L'ancien Premier ministre libanais Siniora ne se présentera pas aux élections

L'ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 7 novembre 2017 (Photo, Reuters).
L'ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 7 novembre 2017 (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

L'ancien Premier ministre libanais Siniora ne se présentera pas aux élections

  • Tout comme Saad Hariri, Fouad Siniora vient d’annoncer qu'il ne se présentera pas aux élections législatives
  • Les élections auront lieu le 15 mai dans un contexte de grave effondrement économique que le Liban endure depuis deux ans

BEYROUTH: Alors que la date limite de dépôt des candidatures pour les élections législatives libanaises se termine mardi à minuit, plus de 875 demandes avaient soumises mardi après-midi.
Le ministre libanais de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, a déclaré que des travaux étaient en cours «pour obtenir les pièces d'identité et les extraits d'état civil, ainsi que tous les autres documents nécessaires aux électeurs.
«Nous nous efforçons de sécuriser l'électricité pendant le processus électoral et jusqu'à la fin du tri des bulletins de vote.»
Les élections auront lieu le 15 mai dans un contexte de grave effondrement économique que le Liban endure depuis deux ans et de la possibilité que le pays glisse vers une nouvelle détérioration dans les mois à venir.
Selon Mawlawi, 7 000 bureaux de vote seront répartis dans tout le Liban.
En janvier, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a annoncé son retrait de la vie politique, convaincu qu'«il n’existe aucune opportunité positive pour le Liban à la lumière de l'influence iranienne, de la confusion internationale, de la division nationale, de la montée des tensions sectaires et de la détérioration de l'État».
Hariri avait également demandé aux membres du Courant du futur, qu'il dirige, de ne pas se présenter aux élections sous le nom du mouvement, sans appeler ses partisans à les boycotter.
L'ancien Premier ministre Tammam Salam et l'actuel Premier ministre Najib Mikati ont également annoncé qu'ils ne soutiendront pas à ces élections. L'ancien représentant du Liban à l'ONU, Nawaf Salam, qui est actuellement membre permanent de la Cour internationale de justice de La Haye, a aussi révélé qu’il ne se présentera pas aux élections législatives.
Siniora a exposé les raisons de son retrait en conférence de presse.  «Ma décision de ne pas me présenter aux élections ne signifie pas que je vais les boycotter; au contraire, j'espère que ma position laisse la place à la nouvelle génération. Je serai pleinement investi dans les élections sous tous leurs aspects, sans pour autant me présenter aux élections» a-t-il déclaré.
Il a incité les citoyens à se rendre aux urnes «afin de ne pas permettre aux opportunistes de gagner du terrain au milieu des appels à boycotter ce devoir national».
Selon des sources proches de Siniora, il cherche à «empêcher le Hezbollah de s’introduire dans l'environnement sunnite, par l'intermédiaire de personnalités sunnites proches de l'axe de résistance mené par le Hezbollah, l'allié stratégique de l'Iran».
Siniora a ainsi appelé «notre peuple à Beyrouth, à Sidon, dans le nord, dans la vallée de la Bekaa, au Mont-Liban et dans tout le Liban à participer à ces élections.»
«La révolte du peuple libanais nous a montré la nécessité de renouveler le sang politique, de soutenir les personnes prometteuses et de faciliter la voie aux experts qui n'avaient pas eu la chance de servir la nation.»
La plus haute autorité religieuse sunnite du Liban, la Dar al-Fatwa, a annoncé qu'elle n'interférera pas dans les élections, ajoutant qu'elle ne soutiendra aucun candidat et aucune liste.
«Notre rôle se limite à conseiller les gens pour qu’ils choisissent le meilleur candidat pour le projet d’édification de l'État et à renforcer l'unité des rangs islamiques sur la base des fondements nationaux», a souligné l'organisation.
Avec le retrait de Hariri de la vie politique, Siniora a tenté de combler le vide au sein de la communauté sunnite. Le Courant du Futur n'est toutefois pas satisfait de ses actions et l'accuse même de trahison.
Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a réagit mardi sur Twitter. «Dans cette crise sociale et économique étouffante que traverse le Liban, nous payons le prix de l’abandon des pays arabes. Nous récoltons les fruits des déclarations mesquines et absurdes des hauts dirigeants contre les pays du Golfe», a-t-il écrit, en faisant référence aux briefings des dirigeants du Hezbollah sur les États du Golfe ces derniers mois.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.