Guillaume Duchemin : «Nous continuons de renforcer les ponts culturels entre la France et le Liban»

Guillaume Duchemin  conseiller culturel près l’ambassade de France, et directeur de l’Institut français au Liban (Photo, Arab News).
Guillaume Duchemin conseiller culturel près l’ambassade de France, et directeur de l’Institut français au Liban (Photo, Arab News).
Short Url
Publié le Dimanche 20 mars 2022

Guillaume Duchemin : «Nous continuons de renforcer les ponts culturels entre la France et le Liban»

  • Après la pandémie nous redémarrons avec une multitude d’évènements : théâtre, projections de films
  • Certes de nombreux jeunes quittent le pays, mais n’oublions pas ceux qui restent

BEYROUTH: Malgré le contexte politique et social des plus difficiles que traverse le Liban, l’Institut français ne baisse pas les bras et continue d’affirmer son soutien au pays et à la scène culturelle libanaise en particulier, notamment pendant le mois de la francophonie.  C’est avec le vernissage et le lancement de la plateforme Mon Histoire, Une histoire du Liban à travers ses femmes le 8 mars, que les activités organisées par l’IFL pour le Mois de la francophonie ont démarré. « Après 2 années plus au ralenti à cause de la crise économique, de l’explosion du port et de la pandémie, nous redémarrons avec une multitude d’évènements : théâtre, projections de films, rencontres et des ateliers avec les auteurs jeunesse seront donc au rendez-vous tout au long de ce mois si particulier », déclare a Arab News en français Guillaume Duchemin, conseiller culturel près l’ambassade de France, et directeur de l’Institut français au Liban a la veille de la Journée internationale de la francophonie

« Aujourd’hui nous sommes face à une crise majeure au Liban. Certes de nombreux jeunes quittent le pays, mais n’oublions pas ceux qui restent. Nous voulons parvenir à encourager ces derniers notamment les professionnels de la culture qui ont un rôle réel à jouer dans le développement de ce secteur dans le pays » explique Guillaume Duchemin qui rappelle que l’IFL avait lancé « Nafass » un programme de résidences d’artistes en France destiné à 100 artistes libanais au lendemain de l’explosion du port en aout 2020. « Dans la lignée de ce programme nous développons aujourd’hui les résidences d’artistes dans le sens inverse afin de faire connaitre aux artistes français le Liban, d’y puiser leur créativité mais surtout d’échanger et de travailler avec les artistes libanais afin d’aboutir à des projets communs » affirme le conseiller culturel qui précise vouloir renforcer les collaborations avec les artistes et structures culturelles libanaises au Liban. « Et le mois de la francophonie est une nouvelle occasion pour renforcer nos actions de diffusion culturelle auprès du grand public », confie-t-il. Parmi celles-ci le projet Mon Histoire, Une histoire du Liban à travers ses femmes lancé à l’occasion de la Journée internationale de la femme.  « Une exposition de 40 portraits de femme accompagnée d’une plateforme collaborative pluridisciplinaire et numérique (Monhistoire.org) », précise Guillaume Duchemin. Un projet qui a requis 4 années de préparation et qui comporte trois aspects : une courte biographie romancée, une illustration réalisée par un(e) artiste libanaise et un podcast.

Les activités sont nombreuses et couvrent différents secteurs de la culture notamment le développement des Arts et spectacles vivants, « un secteur important dans notre stratégie » confie le directeur de l’IFL et « la pièce 7teen, un projet collaboratif développé par François Stemmer et préparé avec des adolescents libanais autour de la poésie de Rimbaud comporte à la fois un volet culturel et éducatif ». La pièce de théâtre est programmée du 19 au 22 mars.

« Quand au secteur de la littérature jeunesse, il n’est certainement pas en reste puisque des ateliers et rencontres sont prévues avec les auteurs Aurélie Neyret et Nicolas Pétrimaux les 19 et 22 mars » explique le conseiller culturel.

Programme de l'institut français

Programme de l'institut français
Programme de l'institut français

Soutenir le cinéma libanais

« Soutenir le cinéma libanais nous importe particulièrement et nous avons choisi de placer ce secteur au cœur de notre action » affirme le directeur de l’IFL qui insiste également sur l’impact économique que ce secteur peut constituer au Liban.  « Il est donc tout à fait normal que notre programmation pour le mois de la francophonie accorde une place importante au cinéma » dit en souriant Guillaume Duchemin qui avoue avoir lui-même une sensibilité particulière pour ce secteur. « Le 25 mars constitue un temps fort de la stratégie de collaboration entre les cinémas français et libanais, puisque des équipes de Gaumont, en présence d’Ariane Toscan du Plantier – directrice de la distribution cinéma France et internationale chez Gaumont –, ainsi que des membres d’Unifrance pour l’exportation des films français et du CNC accompagnés de la productrice Anne-Dominique Toussaint, sont à Beyrouth pour débattre de multiples problèmes avec les professionnels libanais du 7e art libanais à la salle Montaigne (Metropolis, Beyrouth DC et Fondation Liban Cinéma…) », précise-t-il. Cette journée, accessible à tous les professionnels du cinéma aura lieu à la salle Montaigne. Cette dernière accueillera le public pour deux 2 tables-rondes sur les thèmes :  Bilan et perspectives du cinéma libanais et les coopérations franco-libanaises – bilan de l’aide d’urgence et perspectives.

Les rencontres sont suivies du Grand Week-end du Cinéma français « un événement inédit que nous organisons et qui offre l’opportunité au public d’assister aux dernières avant-premières françaises, parmi lesquelles « Illusions perdues » qui s’est vu décerner le César du Meilleur film 2022 et « Aline », César de la meilleure actrice, explique Guillaume Duchemin.

Au-delà du mois de la francophonie le directeur de l’IFL précise que l’institut a décidé de « développer une programmation de films français au Liban directement et gratuitement à la salle Montaigne, les films français se faisant de plus en plus rares dans les salles commerciales » explique Guillaume Duchemin. « Nous «(re)lançons tous les mardis soir un programme gratuit et tous publics qui s’intitule « La dernière séance… du mardi ». Le principe de cette programmation, c’est d’avoir un film contemporain et un film de patrimoine. Sans oublier les nombreuses initiatives en soutien à l’industrie du film indépendant. « Nous ne lâcherons jamais ce secteur », conclut le directeur de l’Institut français du Liban.


Syrie: comment le conflit a affecté l'art syrien

L'artiste syrien Ahmad Elias lors de l'ouverture de sa galerie d'art à Riyad ce mois-ci. (Photo fournie)
L'artiste syrien Ahmad Elias lors de l'ouverture de sa galerie d'art à Riyad ce mois-ci. (Photo fournie)
Short Url
  •  L'art syrien a été l'une des formes d'expression de la population depuis le début de la guerre et a continué à l'être par la suite
  • Qu'il soit écrit ou dessiné, l'art est porteur d'un message, d'une émotion ou d'une histoire

RIYAD: En Syrie, il a suffi d'un graffiti sur l'un des murs de Daraa pour que la guerre civile, qui a duré 14 ans, éclate, causant détresse et misère au sein de la population du pays et à l'extérieur de ses frontières.

La guerre civile a détruit toutes les parties de la Syrie, qui était autrefois une société prospère dotée d'une nature fascinante et d'une histoire riche, et a forcé des millions de personnes à fuir le pays pour des sociétés plus sûres et plus stables, emportant avec eux les souvenirs d'un endroit qu'ils considéraient autrefois comme leur patrie.

L'art syrien a été l'une des formes d'expression de la population depuis le début de la guerre et a continué à l'être par la suite. Qu'il soit écrit ou dessiné, l'art est porteur d'un message, d'une émotion ou d'une histoire.

Ahmad Elias, artiste syrien ayant plus de 38 ans d'expérience dans les beaux-arts, a été témoin de la différence avant, pendant et après la guerre.

«Il est naturel pour l'être humain d'être affecté par les événements qui l'entourent. Par ailleurs, l'artiste visuel sera l'un des plus affectés par son environnement, car c'est un être qui porte en lui des sentiments délicats et qui traite des images, de la formation et des couleurs», a-t-il déclaré.

M. Elias est né à Dayr Atiyah, en Syrie, dans les années 1950. Il a plusieurs années d'expérience au cours desquelles il a exposé ses œuvres dans 14 galeries locales et internationales.

«J'appartiens à une génération d'artistes qui ont reçu l'enseignement des pionniers des beaux-arts en Syrie au siècle dernier, dont la plupart ont étudié l'art en Italie et en Égypte», a déclaré M. Elias.

«L'un des professeurs les plus importants dont les conseils m'ont influencé est le professeur Afif al-Bahnasi, qui nous incitait à tirer profit de l'héritage arabe et islamique.»

L'artiste syrien a expliqué à Arab News que son style était également influencé par d'autres artistes, en particulier au cours de ses premières années.

«Au cours de ma longue expérience artistique, j'ai été influencé par le grand artiste Mahmoud Hammad, qui était le doyen de la faculté des beaux-arts à l'époque. Grâce à de nombreuses expositions, j'ai développé mon expérience et introduit des techniques propres à mon art et à mon style», a-t-il déclaré.

M. Elias a eu la chance de ne pas être directement exposé aux désastres de la guerre et aux événements malheureux qui s'y sont produits, mais la signification des événements en cours a tout de même marqué son travail d'une empreinte indélébile.

«Bien que je n'aie pas été directement exposé aux désastres de la guerre et aux événements malheureux qui s'y sont produits, cela a affecté mes œuvres artistiques en termes de connotations de couleurs et de symboles expressifs, malgré ma volonté de tenir ces douleurs à l'écart de l'aspect artistique de mes œuvres, qui se caractérisent par un langage abstrait particulier», a-t-il déclaré à Arab News.

En outre, les artistes qui ont vécu la guerre et ont été témoins de ses horreurs, mais qui n'ont pas quitté la Syrie en tant que réfugiés, ont exprimé les scènes douloureuses dans leur propre style, a déclaré M. Elias.

Certains artistes ont dépeint la destruction et la souffrance humaine de manière réaliste, d'autres ont exprimé la tragédie visible sur les visages, et d'autres encore ont dépeint la tristesse et la douleur sur les visages des personnes endeuillées et les pleurs des femmes et des enfants.

«De nombreux artistes ont dépeint et documenté dans leurs œuvres le déplacement massif et le mouvement des exilés fuyant la mort et la destruction», a-t-il ajouté.

«Ceux qui sont partis à l'étranger et ont vu les bateaux de la mort ont réalisé des œuvres tragiques représentant les bateaux luttant contre les vagues de la mer, y compris les âmes des femmes, des hommes et des enfants, et racontant de nombreuses histoires tragiques et des récits sur les survivants de ces horreurs qui font frémir le corps et interpellent la conscience.»

Décrivant les ravages de la guerre, M. Elias a déclaré: «La guerre et ses tragédies humaines marqueront à jamais l'esprit des Syriens, et la tragédie des Syriens qui ont été victimes de toutes sortes d'injustices, d'abus, de déplacements et de destructions restera un chapitre honteux dans l'histoire de ceux qui prétendent être civilisés, humains et défendre les droits de l'homme.»

D'autre part, l'art syrien est ancien et se distingue par une histoire remarquable qui a été démontrée par les artistes syriens au début du XXe siècle.

Les artistes ont documenté dans leurs œuvres tous les événements que leur pays a traversés, toutes les formes de grandeur et de tragédie.

Selon M. Elias, l'artiste est par nature «un témoin et un documenteur de son époque», à l'instar d'un poète ou d'un écrivain, et tous les arts, quelles que soient leurs différences, se rejoignent dans des orientations et des objectifs communs et unifiés, qu'ils soient visuels, littéraires ou auditifs. Chaque artiste, a-t-il dit, s'exprime dans son propre langage.

«Les beaux-arts syriens, avec leurs racines profondes et leurs fondations solides, restent résistants malgré les années de guerre et de tourmente que le pays et son peuple ont endurées. Ces épreuves serviront probablement de source d'inspiration et de moteur pour la reconstruction et le renouveau. Les artistes, comme toujours, seront au premier plan, car la souffrance devient souvent un puissant catalyseur pour une expression artistique et créative percutante», a déclaré M. Elias.

«Avec la chute de l'ancien régime syrien, désormais relégué aux oubliettes de l'histoire, la Syrie bien-aimée retrouvera son statut noble, radieux et cultivé. Les fondations d'une Syrie moderne seront construites par les mains dévouées de ses honorables citoyens, avec le soutien de ses frères arabes, menés par le royaume frère d'Arabie saoudite et ses dirigeants sages et visionnaires.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Lebo M, compositeur sud-africain, évoque sa visite en Arabie saoudite et les succès de Disney

Lebo M., producteur et compositeur sud-africain (Photo fournie).
Lebo M., producteur et compositeur sud-africain (Photo fournie).
Short Url
  • Connu pour avoir créé le chant d'ouverture caractéristique du "Cercle de la vie" dans le très populaire "Le Roi Lion" de 1994, Lebo M est retourné en studio pour "Mufasa : Le Roi Lion" de 2024 avec une chanson qu'il a composée intitulée "Ngomso"
  • Le talent créatif a apporté son emblématique à Riyad vendredi, en joignant ses forces à celles du célèbre compositeur Hans Zimmer à l'arène Mohammed Abdo, dans le cadre du calendrier d'événements de la Saison de Riyad.

RIYAD : Lors de sa première visite en Arabie saoudite, le producteur de musique et compositeur sud-africain Lebo M s'est entretenu avec Arab News pour évoquer sa longue carrière de créateur de succès Disney.
    
Connu pour avoir créé le chant d'ouverture caractéristique du "Cercle de la vie" dans le très populaire "Le Roi Lion" de 1994, Lebo M est retourné en studio pour "Mufasa : Le Roi Lion" de 2024 avec une chanson qu'il a composée intitulée "Ngomso" et "We Go Together", qu'il a co-composée avec Lin-Manuel Miranda.  

