TUNIS : Le Syndicat national des journalistes (SNJT) a accusé mercredi le pouvoir en Tunisie d'instrumentaliser les appareils de l'Etat pour "faire taire" les journalistes, après le placement en détention d'un correspondant ayant refusé de dévoiler ses sources.
Khalifa Guesmi, journaliste de la radio tunisienne privée Mosaïque FM, a été arrêté le 18 mars au nom d'une loi antiterroriste, après la publication sur le site de la station d'un article qu'il a écrit sur le démantèlement d'une "cellule terroriste" et l'arrestation de ses membres.
Deux autres journalistes de cette radio parmi lesquels le rédacteur en chef Houcine Dabbabi ont reçu une convocation pour se présenter vendredi devant un juge d'instruction au pôle judiciaire antiterroriste dans le cadre de cette affaire.
Dans l'article en question, retiré du site à la demande des autorités, M. Guesmi, correspondant de Mosaïque FM à Kairouan (centre), avait affirmé qu'un ancien militaire et un professeur universitaire figuraient parmi les membres de la cellule démantelée.
"C'est une atteinte à la liberté de la presse ... et atteinte au droit des journalistes à l'accès à l'information", a déploré lors d'une conférence de presse Mahdi Jlassi, président du SNJT.
Selon lui, l'arrestation du journaliste est le "cas le plus grave depuis la révolution (de 2011) et surtout depuis le 25 juillet", lorsque le président Kais Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs.
"C'est révélateur d'une politique qui instrumentalise les appareils de l'Etat pour faire taire et intimider les journalistes", a-t-il dit.
Cette arrestation est "une atteinte au droit des journalistes à protéger leurs sources", garanti par la loi, a-t-il ajouté, dénonçant comme des "mensonges" les assurances des autorités sur le respect de la liberté de la presse.
Mardi, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a réclamé dans un communiqué "la libération immédiate" du Khalifa Guesmi.
"Le président Saied a le devoir de défendre la liberté de la presse et d'assurer la sécurité de nos collègues dans l'exercice de leurs fonctions. Nous ne pouvons tolérer que les journalistes continuent d'être pris pour cible", a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger.