PARIS: Les candidats à la présidentielle redoublent d'efforts lundi dans une campagne impactée par la guerre en Ukraine les obligeant à se positionner, à l'image de Marine Le Pen, qui a d'abord annoncé son absence à l'Assemblée pour l'intervention du président ukrainien, avant de se raviser.
A 20 jours du scrutin, c'est la dernière ligne droite et l'heure est à la mobilisation générale pour conjurer une abstention qui pourrait être élevée. Si Emmanuel Macron, donné à environ 30% au premier tour dans les sondages, fait figure de grand favori, la deuxième place est plus indécise avec un seuil pour accéder au second tour historiquement bas, en-dessous des 20% d'intentions de vote.
Après le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a réussi à rassembler dimanche à Paris des dizaines de milliers de sympathisants, son rival d'extrême droite Eric Zemmour compte bien faire de même le 27 mars au Trocadéro.
Et entre ces deux grands rassemblements de la semaine, l'Ukraine s'invite de nouveau dans cette drôle de campagne avec le président Volodymyr Zelensky qui interviendra mercredi en direct par vidéo devant les députés et sénateurs français, quasiment un mois après l'invasion russe.
Si tous les candidats ont condamné l'offensive russe, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour - tous trois accusés par leurs adversaires de +Poutinophilie+ dans le passé - se montrent critiques quant aux sanctions imposées à Moscou.
Et la candidate du Rassemblement national, donnée par les sondages en seconde position autour de 17/18%, a une nouvelle fois marqué sa différence lundi.
«Pas d'admiration particulière»
Candidat de gauche le mieux placé (autour de 13%), en hausse dans les sondages ces dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon espère bien trouver "cinq points en trois semaines" afin de se qualifier pour le second tour. Le leader insoumis va désormais tenir un grand meeting par semaine, avec un meeting au Prado de Marseille dimanche.
Le Pen n'a «pas d'admiration particulière» pour Zelensky
Marine Le Pen a affirmé lundi qu'elle n'avait "pas d'admiration particulière" pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays a été envahi par la Russie, et qu'elle ne serait pas mercredi à l'Assemblée nationale quand il s'adressera aux députés français, avant finalement de changer d'avis.
"Je ne serai pas présente (mercredi à 15H00 lors de l'intervention par vidéo de Volodymyr Zelensky devant l'Assemblée nationale), j’ai des obligations prises depuis bien longtemps", avait déclaré sur franceinfo lundi matin la candidate du Rassemblement national à la présidentielle et députée du Pas-de-Calais.
Quelques heures plus tard, la candidate s'est ravisée pour finalement annoncer sa présence mercredi à l'Assemblée nationale. "On a bougé une émission" et "avancé une interview d'un jour", a expliqué à l'AFP l'équipe de campagne de la candidate d'extrême droite, qui avait été reçue par Vladimir Poutine lors de la campagne présidentielle de 2017 et continue de rembourser un prêt à un créancier russe.
Interrogée pour savoir si elle avait de l'admiration pour le président ukrainien, Marine Le Pen a répondu: "Non je n’ai pas d'admiration particulière pour M. Zelensky, je crois juste qu’il se comporte comme un chef d’Etat. Et ça ne devrait pas susciter l'admiration, ça devrait être +normal+".
"C’est parce que nos propres dirigeants ne se comportent pas toujours comme des chefs d’Etat qu’on trouve que c’est merveilleux quand les autres le font", a-t-elle ajouté.
M. Zelensky "est le président de l'Ukraine, il défend les intérêts de l’Ukraine, il le fait avec beaucoup d'énergie et il fait preuve de patriotisme. Qu'est-ce que je peux avoir à dire sur cela ? Je suis quelqu'un qui défend la souveraineté nationale", a-t-elle encore dit.
Comme on lui demandait si c'était important d'afficher sa solidarité avec le président ukrainien, Mme Le Pen a répondu: "Non, j'ai affiché ma solidarité avec le peuple ukrainien d’abord, à plusieurs reprises, y compris avec les réfugiés dont j’ai dit qu’il fallait les accueillir, dans de bonnes conditions".
Interrogée pour savoir si le président russe Vladimir Poutine était un criminel de guerre, la candidate a dit qu'elle "ne reprenait pas ce terme" parce qu'"on ne négocie pas la paix en insultant une des deux parties". "Certains se font plaisir en multipliant les propos les plus injurieux, les plus agressifs mais ça, ça fait durer la guerre", a-t-elle estimé.
«Chasser l'extrême-droite»
"On peut cette fois se payer le luxe de chasser l'extrême-droite du tableau de l'élection présidentielle dès le premier tour", a affirmé sur LCI le numéro 2 de La France insoumise Adrien Quatennens. "Si la gauche ne veut pas être spectatrice du second tour, elle a un bulletin de vote, c'est Jean-Luc-Mélenchon", a-t-il lancé.
Dans le camp de la candidate de droite Valérie Pécresse, qui accuse le président-candidat d'avoir pillé son programme, on veut toujours y croire malgré les sondages qui la donnent en 4 ou 5ème position.
"Il ne s'agit pas de viser la troisième place, ou quoi que ce soit. L'élection présidentielle c'est un podium à deux", a affirmé Xavier Bertrand (LR), assurant sur Cnews qu'Emmanuel Macron n'a "plus d'idées": "son seul projet, aujourd'hui, c'est de rester au pouvoir".
La candidate LR, qui n'a toujours pas reçu le soutien de l'ex-président Nicolas Sarkozy, présente lundi ses propositions pour la culture et l'Outre-mer.
Dans le camp Macron, les propositions continuent d'être égrenées au fil des jours. Selon le Parisien, le président-candidat réfléchit à une mutualisation de la déclaration d'impôts des couples en union libre, ce qui est aujourd'hui réservé aux ménages mariés ou pacsés, pour réduire leurs impôts
Et Jean Castex sera l'invité du 20h00 de TF1. Non pas en tant que Premier ministre cette fois mais comme soutien du candidat Macron.