser une quelconque menace de n'importe où au Liban", ajoute ce communiqué.

"Panique" 

L'armée a accusé le Hezbollah de "violation flagrante" des dispositions de la trêve entre Israël et le Liban, pour avoir stocké selon elle des missiles sur le site visé.

Le président libanais Joseph Aoun a appelé les Etats-Unis et la France, garants de l'accord de cessez-le-feu, à "assumer leurs responsabilités et contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques".

M. Aoun a mis en garde contre "la poursuite par Israël de ses actes de déstabilisation", qui aggravent les tensions et risquent "de saper la sécurité et la stabilité de la région".

La représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis, a indiqué que la frappe avait "semé la panique et la crainte d'une reprise des violences parmi ceux qui aspirent désespérément à un retour à la normale".

"Nous exhortons toutes les parties à cesser toute action susceptible de compromettre davantage l'accord de cessation des hostilités et la mise en œuvre de la résolution 1701" qui a servi de base à l'accord de cessez-le-feu, a-t-elle ajouté.

Le 1er avril, une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth a tué un responsable du Hezbollah. Une autre frappe avait visé ce même secteur le 28 mars, pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la trêve.

Dimanche également, l'armée israélienne, qui a maintenu des troupes dans le sud du pays, frontalier du nord d'Israël, a dit avoir "éliminé un terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban, où le ministère libanais de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone dans la matinée.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, son fief, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée.