La guerre en Ukraine soulève le risque d’un ordre international fragmenté

Les tentatives pour expulser la Russie de l’Assemblée générale de l’ONU ou de son Conseil de sécurité menacent d’ouvrir une boîte de Pandore, selon les experts. (AFP)
Les tentatives pour expulser la Russie de l’Assemblée générale de l’ONU ou de son Conseil de sécurité menacent d’ouvrir une boîte de Pandore, selon les experts. (AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

La guerre en Ukraine soulève le risque d’un ordre international fragmenté

  • La Fédération de Russie a hérité du siège de l’Union soviétique à l’ONU sans passer par le processus approprié de candidature et d’obtention du siège permanent au Conseil de sécurité
  • Le veto russe au Conseil de sécurité rend très difficile son expulsion ou sa suspension de l’Assemblée générale

NEW YORK: L’ONU fait face à un défi de taille, sans doute le plus important pour l’ordre mondial sur lequel repose l’organisation depuis sa fondation, il y a soixante-seize ans.
La guerre russo-ukrainienne menace de bouleverser l’ONU telle que nous la connaissons; elle annonce potentiellement la fin du multilatéralisme. L’Ukraine et ses alliés au sein de l’ONU tentent de priver la Russie de son vote au Conseil de sécurité et certains vont jusqu’à demander à ce que l’Assemblée générale expulse complètement la Russie de l’ONU.
Ces appels ont surpris les diplomates et les observateurs et ont conduit à des discussions effrénées sur la légalité d’une telle démarche, la probabilité que cela se produise et les répercussions sur l’avenir de l’organisation. Certains comparent même cette initiative à l’ouverture d’une boîte de Pandore. On ne sait pas quelles en seront les limites.
Le premier signe qui montre que les rapports sont ébranlés au sein même de l’ordre mondial s’est manifesté la nuit où la nouvelle de l’attaque russe contre l’Ukraine est parvenue au Conseil de sécurité. Ce dernier tenait alors une réunion présidée par le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, en sa qualité de président du Conseil de sécurité pour le mois de février.
Lors de cette réunion, Sergiy Kyslytsya, ambassadeur de l’Ukraine auprès de l'ONU, a remis en question la légitimité de l’adhésion de la Fédération de Russie à l’ONU et il a déclaré que l’ambassadeur de Russie devrait confier la présidence du Conseil de sécurité à un «membre légitime».
M. Kyslytsya s’est adressé au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui assistait à la réunion et lui a demandé d’exiger du secrétariat de «partager avec les membres du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale deux décisions de décembre 1991 [qui] stipulent que la Fédération de Russie peut être membre de cette organisation et que l’Assemblée générale souhaite la bienvenue à la Fédération de Russie dans cette organisation».
Il soutient que «ce serait un miracle que le secrétariat puisse mettre en place de telles décisions». C’est parce qu’elles n’existent pas.
La Fédération de Russie a hérité du siège de l’Union soviétique à l’ONU sans passer par le processus approprié de candidature et d’obtention du siège permanent au Conseil de sécurité ou d’adhésion à l’Assemblée générale.
Les experts sont sceptiques quant au succès de la décision ukrainienne pour de nombreuses raisons. La principale d’entre elles est le droit de veto de la Russie, qui pourrait être rejointe par la Chine pour empêcher l’expulsion.
Cela ne décourage cependant pas les Ukrainiens de poursuivre leur campagne qui vise à expulser la Russie de l’ONU et à lui retirer son siège permanent au Conseil de sécurité.
Sur Twitter, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé que, lors d’un appel avec Antonio Guterres, il avait évoqué la possibilité de retirer le siège permanent de la Russie après que cette dernière a utilisé son veto pour bloquer l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité condamnant son invasion de l’Ukraine.

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L’ONU a tenu une session extraordinaire d’urgence de l'Assemblée générale pour discuter de l’invasion de l'Ukraine par la Russie et elle a observé une minute de silence à la mémoire des personnes tuées lors du conflit. (AFP)

Dans ses Tweets, M. Kyslytsya surnomme l’ambassadeur de Russie «l’homme qui occupe le siège soviétique». Il fait allusion au fait que la charte de l’ONU n’a pas été modifiée après l’effondrement de l’Union soviétique.
Lorsque la charte nomme les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dans l’article 23, elle mentionne toujours l’Union des républiques socialistes soviétiques comme membre permanent, et non la Fédération de Russie.
Il existe également des procédures d’admission ou d’expulsion d’un membre de l’ONU. Ces règles sont énoncées dans les articles 3, 4, 5 et 6 de la charte des Nations unies. L’article 5 stipule qu’un membre de l’ONU «contre lequel une action préventive ou coercitive a été entreprise par le Conseil de sécurité peut être suspendu par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité, de l’exercice des droits et privilèges inhérents à la qualité de membre».
L’article 6 propose l’expulsion par l’Assemblée générale d’un membre qui «viole de manière persistante» les principes de la charte, mais une telle décision ne peut être prise, là encore, que sur recommandation du Conseil de sécurité.
L’Afrique du Sud avait été suspendue de l’Assemblée générale en 1974 pour sa politique d’apartheid, mais sur recommandation du Conseil de sécurité.

