PARIS : Si les conséquences économiques de la guerre en Ukraine sont encore difficiles à prévoir, le conflit provoque déjà un "choc de confiance" pour les entreprises et les ménages français, estime mercredi l'Insee, notamment du fait de l'accélération prévue de l'inflation au-delà de 4%.
Les premiers résultats des dernières enquêtes menées par l'Institut national de la statistique montrent ainsi que le moral des chefs d'entreprises et des ménages ressort déjà plombé par le conflit en Ukraine et ses répercussions, en particulier sur l'inflation et l'incertitude qu'il fait peser sur les perspectives pour l'économie française.
La guerre provoque "un choc de prix, d'incertitude et de confiance", a résumé Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee, lors de la présentation à la presse de la dernière note de conjoncture de l'Institut national de la statistique.
Un des effets immédiats est que "la guerre attise l'inflation" déjà existante, a-t-il ajouté.
Après avoir atteint 3,6% en février, un niveau plus vu depuis 2008 mais contenu par le "bouclier tarifaire" mis en place par le gouvernement, l'Insee prévoit ainsi qu'elle dépassera les 4% en mars, puis autour de 4,5% durant le deuxième trimestre, tirée par les prix de l'énergie, des matières premières et alimentaires.
Ces prévisions reposent toutefois sur l'hypothèse d'un prix du baril de pétrole à 125 dollars, soit son niveau atteint au tout début du mois de mars, mais qui a reculé depuis, précise l'Insee.
Difficile pour autant de prévoir la suite avec une conjoncture devenue "plus incertaine". L'Insee ne fournit ainsi plus de prévision d'évolution du PIB pour le deuxième trimestre. Il tablait sur 0,6% jusqu'ici.
Aux incertitudes liées à l'évolution du conflit en Ukraine, à l'impact des sanctions et des "réponses de politique économique" prises pour en tempérer les effets, s'ajoutent celles sur l'épidémie de Covid-19, qui reprend de la vigueur en Chine, détaille l'Insee, qui revient à la prudence qui était sienne au plus fort de l'épidémie de Covid-19.
Outre le "bouclier tarifaire" et la remise sur les carburants, le gouvernement a notamment dévoilé mercredi un ensemble de mesures pour soutenir les entreprises frappées par les répercussions de la guerre en Ukraine.
Consommation et pouvoir d'achat en berne
De son côté la Banque de France avait estimé dimanche que la croissance française pourrait être amputée en 2022 de 0,5 à 1,1 point de pourcentage en fonction de deux scénarios d'évolution des prix du pétrole.
Le gouvernement se prépare aussi à réviser à la baisse sa prévision de croissance de 4% pour 2022, a indiqué lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, jugeant toutefois que l'économie française reste "solide".
En attendant, l'institut prévoit toujours une croissance de 0,3% au premier trimestre, témoignant d'un ralentissement après la hausse de 0,7% du PIB constatée au dernier trimestre 2021.
L'activité a été temporairement pénalisée en janvier par la vague Omicron, et la levée des restrictions sanitaires en février laissait augurer d'une "accélération", qui pourrait être finalement moindre du fait des premières conséquences de la guerre en Ukraine, détaille l'Insee.
La consommation des ménages est notamment attendue en recul de 0,5% sur le trimestre, alors que leur pouvoir d'achat devrait reculer de 1,4%, grévé par l'inflation. La croissance reposerait ainsi majoritairement sur la reconstitution de leurs stocks par les entreprises.
L'Insee prévoit aussi un ralentissement de l'emploi salarié, avec 15 000 créations attendues, contre +35 000 dans sa précédente prévision, et qui témoigne du contre-coup de la forte progression de l'emploi intérimaire au dernier trimestre 2021. Le taux de chômage se stabiliserait lui à 7,4% à la fin mars.