Les Arabes pourraient sauver la mise alors que la guerre en Ukraine menace l'agriculture au Brésil

Avec l'Inde, le Brésil est l'un des principaux acheteurs d'engrais en provenance des pays arabes. (Fourni)
Avec l'Inde, le Brésil est l'un des principaux acheteurs d'engrais en provenance des pays arabes. (Fourni)
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

Les Arabes pourraient sauver la mise alors que la guerre en Ukraine menace l'agriculture au Brésil

  • Selon les experts, les sanctions imposées à la Russie à la suite de l'invasion pourraient provoquer au Brésil une pénurie d'engrais d'environ 25 %
  • Les pays arabes fournissent actuellement 26 % des engrais importés par le Brésil ; les principaux exportateurs sont le Maroc, le Qatar, Oman, l'Arabie saoudite et l'Algérie

SAO PAULO : Le Brésil est le plus grand importateur d'engrais au monde, mais il risque d'être confronté à des problèmes d'approvisionnement pour certains d'entre eux, notamment la potasse, dans les mois à venir, en raison des sanctions internationales imposées à la Russie après son invasion de l'Ukraine.

Toutefois, selon les experts, les pays arabes pourraient intervenir pour aider les entreprises agroalimentaires de ce pays d'Amérique du Sud à faire face à ces pénuries.

Une semaine avant que la Russie ne lance son offensive en Ukraine, le président brésilien Jair Bolsonaro a rendu visite à son homologue russe, Vladimir Poutine, pour discuter, entre autres, des exportations russes d'engrais vers le Brésil. Compte tenu des événements survenus depuis, il semble peu probable que cette visite officielle ait un quelconque effet positif.

28% des importations brésiliennes d'engrais proviennent de Russie et de la Biélorussie. En ce qui concerne les engrais à base de potassium, les deux pays d'Europe orientale fournissent près de la moitié des besoins du Brésil.

La menace d'une éventuelle crise de l'approvisionnement en potasse du Brésil avait déjà augmenté à la mi-2021, lorsque les pays occidentaux ont imposé des sanctions à la Biélorussie en réponse à des violations présumées des droits de l'homme, a déclaré à Arab News Marcelo Mello, le directeur des engrais du réseau de services financiers StoneX Brazil.

« Maintenant, avec la guerre, une crise de l'approvisionnement est devenue inévitable », a-t-il ajouté.

Il estime que la demande au Brésil pour les engrais à base de potassium dépassera l'offre d'environ 25 %.

L'approvisionnement en engrais phosphatés est également menacé, étant donné que la Russie est le troisième exportateur mondial de ces produits, mais une pénurie d'approvisionnement ne semble pas encore inévitable, a déclaré M. Mello.

« Nous ne pouvons  toutefois pas affirmer que cela ne se produira pas », a-t-il ajouté.

Selon Annelise Sakamoto, analyste des engrais à la banque d'investissement Itau BBA, les nations européennes et les États-Unis ont cherché des fournisseurs alternatifs, étant donné que le printemps approche dans l'hémisphère nord. Au Brésil, la situation sera plus préoccupante plus tard dans l'année, a-t-elle déclaré à Arab News.

Le prix des engrais va augmenter en raison de l'offre limitée, a-t-elle ajouté, ce qui entraînera une hausse des coûts pour les producteurs brésiliens.

« Nous avons déjà remarqué l'impact sur le maïs et le soja, dont les prix augmentent », a déclaré Mme Sakamoto.

Selon M. Mello, les engrais représentent actuellement environ 35 % des coûts de plantation des cultures.

Cette semaine, la ministre brésilienne de l'agriculture, Tereza Cristina, s'est rendue au Canada, premier producteur mondial de potasse, pour tenter d'obtenir un approvisionnement supplémentaire.

Toutefois, la solution pourrait également en partie se trouver dans les pays arabes. Le 10 mars, Cristina a rencontré les ambassadeurs des pays d'Afrique du Nord et du Golfe pour discuter de l'augmentation des exportations d'engrais vers le Brésil. La réunion a été mise en relief par la Chambre de commerce arabo-brésilienne, connue sous l'abréviation portugaise CCAB, qui a réalisé une étude sur les avantages potentiels.

Selon Osmar Chohfi, président de la chambre, 26 % des engrais importés par le Brésil proviennent actuellement de pays arabes. Les principaux exportateurs sont le Maroc, le Qatar, Oman, l'Arabie saoudite et l'Algérie.

« Avec la crise européenne, nous avons réalisé qu’encourager l'expansion des exportations arabes pourrait être un moyen d'aider le marché agricole brésilien et en même temps d'augmenter le commerce, ce qui est notre mission », a déclaré Chohfi à Arab News.

Avec l'Inde, le Brésil est l'un des principaux acheteurs d'engrais en provenance des pays arabes. En 2021, les échanges commerciaux se sont élevés à 4,2 milliards de dollars, selon le CCAB. Les engrais azotés, notamment l'urée, et les phosphates sont les principaux types fournis par les nations arabes au Brésil, a précisé Chohfi.

« Mais il existe également un potentiel pour des exportations plus importantes de potasse en Jordanie. Nous allons l'évaluer », a-t-il ajouté.

Les exportations jordaniennes de potasse vers le Brésil se sont élevées à 70 millions de dollars l'année dernière.

Une augmentation des exportations d'engrais des pays arabes vers le Brésil posera quelques problèmes, notamment des problèmes logistiques - il n'existe pas de route maritime directe et les temps de transit sont donc longs - et un manque actuel de sensibilisation des Brésiliens et des Arabes à leurs capacités et exigences respectives.

« Nous sommes en train d'étudier quelles sont les déficiences et les possibilités des Arabes, et quels sont les besoins exacts des importateurs brésiliens », a précisé Chohfi. « Dans les prochains jours, nous verrons plus clair ».

Le CCAB a également souligné le manque d'accords commerciaux qui pourraient faciliter l'ensemble du processus. Il n'existe qu'un seul accord actif, entre l'Égypte et le bloc commercial sud-américain Mercosur, qui a montré des résultats impressionnants en termes de commerce d'engrais en quelques années seulement.

Il a été signé en 2017 et, à la fin de 2021, la valeur des exportations d'engrais égyptiennes vers le Brésil avait augmenté de 263 %, passant de 78 millions à 283 millions de dollars.

Chohfi a déclaré que le Brésil et les nations arabes s'engagent déjà dans des échanges mutuellement bénéfiques dans le secteur agricole et qu'il est donc naturel qu'en période de crise qui menace d'affecter ce secteur, les deux parties envisagent de renforcer leurs relations.

« Le Brésil est le meilleur partenaire des Arabes en Amérique latine », a-t-il déclaré. « Il aide les pays arabes à sécuriser l'accès à des aliments de haute qualité et est le plus grand acheteur de leurs engrais. »

Un autre objectif du CCAB est de promouvoir les coentreprises entre le Brésil et les nations arabes qui peuvent développer la production d'engrais.

« Compte tenu de leurs besoins, les investisseurs brésiliens pourraient être intéressés par le financement direct de la production dans les nations arabes », a souligné Chohfi. « Cela aurait une valeur stratégique pour eux ».


 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »