Les Tunisiens boudent la consultation en ligne du président Saied

Des volontaires tunisiens expliquent aux citoyens comment remplir une consultation populaire en ligne, le 14 mars 2022 dans la capitale Tunis. (Photo, AFP)
Des volontaires tunisiens expliquent aux citoyens comment remplir une consultation populaire en ligne, le 14 mars 2022 dans la capitale Tunis. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Les Tunisiens boudent la consultation en ligne du président Saied

  • Lancé le 15 janvier pour recueillir des propositions en vue d'un référendum constitutionnel prévu cet été, ce vaste sondage s'achève dimanche
  • L'affluence sur le portail électronique dédié, www.e-istichara, reste faible avec quelque 412 000 participants, soit 6% du corps électoral

TUNIS : À quelques jours de sa clôture, la consultation populaire en ligne présentée par le président Kais Saied comme une étape clef de son plan pour redresser le pays, laisse toujours indifférents des Tunisiens plus préoccupés par la dégradation de leur situation économique.

Lancé le 15 janvier pour recueillir des propositions en vue d'un référendum constitutionnel prévu cet été, ce vaste sondage s'achève dimanche. 

L'affluence sur le portail électronique dédié, www.e-istichara, reste faible avec quelque 412 000 participants, soit 6% du corps électoral (7,07 millions), selon les statistiques officielles. 

Ces derniers jours, les partisans du président Saied, qui s'est accaparé les pleins pouvoirs fin juillet, faisant vaciller la démocratie balbutiante dans le berceau du Printemps arabe, ont installé des stands dans les rues pour inciter la population à accomplir son "devoir national".

"C'est l'occasion pour chaque Tunisien d'être un acteur et un décideur de l'avenir" du pays, assure à l'AFP, Ilyès Hamdi, 35 ans, un bénévole rencontré sur l'avenue Bourguiba, au centre-ville.

"C'est bien de chercher à connaître l'avis des gens pour mettre en place les réformes nécessaires", abonde Sarra, une fonctionnaire de 32 ans qui fait partie des rares participants que l'AFP a pu rencontrer.

La consultation est un questionnaire abordant la politique, l'économie, les problèmes sociaux, la transition numérique, la santé, la qualité de la vie, l'éducation et la culture. 

«Obstacles»

M. Saied impute la modeste participation à des "obstacles techniques" et à "des tentatives de l'ancien système de faire avorter cette expérience", en allusion à ses détracteurs comme le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire.

Pour encourager la participation, il a enjoint la semaine dernière la Première ministre, Najla Bouden, de rendre l'accès à internet gratuit du 10 au 20 mars, date de la fin de l'opération.

"Le peuple meurt de faim et leur principal souci c'est la consultation", a commenté un internaute.

Le président "veut instrumentaliser le peuple pour réaliser ses objectifs", s'emporte Safia, gérante d'une boutique. 

Son collègue Hassen renchérit: "Les gens s'enfoncent dans la pauvreté et le désespoir et lui nous parle du régime politique! Nous sommes vraiment fatigués!" 

Les réponses à cette consultation serviront de base, selon le président, à une commission d'experts chargée d'élaborer des réformes politiques. Ces dernières seront soumises en juillet à un référendum sur une nouvelle Constitution, que M. Saied veut rendre plus "présidentielle".

De nombreux Tunisiens ont affirmé tout ignorer de cette consultation malgré une campagne de sensibilisation à la télévision nationale. "Ils auraient dû nous chercher sur Instagram, Facebook, Twitter", estime Wajdi, un étudiant.

"Il est clair qu'il y a un manque d'intérêt pour cette consultation", confirme le politologue Hamza Meddeb. 

"Le timing n'était pas bien étudié", explique-t-il, convaincu que la consultation aurait enregistré une participation importante si elle avait été lancée juste après le coup de force de M. Saied le 25 juillet, applaudi à l'époque par de nombreux Tunisiens. Sept mois après, "beaucoup de problèmes ont émergé, démotivant les gens", dit-il.

«Grande arnaque»

Le soutien manifesté le 25 juillet "était un rejet de ce qui se passait avant (un Parlement paralysé, des gouvernements instables, NDLR), avec l'espoir de voir des changements. Mais le président a montré qu'il n'avait pas de projet ni de programme d'amélioration du quotidien des Tunisiens", estime M. Meddeb.

La population est désormais obnubilée par les problèmes économiques: la hausse des prix, le manque de moyens d'un Etat surendetté, et depuis un mois, des pénuries sporadiques d'aliments de base.

"Kais Saied n'incarne plus le changement, il est occupé à ouvrir des fronts: contre Ennahdha, la magistrature, etc.", souligne M. Meddeb.

Ennahdha et diverses formations politiques ont appelé à boycotter la consultation. De surcroît, la société civile, forte de dizaines de milliers d'associations, n'a pas accompagné le mouvement.

Le président "avance seul, trace sa route seul et décide de l'avenir du pays seul", estime M. Meddeb, prévoyant un échec du processus.

M. Saied "utilise les ressources de l'Etat pour réaliser un projet politique personnel! Nous ne sommes pas des figurants (...) de la plus grande arnaque contre le peuple tunisien", dénonçait récemment Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL, anti-islamiste), qui grimpe dans les sondages.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".