Au temps de la guerre froide, le bunker allemand qui valait 15 milliards

Cochem, situé à une centaine de kilomètres des frontières belge et luxembourgeoise, avait été choisi pour son ancrage loin du rideau de fer et donc pas à portée immédiate des chars russes en cas d'invasion. (AFP)
Cochem, situé à une centaine de kilomètres des frontières belge et luxembourgeoise, avait été choisi pour son ancrage loin du rideau de fer et donc pas à portée immédiate des chars russes en cas d'invasion. (AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Au temps de la guerre froide, le bunker allemand qui valait 15 milliards

  • Les tensions géopolitiques entre l'Est et l'Ouest atteignaient à l'époque leur paroxysme. Que se passerait-il si l'Allemagne était la cible d'une attaque sur son système monétaire ?
  • La pièce maîtresse comprend douze cellules grillagées où, pendant près de 25 ans, ont été stockés jusqu'au plafond quelque 18 300 cartons enfermant les millions de coupures de 10, 20, 50 et 100 marks

COCHEM: La bourgade de Cochem a longtemps ignoré qu'elle vivait avec un trésor enfoui sous les pieds. C'est dans le secret absolu que l'Allemagne y a caché, à l'abri des Soviétiques, une monnaie de secours durant la guerre froide.

Nom de code de l'opération : "BBK II". C'est ainsi que la banque centrale de la République fédérale allemande (RFA), l'Allemagne de l'Ouest, avait baptisé la monnaie qu'elle avait créée de toutes pièces, fabriquant des millions de billets stockés dans un abri antinucléaire.

Petra Reuter a les yeux qui brillent lorsqu'elle évoque cette histoire digne d'un roman d'espionnage : "un montant incroyable de 15 milliards de marks a été entreposé ici", entre 1964 et 1988, explique la sexagénaire désormais propriétaire du bunker souterrain de 1 500 m2.

Les tensions géopolitiques entre l'Est et l'Ouest atteignaient à l'époque leur paroxysme. Que se passerait-il si l'Allemagne était la cible d'une attaque sur son système monétaire ? La monnaie de secours "BBK II" devait entrer en jeu.

"La crainte que de la fausse monnaie soit introduite à travers le rideau de fer afin de nuire à l'économie ouest-allemande" a probablement motivé cette opération un peu folle, explique Bernd Kaltenhaüser, président de l'antenne de la Bundesbank en Sarre et Rhénanie-Palatinat, région où se trouve Cochem. 

A la barbe des espions  
En cas d'attaque, les banquiers centraux voulaient être prêts à "distribuer des séries de remplacement en deux semaines dans tous les recoins de la République", raconte Mme Reuter. 

Lorsqu'elle et son mari ont acheté le bunker en 2016, pour en faire un musée, ils n'imaginaient pas être rattrapés par l'actualité.

Depuis la guerre déclenchée en Ukraine par la Russie, "des gens de notre entourage nous demandent s'il y aurait de la place pour eux en cas d'urgence dans le bunker", assure-t-elle.

Elle a le sentiment d'un "bond en arrière de 60 ans". Spectre de troisième guerre mondiale, risque nucléaire, "les craintes sont les mêmes", confie-t-elle.

Derrière sa lourde porte de fer, l'abri paramilitaire en forme de L, avec ses longs couloirs, sas de décontamination, bureaux équipés de téléscripteurs, téléphones à cadran, rappelle aux visiteurs l'ambiance de la guerre froide.

La pièce maîtresse comprend douze cellules grillagées où, pendant près de 25 ans, ont été stockés jusqu'au plafond quelque 18 300 cartons enfermant les millions de coupures de 10, 20, 50 et 100 marks. 

La face recto des billets parallèles ressemblait à s'y méprendre à celle des marks alors en circulation, le verso s'en différenciant fortement. 

L'approvisionnement en billets du bunker de Cochem a duré des années, moyennant des centaines de rotations de camions, sans que personne, ni les habitants, ni même les espions de la Stasi est-allemande, ne se doute de rien.

Opération «Bernhard»
Il faut dire que la Banque fédérale d'Allemagne avait une couverture idéale : le bâtiment abritant le bunker était officiellement un centre interne de formation et de repos de ses salariés, dans un quartier résidentiel de la commune.

Cochem, situé à une centaine de kilomètres des frontières belge et luxembourgeoise, avait été choisi pour son ancrage loin du rideau de fer et donc pas à portée immédiate des chars russes en cas d'invasion.

Construit à flanc de coteau, l'ouvrage bénéficiait aussi d'une "meilleure résistance en cas d'attaque nucléaire, l'onde de choc passant au-dessus de la vallée", assure Petra Reuter.

"Les citoyens de la commune ont été stupéfaits de découvrir ce trésor, caché depuis si longtemps près de chez eux", témoigne Wolfgang Lambertz, ancien maire de la commune de 5 000 habitants, dans le Land de Rhénanie-Palatinat.

Les leçons de l'histoire ont certainement joué dans la conception du projet : les nazis avaient fomenté pendant la Seconde guerre l'opération "Bernhard", faisant fabriquer par des prisonniers des camps de concentration des Livres Sterling contrefaites avec l'objectif d'en inonder l'Angleterre.

En ajoutant les réserves stockées dans les coffres de la Bundesbank à Francfort, 25 milliards de cette monnaie parallèle auront été imprimés au total, correspondant grosso modo au montant de la masse des billets en circulation en 1963. 

L'ensemble des coupures fut finalement déstocké, passé à la broyeuse puis les filaments brûlés entre 1988 et 1989, année de la chute du Mur de Berlin. 

Créer une monnaie de secours aujourd'hui? " Cela n'aurait plus de sens car il y a moins de fausse monnaie en circulation", souligne M. Kaltenhaüser, les imitations étant rendues très difficiles, et "les paiements en espèces sont moins nombreux".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.