Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Un militaire ukrainien monte la garde à un point de contrôle militaire dans le centre de Kiev le 15 mars 2022, le 20e jour de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Un militaire ukrainien monte la garde à un point de contrôle militaire dans le centre de Kiev le 15 mars 2022, le 20e jour de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

  • Poutine a assuré mercredi que son opération militaire en Ukraine était un « succès», affirmant que Moscou ne laisserait pas ce pays devenir une « tête de pont» pour des « actions agressives» contre la Russie
  • Les pourparlers russo-ukrainiens se poursuivaient mercredi avec la proposition, rejetée par Kiev, d'un statut neutre de l'Ukraine sur le modèle suédois ou autrichien

PARIS : Situation sur le terrain, réactions internationales, sanctions: le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

 Zelensky en appelle à Biden 

"Etre le leader du monde, c'est être le leader de la paix": s'exprimant en anglais par visioconférence devant le Congrès américain qui l'a ovationné debout, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a directement interpellé Joe Biden mercredi. Il a exhorté son homologue américain à imposer de toute urgence une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine.

L'Otan a annoncé peu après qu'elle ne déploierait pas de troupes ou de moyens aériens en Ukraine. Elle prépare un renforcement substantiel de sa présence militaire dans les pays alliés sur son flanc oriental, selon son secrétaire général.

Joe Biden doit s'exprimer à 15H45 GMT. Il doit entre autres annoncer une aide sécuritaire supplémentaire à l'Ukraine de 800 millions de dollars.

Poutine revendique un «succès»

Le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que son opération militaire en Ukraine était un "succès", affirmant que Moscou ne laisserait pas ce pays devenir une "tête de pont" pour des "actions agressives" contre la Russie.

Lors d'une réunion gouvernementale diffusée à la télévision, il a aussi comparé l'avalanche de sanctions et condamnations occidentales frappant la Russie aux "pogroms antisémites". Promettant des aides aux particuliers et entreprises, il a assuré que la Russie surmontait le "blitzkrieg" économique occidental. 

Moscou veut la neutralité de l'Ukraine

Les pourparlers russo-ukrainiens se poursuivaient mercredi avec la proposition, rejetée par Kiev, d'un statut neutre de l'Ukraine sur le modèle suédois ou autrichien. 

Le négociateur en chef ukrainien a refusé "un modèle suédois ou autrichien" et réclamé des "garanties de sécurité absolues" face à la Russie dont les signataires s'engageraient à intervenir de leur côté en cas d'agression.

La CIJ donne raison à l'Ukraine

La Cour internationale de justice (CIJ), plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine. 

Les jugements de la CIJ sont contraignants et sans appel, mais la cour n'a aucun moyen de les faire respecter.

Explosions à Kiev, frappes sur Zaporojie 

Plusieurs fortes explosions ont retenti à l'aube mercredi dans l'ouest de Kiev, suivies d'épaisses colonnes de fumées noire dans le ciel de la capitale, placée depuis mardi soir sous couvre-feu jusqu'à jeudi matin.

Des frappes russes ont par ailleurs touché une gare de Zaporojie, ville du sud du pays jusqu'alors épargnée et servant de refuge aux habitants de Marioupol qui fuient via un couloir humanitaire cette cité assiégée.

Selon l'armée ukrainienne, les forces russes ont tiré au lance-roquettes multiple sur des civils fuyant Marioupol, faisant un nombre non précisé de morts.

Dix personnes qui faisaient la queue pour acheter du pain ont été tuées par des tirs russes à Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, a annoncé le parquet général ukrainien.   

Contact entre Washington et Moscou

Le conseiller de Joe Biden pour la sécurité nationale Jake Sullivan s'est entretenu mercredi avec le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev, lors du premier échange officiel de haut niveau entre les Etats-Unis et la Russie depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

Tchernobyl: des employés otages des Russes

Une centaine de techniciens sont coincés à la centrale de Tchernobyl, saisie le 24 février par les troupes russes. Ils terminaient alors leur service de nuit et n'ont pas été autorisés à rentrer chez eux depuis lors. 

Dans des conditions sanitaires dégradées, ils tentent d'assurer la maintenance du site.

30 médias russophones bloqués

Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a bloqué les sites d'au moins 30 médias supplémentaires, a constaté mercredi l'AFP. 

Les sites du média d'investigation Bellingcat, de médias locaux russes, ainsi que de médias russophones basés en Israël et en Ukraine étaient inaccessibles en Russie sans réseau privé virtuel (VPN).

La Russie exclue du Conseil de l'Europe

Le Conseil de l'Europe, garant du respect de l'Etat de droit sur le continent, a exclu officiellement mercredi la Russie en raison de sa guerre lancée contre l'Ukraine, une décision prise au lendemain de l'annonce par Moscou que le pays claquait la porte de cette organisation.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.