Le talent créatif a apporté son emblématique à Riyad vendredi, en joignant ses forces à celles du célèbre compositeur Hans Zimmer à l'arène Mohammed Abdo, dans le cadre du calendrier d'événements de la Saison de Riyad.

"J'ai eu le privilège de quitter (l'hôtel) et d'aller dans le désert et de ressentir les deux mondes... Je regarde l'évolution d'une société d'un pays en moins de cinq ans (depuis 2018). J'ai apprécié le fait d'être venu ici alors qu'il semble que l'Arabie saoudite s'ouvre au monde sur le plan culturel", a-t-il déclaré à Arab News après le spectacle.

"J'aime interagir et apprendre à connaître le pays à travers les gens, traîner ici et rencontrer des gens.... J'ai l'impression d'arriver en Arabie saoudite pour un nouveau voyage dans une Arabie saoudite qui n'a pas encore été exposée au monde, et c'est vraiment passionnant", a-t-il ajouté. 

Lebo M évolue dans le monde de la musique depuis plus de 40 ans. À l’âge de 13 ans, il donnait déjà son premier concert à Soweto, en Afrique du Sud, en pleine époque de l'apartheid.

Né en 1964, il a été contraint à l'exil à l'âge de 16 ans après s'être rendu au Lesotho pour s'y produire sans carte d'identité ni passeport. Après s'être vu refuser l'entrée en Afrique du Sud, il s'est installé au Lesotho avant de s'installer aux États-Unis.

Pendant cette période, Lebo M a été confronté à l'absence de domicile fixe mais, malgré les difficultés, il a continué à poursuivre sa passion pour la musique.

« Cela n'a jamais tué mon rêve de devenir une personne importante. Quand on vient d'où je viens, quand on grandit entouré de personnes qui meurent jeunes, qui sont arrêtées politiquement, je rêvais de réussir, de m'imposer », a déclaré Lebo M.
"Ma passion a été réorientée et j'ai découvert Lebo M, l'artiste sud-africain, parce que je possédais quelque chose d'unique", s’est-il félicité. 

Sa carrière a démarré après sa rencontre avec Zimmer, qui a reconnu son talent et l'a engagé pour coécrire, coproduire et interpréter la bande originale de "The Power of One" (1992), ce qui lui a valu une reconnaissance mondiale et sa participation au "Roi Lion".
 


Haute couture: Chanel tout en légèreté et en couleurs

Les tailleurs sont revisités et modernisés, avec des jupes plus ou moins courtes, de shorts ou des bermudas, et les robes sont affriolantes de légèreté, en mousseline ou satin, parfois à paillettes. (AFP)
Les tailleurs sont revisités et modernisés, avec des jupes plus ou moins courtes, de shorts ou des bermudas, et les robes sont affriolantes de légèreté, en mousseline ou satin, parfois à paillettes. (AFP)
Short Url
  • Chez Chanel, on commence ainsi la journée par des tailleurs en tweed blanc, jaune pastel, vert d'eau ou parme, on la poursuit dans des tons plus vifs et on la termine avec des robes du soir bleu nuit et noir
  • Les tailleurs sont revisités et modernisés, avec des jupes plus ou moins courtes, de shorts ou des bermudas, et les robes sont affriolantes de légèreté, en mousseline ou satin, parfois à paillettes

PARIS: Chanel a présenté mardi au Grand Palais à Paris sa collection haute couture printemps-été 2025 tout en couleurs et en légèreté, préparée une nouvelle fois sans directeur artistique.

Défilant sur une structure érigée au centre de la nef du Grand Palais, formant le double C iconique de la maison, les mannequins ont dévoilé un nouvelle collection imaginée comme "un scénario chromatique, qui commence à l'aube et redémarre après la nuit", explique dans un communiqué la maison de luxe française.

Chez Chanel, on commence ainsi la journée par des tailleurs en tweed blanc, jaune pastel, vert d'eau ou parme, on la poursuit dans des tons plus vifs et on la termine avec des robes du soir bleu nuit et noir.

Les tailleurs sont revisités et modernisés, avec des jupes plus ou moins courtes, de shorts ou des bermudas, et les robes sont affriolantes de légèreté, en mousseline ou satin, parfois à paillettes, courtes ou longues, quand ce n'est pas les deux à la fois.

Une longue et imposante cape bleu ciel portée sur une robe courte à sequins fait immédiatement penser à un manteau de princesse de conte de fées.

Le tout assorti à des souliers à brides, plats ou à talons, bleu ciel, parme, blanc ou crème, avec le bout pointu noir.

Cette collection a encore été imaginée par le studio de création de l'historique maison après le brusque départ de la directrice artistique Virginie Viard en juin.

Son successeur, le discret et très respecté Matthieu Blazy, a été nommé en décembre mais ne devrait pas présenter de collection avant septembre.