LONDRES: Vendredi, quatre journalistes turcs ont été condamnés à des peines de prison, accusés d’avoir divulgué des secrets d’État, ont indiqué les autorités.
Ces journalistes travaillaient pour Taraf, un quotidien libéral qui a été contraint de fermer ses portes en 2016 en raison de la répression du gouvernement turc contre les médias après le coup d’État manqué. Selon la Turquie, le journal serait lié au mouvement Gülen des putschistes.
Le rédacteur en chef, Ahmet Altan, et les journalistes Yasemin Çongar et Yıldıray Oğur ont été reconnus coupables d’avoir acquis illégalement des secrets d’État et ont été condamnés à trois ans et quatre mois de prison chacun.
Par ailleurs, Mehmet Baransu, journaliste et chroniqueur, a été condamné à treize ans de prison: six ans pour avoir acquis des informations secrètes et sept ans pour avoir «divulgué des informations secrètes».
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a dénoncé cette sentence et a appelé les autorités turques à abandonner toutes les charges contre les anciens journalistes de Taraf et à libérer immédiatement M. Baransu. «La récente condamnation par les autorités turques de quatre journalistes du journal Taraf montre que le gouvernement ne recule devant rien pour punir les journalistes qui s’opposent à lui, même pour des articles qu’ils n’ont pas écrits», a déclaré Gulnoza Said, coordinatrice du programme Europe et Asie centrale du CPJ à New York. «Les autorités devraient laisser tomber cette affaire faible immédiatement, ne pas contester les appels des journalistes et libérer Mehmet Baransu», a-t-elle ajouté.
Selon les informations, le tribunal a également ordonné à chaque défendeur de payer 10 250 livres turques (656 euros), somme à répartir entre cinq anciens responsables militaires qui étaient des demandeurs dans le procès.
Les accusations en question font suite à la publication par Taraf, en 2010, de documents qui ont été envoyés à M. Baransu et qui incluraient des informations concernant un plan de renversement militaire du Parti de la justice et du développement au pouvoir.
D’après le classement mondial de la liberté de la presse 2021, la Turquie se classe 153e sur 180 pays en termes de liberté de la presse. Même si la Turquie n’est plus le plus grand geôlier de journalistes au monde, le risque d’emprisonnement et la crainte d’être soumis à un contrôle judiciaire sont toujours présents.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com