AL-MUKALLÂ: Les Houthis ont sapé tout espoir de mettre fin à la guerre au Yémen en refusant la dernière offre en date de pourparlers émise par le Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Le CCG proposait de parrainer les négociations à Riyad pour permettre d’atteindre un accord de paix entre les factions belligérantes, ont expliqué des représentants du gouvernement yéménite à Arab News.
Des centaines de politiciens, d'activistes, de responsables de la société civile ont été invités à ces pourparlers, qui se tiendront du 29 mars au 7 avril dans la capitale saoudienne.
Citant une source anonyme, les relais médiatiques de la milice ont confirmé son refus de participer aux négociations à Riyad. Les Houthis ont par ailleurs demandé un allégement des restrictions imposées par la coalition arabe sur l’aéroport de Sanaa et le port d’Hodeidah.
Cela alors que la crise humanitaire s’intensifie au Yémen, ont alerté des responsables d’ONG et du gouvernement.
«On s’est attendu au refus de la milice houthie», a déclaré Abdel Baset al-Qaedi, sous-secrétaire au ministère yéménite de l'Information, à Arab News. «Les Yéménites auraient été surpris si la milice houthie avait accepté de participer aux pourparlers, car cette milice prouve sans cesse qu'elle est un cancer qui doit être éradiqué pour que le Yémen retrouve sa stabilité»
Le gouvernement yéménite a quant à lui accepté l'offre du CCG, s’engageant à soutenir toute initiative de paix, à commencer par le processus actuellement engagé par l’ONU.
Pour Al-Qaedi, «la milice Houthie s'accroche à l'option de la guerre parce qu'elle en profite en accumulant des richesses, en pillant les biens des Yéménites et en usurpant le pouvoir dans les zones qu’elle contrôle.»
Abdelmalek al-Mekhlafi, ancien vice-Premier ministre du Yémen et conseiller du président du pays, a appelé la communauté internationale à exercer une pression collective sur les Houthis dans le but de les contraindre à accepter de négocier. Il a également proposé de mettre en place une trêve humanitaire pendant le Ramadan.
«Le Ramadan est le mois de la miséricorde et de la paix pour les Yéménites, tandis que les Houthis le considèrent comme le mois de la mort et du meurtre. Les Houthis sont les ennemis des Yéménites et les ennemis de la paix et de l'humanité», a posté Al-Mekhlafi sur Twitter.
Des travailleurs humanitaires locaux ont lancé un nouvel appel désespéré aux donateurs pour qu’ils intensifient leur aide au Yémen déchiré par la guerre. Ils craignent que le conflit ukrainien et la crise humanitaire qui en découle puisse absorber une partie des fonds internationaux alloués au pays.
La guerre au Yémen, qui dure depuis plusieurs années, a eu un impact destructeur sur la population locale, selon Jamal Balfakih, coordinateur général du Haut comité de secours du gouvernement yéménite. Aux milliers de déplacés internes s’additionnent une monnaie nationale en chute libre et l’effondrement de l’économique du pays.
Balfakih plaide pour une distribution équitable et transparente des derniers fonds en date des donateurs internationaux. Les secteurs de la pêche et de l’agriculture sont selon lui prioritaires car ils permettraient au pays de soutenir ses besoins alimentaires.
«Les gens ne bénéficieront pas de cette aide si elle n’est pas organisée et si leurs besoins réels ne sont pas pris en compte», a-t-il avisé.
D'autres travailleurs humanitaires yéménites, tels que Saïd Munef qui s'occupe de plusieurs milliers de personnes ayant fui leurs maisons dans les districts du sud de la province de Marib, ont affirmé que les organisations humanitaires internationales avaient déjà réduit les rations alimentaires et l'argent liquide distribués aux personnes déplacées.
Munef a souligné que moins de 30% des personnes déplacées des districts de Maheia, Al-Abedia et Juba avaient bénéficié de l’aide d'organisations internationales.
«Le monde a rapidement et de manière considérable envoyé de l'aide à l'Ukraine depuis le déclenchement de la guerre il y a 17 jours et a tourné le dos à la crise yéménite qui sévit depuis huit ans», a déclaré Munef à Arab News. «Nous avons besoin d'aide pour lutter contre la malnutrition, les mines terrestres et les déplacements massifs.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com