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L’ambassadeur d’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya (à droite), s’entretient avec l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, à New York, le 11 mars dernier. (AFP)

Le représentant de la Tunisie, en sa qualité de président du groupe des États africains à l’ONU, avait alors demandé à ce que le Conseil de sécurité se réunisse pour discuter de l’Afrique du Sud et il avait exhorté le conseil à invoquer l’article 6 de la charte et à expulser l’Afrique du Sud de l’ONU. Le représentant de l’URSS avait également soutenu cette demande.
Le veto russe au Conseil de sécurité rend très difficile son expulsion ou sa suspension de l’Assemblée générale.
Il existe un précédent d’utilisation du droit de veto pour arrêter toute action contre un membre impliqué dans une affaire qui porte atteinte à la paix et la sécurité. Il a été exercé deux fois par l’Union soviétique, la première lors de son vote sur la révolution hongroise, en 1956, et la deuxième lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie, en 1968.
Par ailleurs, après que la Russie a utilisé son veto lors du vote du Conseil de sécurité sur la résolution ukrainienne, le mois dernier, Mona Juul, ambassadrice de la Norvège, a appelé la Russie à s’abstenir de voter dans la mesure où elle fait partie intégrante du conflit.
Elle déclare: «Le veto de l’agresseur sape l’objectif du Conseil de sécurité et, dans l’esprit de la charte, la Russie, en tant que partie au conflit, aurait dû s’abstenir de voter sur cette résolution.»
La Russie affirme qu’elle agit en état de légitime défense, en vertu de l’article 51 de la charte, et que la règle ne s’applique donc pas à son «opération militaire spéciale».
Il est étonnant que la remise en cause de la légitimité du siège russe soit intervenue trente ans après l’effondrement de l’Union soviétique, d’autant plus que personne à l’ONU n’a jamais contesté la transition de l’URSS à la Fédération de Russie.

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Le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations unies, l’ambassadeur Vassili Nebenzia, prend la parole lors d’une conférence de presse hybride. (AFP)

Le 21 décembre 1991, onze des douze anciennes républiques soviétiques qui formaient la CEI (la Communauté des États indépendants, qui a remplacé l’Union soviétique) ont soutenu «l’adhésion de la Russie pour remplacer l’Union des républiques socialistes soviétiques à l’ONU», y compris le siège permanent au Conseil de sécurité, ainsi qu’une place au sein de toutes les organisations de l’ONU.
Boris Eltsine, alors président de la Russie, a informé le 15 décembre 1991 les Américains que la Russie voulait reprendre le siège soviétique au Conseil de sécurité. Il a envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONU dans laquelle il déclarait que la Russie, soutenue par les États de la CEI, maintiendrait son adhésion pour remplacer l’Union soviétique.
En utilisant le mot «maintien», la Russie évite de passer par le processus formel de candidature d’adhésion à l’ONU, qui consiste à obtenir l’approbation du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale par un vote. L’Ukraine affirme aujourd’hui que la Russie aurait dû le faire.
Il convient de rappeler que la transition avait suscité à l’époque un débat juridique pour savoir si la Russie était le «prolongement» de l’Union soviétique ou son «successeur».
Le camp du «prolongement» soutient que la Russie est le noyau de l’Union soviétique. Si cette dernière a cessé d’exister, son noyau – la Russie – constitue un prolongement de l’entité précédente et peut donc hériter de tous ses droits et obligations.
D’autre part, ceux qui voient la Russie comme «successeur» pensent que, avec l’effondrement de l’Union soviétique, son siège au Conseil de sécurité n’existe plus et que la Russie ne peut donc en hériter. Mais peu s’y sont opposés et la Russie demeure à l’abri de toute contestation – jusqu’à ce jour.
Des voix s’élèvent maintenant pour demander d’appliquer la résolution «Union pour le maintien de la paix», qui autorise la tenue de sessions d’urgence de l’Assemblée générale lorsque le Conseil de sécurité est bloqué, afin de priver la Russie de son siège au Conseil de sécurité et même de son adhésion à l’ONU.
Cet appel a trouvé écho dans la capitale américaine, Washington, D.C. Un certain nombre de membres républicains du Congrès utilisent Twitter pour exiger que «la Russie soit expulsée du Conseil de sécurité de l’ONU». L’un de ces sénateurs «prévoit de soumettre une résolution au Congrès pour encourager l’ONU à retirer la Russie du Conseil de sécurité», selon Fox News.

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Cette image satellite, prise et publiée par Maxar le 11 mars dernier, présente un aperçu des bâtiments endommagés et des réservoirs de stockage de carburant en feu à l’aéroport Antonov de Hostomel. (Photo AFP/Image satellite ©2022 Maxar Technologies)

L’administration Biden ne semble pas prête à mener ce combat. Lorsque Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a été interrogée à ce sujet sur CNN, elle a presque rejeté la question en affirmant: «La Russie est membre du Conseil de sécurité. C’est dans la charte des Nations unies.»
Les experts en matière de règles et de procédures de l’ONU sont très sceptiques «quant à la possibilité de priver la Russie de son adhésion à l’ONU», comme le déclare à Fox News Richard Gowan, directeur de l’ONG Crisis Group auprès de l’ONU. Il affirme: «La Russie pourrait réduire à néant le processus avec son veto.»
La question fera également face à une forte résistance de la part des membres de l’ONU, y compris le P5, puisqu’elle posera un précédent selon lequel tout membre du P5 pourrait subir le même sort à l’avenir.
Les diplomates, à l’ONU, s’accordent à dire que ce processus ne se développera pas. La Russie bénéficie toujours d’un soutien à l’Assemblée générale, bien que 141 membres aient voté en faveur de la résolution qui condamne son invasion de l’Ukraine.
De nombreux pays ont voté pour la résolution soit en raison de pressions politiques, soit pour soutenir les principes de la charte des Nations Unies. L'expulsion de la Russie du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale est considérée comme une question politique qui divisera cette dernière et pourrait même mettre l’ONU elle-même et l’ordre international en danger.
Il est même fort peu probable que le monde en développement, quelles que soient les pressions exercées, envisage cette possibilité en l’absence de changements spectaculaires dans l’équilibre des forces sur le terrain dans ce conflit.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.

 

 


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".