Eclipsée par l'Ukraine, une impasse politique risque de dégénérer en Libye

Des membres des forces armées libyennes loyales au gouvernement basé à Tripoli participent à une parade de remise de diplômes militaires dans la ville de Misrata, au nord-ouest de la Libye, le 3 mars 2022. (AFP)
Des membres des forces armées libyennes loyales au gouvernement basé à Tripoli participent à une parade de remise de diplômes militaires dans la ville de Misrata, au nord-ouest de la Libye, le 3 mars 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 22 mars 2022

Eclipsée par l'Ukraine, une impasse politique risque de dégénérer en Libye

  • Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest, la Libye se retrouve depuis début mars avec deux gouvernements rivaux
  • Certains analystes estiment que Moscou pourrait jouer de son influence pour perturber la production pétrolière en Libye et maintenir le marché sous pression

TRIPOLI: Au moment où tous les regards sont tournés vers l'Ukraine, des médiateurs s'activent pour éviter qu'une impasse politique inextricable ne dégénère en une nouvelle guerre en Libye, où la Russie joue un rôle de premier plan.


Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest, la Libye se retrouve depuis début mars avec deux gouvernements rivaux, comme elle l'a été entre 2014 et 2021, alors en pleine guerre civile après le renversement du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. 


Un gouvernement présenté par l'ancien ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, approuvé par le Parlement siégeant dans l'Est, est en effet en concurrence avec le cabinet en place à Tripoli, issu des accords politiques parrainés par l'ONU et dirigé par Abdelhamid Dbeibah qui refuse de céder le pouvoir sinon à un exécutif issu d'élections.


Or M. Bachagha a formé son gouvernement après avoir noué une alliance avec l'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar, principal allié de Moscou en Libye où il est soutenu militairement par des mercenaires de la compagnie privée Wagner liée au Kremlin.


Le 10 mars, des groupes armés favorables à M. Bachagha avaient pris position aux portes de Tripoli pour le soutenir face à l'exécutif en place, faisant craindre une reprise des hostilités et l'effondrement d'un cessez-le-feu qui tient bon an mal an depuis octobre 2020.

«Pari perdu»
"Bachagha a parié sur la politique du fait accompli, convaincu qu'avec la confiance du Parlement (...) il pourrait évincer sans difficulté le gouvernement soutenu par la communauté internationale. Mais il s'est vite rendu compte que c'était un pari perdu", souligne Khaled al-Montasser, professeur de relations internationales à l'université de Tripoli.


L'émissaire du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Stephanie Williams, et l'ambassadeur des Etats-Unis, Richard Norland, ont dû déployer une intense activité diplomatique pour éteindre la mèche après la mobilisation des groupes armés pro-Bachagha, et s'efforcent depuis de favoriser une sortie de crise négociée.


La semaine dernière, les principales puissances au Conseil de sécurité ont affiché lors d'une réunion à l'ONU une grande prudence à l'égard de cette crise politique, sans prendre parti. Sauf la Russie qui a ouvertement apporté son soutien au nouvel exécutif réfuté par Tripoli


"L'exécutif libyen est confronté à une crise qui pourrait, si elle n'est pas résolue, conduire à l'instabilité et à des gouvernements parallèles dans le pays", a averti Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, en ouverture de la session au Conseil de sécurité.

«Arrêt de mort»
"La communauté internationale et notamment les Etats-Unis ne souhaitent pas voir une reprise du conflit en Libye, en particulier dans le contexte actuel de la guerre russo-ukrainienne", souligne l'analyste politique Faraj Al-Dali.


Si émissaires et diplomates se gardent à ce stade d'évoquer ouvertement la possibilité de voir la Russie souffler les braises en poussant le camp de Haftar à installer le gouvernement de Bachagha par la force à Tripoli, certains analystes estiment que Moscou pourrait jouer de son influence pour perturber la production pétrolière en Libye -- 1,2 million de barils par jour -- et maintenir le marché sous pression.


Des groupes loyaux au camp Haftar ont en effet menacé la semaine dernière de fermer les terminaux pétroliers dans l'Est du pays, au moment où les pays industrialisés poussent les membres de l'Opep, dont fait partie la Libye, à augmenter leur production pour soulager le marché.


"Un tel blocus servirait certainement les intérêts de la Russie, car il ferait encore grimper les prix du pétrole", a estimé Wolfram Lacher, expert de la Libye à l'Institut allemand SWP.


Indépendamment d'une quelconque influence russe, le recours à l'option militaire est "théoriquement possible" pour M. Bachagha, car il peut compter sur des groupes armés influents dans l'Ouest du pays, estime M. Montasser, le professeur de relations internationales.


Mais cela reviendrait à "signer l'arrêt de mort" de son propre gouvernement en le poussant vers "un conflit armé qui peut durer des mois, voire des années",  met-il en garde.


Vu que les deux camps ont tout à perdre et rien à gagner d'une reprise des hostilités, un "dialogue politique" reste la voie la plus concevable pour arriver à un compromis "moyennant quelques concessions" de part et d'autre, conclut-t-il.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.