Reprise des pourparlers Russie-Ukraine, la guerre touche l'Ouest ukrainien

Les vice-ministres avant les pourparlers entre les délégations de l'Ukraine et de la Russie dans la région de Brest en Biélorussie, le 7 mars 2022 (Photo, AFP).
Les vice-ministres avant les pourparlers entre les délégations de l'Ukraine et de la Russie dans la région de Brest en Biélorussie, le 7 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Reprise des pourparlers Russie-Ukraine, la guerre touche l'Ouest ukrainien

  • Des milliers de militaires ont perdu la vie depuis près de vingt jours et le lancement de l'invasion russe du territoire ukrainien, le 24 février
  • Côté civils, au moins 596 personnes ont péri, selon un décompte de l'ONU qu'elle estime sans doute très inférieur à la réalité

KIEV: Une nouvelle session de pourparlers entre responsables russes et ukrainiens se tient lundi matin, sous des auspices plus positifs que les précédentes, même si le conflit s'est étendu ces derniers jours à l'ouest de l'Ukraine, aux portes de l'Otan.

Des milliers de militaires ont perdu la vie depuis près de vingt jours et le lancement de l'invasion russe du territoire ukrainien, le 24 février: Kiev faisait état samedi d'"environ 1 300" soldats ukrainiens tués, et Moscou de 498 morts dans ses rangs (unique bilan côté russe, annoncé le 2 mars), alors que le Pentagone parlait de 2 000 à 4 000 morts russes en 14 jours. 

Côté civils, au moins 596 personnes ont péri, selon un décompte de l'ONU qu'elle estime sans doute très inférieur à la réalité. Un premier journaliste est mort dimanche, l'Américain Brent Renaud, et plusieurs agences onusiennes ont exigé le même jour l'arrêt des attaques contre les personnels et infrastructures de santé en Ukraine.

C'est dans ce contexte que reprend le dialogue entre les deux belligérants, à partir de 10H20 (08H20 GMT) via visioconférence, comme l'a précisé dimanche soir un membre de la délégation ukrainienne, David Arakhamia.

Et il y a cette fois une lueur d'espoir qui tranche avec l'échec des trois premières sessions de pourparlers au Bélarus, puis de la rencontre jeudi en Turquie entre les ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et ukrainien Dmytro Kouleba.

Rencontre sino-américaine

Dimanche soir, un négociateur russe a fait état de "progrès significatifs". "Mon attente personnelle est que ces progrès aboutissent très prochainement à une position commune entre les deux délégations et à des documents à signer", a ajouté Léonid Sloutski, cité par les agences de presse russes.

Peu après, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a tweeté que Moscou avait cessé de lancer "des ultimatums" à Kiev et commencé à "écouter attentivement nos propositions".

Deux déclarations empreintes d'optimisme qui font écho à celles des deux présidents les jours précédents, Vladimir Poutine évoquant vendredi "des avancées positives" dans les pourparlers et M. Zelensky notant le lendemain une "approche fondamentalement différente" de Moscou dans ces discussions.

Toujours côté diplomatie, de hauts responsables américains et chinois doivent se rencontrer lundi à Rome, selon la Maison Blanche qui s'inquiète d'une possible assistance de Pékin à Moscou. Le New York Times a avancé dimanche, en citant des responsables américains anonymes, que la Russie avait demandé l'aide économique et militaire de la Chine pour mener la guerre et contourner les sanctions occidentales.

"Il y aura absolument des conséquences en cas d'importantes actions visant à contourner les sanctions", a prévenu sur CNN Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden.

Dimanche soir, le camp occidental a témoigné par téléphone son soutien à Kiev. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré M. Kouleba de "la solidarité inébranlable des Etats-Unis avec l'Ukraine pour la défendre", selon son porte-parole Ned Price.

Le président français Emmanuel Macron, qui parle régulièrement avec Vladimir Poutine pour tenter de l'amener à un cessez-le-feu, s'est entretenu avec M. Biden pour convenir de "renforcer les sanctions", puis avec M. Zelensky, selon la présidence française.

Bombardement près de la Pologne

Sur le terrain, la fin de semaine a vu les bombardements russes toucher également la partie occidentale de l'Ukraine, jusqu'alors épargnée.

Ils ont frappé dans la nuit de samedi à dimanche la base militaire de Yavoriv, à une vingtaine de kilomètres seulement de la Pologne, pays membre de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne, et près de Lviv, où vivent de nombreux déplacés. Une base où arrive une partie de l'aide militaire livrée par les Occidentaux à l'Ukraine.

M. Zelensky a de nouveau exhorté l'Otan, dans la nuit de dimanche à lundi, à instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays, prévenant qu'à défaut l'organisation risquait de voir des "roquettes russes" tomber sur ses Etats membres.

Le ministère russe de la Défense a justifié la frappe en se félicitant que "jusqu'à 180 mercenaires étrangers et une importante quantité d'armes étrangères ont été éliminés". Un responsable ukrainien local a affirmé que seuls des Ukrainiens avaient été tués.

Ces étrangers sont des "instructeurs", a affirmé le ministère ukrainien de la Défense, sans préciser s'ils étaient présents ou non au moment des frappes.

Dans cette région, des frappes avaient déjà visé samedi un aéroport militaire à Lutsk, tuant quatre soldats ukrainiens, puis dimanche celui d'Ivano-Frankivsk, selon son maire.

«Blocus»

Dans le sud du pays, la Russie a resserré son étreinte, si l'on en croit le ministère britannique de la Défense, qui a tweeté que les forces navales russes avaient "établi un blocus à distance de la côte ukrainienne de la mer Noire, isolant de fait l'Ukraine du commerce maritime international".

La ville portuaire de Mykolaïv avait encore été visée par des bombardements dimanche, faisant neuf morts, selon les autorités.

Plus à l'est, la situation reste dramatique à Marioupol, ville assiégée qui attend toujours l'arrivée d'un convoi d'aide humanitaire. Un conseiller du maire, Petro Andryushchenko, a indiqué dimanche soir à l'AFP que les véhicules avaient dû faire demi-tour à cause de tirs russes incessants. Une nouvelle tentative était prévue pour lundi.

Cette cité portuaire manque de tout, et 2.187 habitants y ont été tués depuis le début de l'offensive russe selon la municipalité.

Plus globalement à l'est, les combats restent intenses. "Combat imbriqué autour de Soumy et de plusieurs poches de résistance. Combats indécis dans la région de Kharkiv. Combats importants dans la région d'Izium au Sud-Est de Kharkiv", énumérait dimanche sur Twitter l'ancien colonel français Michel Goya.

Au nord, Kiev est désormais "une ville en état de siège", selon les mots d'un conseiller du président ukrainien. Ses habitants ont fait des provisions de vivres et de médicaments et les autorités installé des barricades, face à l'étau russe se resserrant toujours plus sur la capitale.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.