Des militants agressés à Beyrouth après avoir tenté de retirer une affiche de Soleimani au Salon du livre

Des membres de la police libanaise montent la garde à Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).
Des membres de la police libanaise montent la garde à Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 08 mars 2022

Des militants agressés à Beyrouth après avoir tenté de retirer une affiche de Soleimani au Salon du livre

  • 10 éditeurs iraniens participent à ce salon en l'absence de l'Association des éditeurs arabes
  • La demande de livres a chuté jusqu'à 70 % dans les bibliothèques

BEYROUTH: Une bagarre a éclaté lundi à Salon international du livre arabe de Beyrouth, qui se tient au Seaside Arena, après que des militants ont exigé que les photos affichées du commandant de la Force iranienne Al-Qods, Qassem Soleimani, soient retirées. Les militants, parmi lesquels se trouvaient Shafiq Badr et Nelly Qandil, ont été sévèrement agressés après avoir scandé «Beyrouth libre, Iran dehors».
La gigantesque photo de Soleimani était affichée dans l'un des pavillons du salon du livre qui a débuté jeudi dernier, ce qui a suscité la colère de militants sur les réseaux sociaux, qui se sont moqués de l'exposition en la qualifiant de «Salon du livre de Téhéran».
Arrivés sur les lieux, les services de renseignement des Forces de sécurité intérieure ont immédiatement ouvert une enquête, tandis que d'autres militants arrivaient en solidarité des premiers.
Badr fait partie du groupe «Lebanon Rises Up» (Le Liban se lève), tandis que Qandil est membre du groupe «Lebanese sovereign opposition» (Opposition souveraine libanaise).
Le salon du livre, organisé par le Club culturel arabe, a été lancé pour sa 63e session sous le slogan «Beyrouth ne peut être brisée», après une interruption forcée de trois ans due à la crise économique, à la pandémie de COVID-19 et à l'explosion du port de Beyrouth.
Traditionnellement, l'exposition a lieu en janvier de chaque année, ce qui a déconcerté certaines maisons d'édition participantes.  
Quatre-vingt-dix maisons d'édition du Liban, de Syrie et d'Égypte et dix d'Iran participent à l'exposition.
Des militants ont fait circuler des photos des livres exposés dans les pavillons, notant le grand nombre de livres comportant des photographies de Soleimani et d'autres personnalités iraniennes. Raison suffisante pour que l'exposition s'attire des critiques l'accusant d'exhumer les sensibilités politiques que Soleimani représentait dans la politique iranienne et ses activités hostiles en Irak, en Syrie et au Liban. Le Hezbollah a pour habitude de brandir des photos de Soleimani à chaque occasion. De tels portraits sont régulièrement affichés sur la route menant à l'aéroport de Beyrouth et dans le sud et la Békaa.  
De son côté, l'Association des éditeurs arabes a manqué l'exposition. Les habitués du salon ont noté «des changements drastiques dans ses pavillons et ses livres, ainsi que l'absence des maisons d'édition du Golfe qui avaient l'habitude d'être présentes à chaque édition du salon comme une sorte de soutien, en raison de la crise diplomatique et économique entre le Liban et l'Arabie Saoudite et un certain nombre de pays du Golfe
Il y a deux jours, alors que l'exposition accueillait un concert, des protestations ont éclaté dans les pavillons iraniens selon des militants et des témoins. «Les gens ont fait irruption sur place et ont crié pour protester contre le son fort de la musique», a déclaré une jeune fille qui assistait au concert.
Pour le Premier ministre Najib Mikati qui s'est exprimé lors de l'inauguration de l'exposition jeudi dernier, il s'agit de «l'un des nombreux piliers pour immuniser le peuple libanais et arabe contre les modèles étrangers à notre nature, notre culture, nos traditions et notre patrimoine, que nous chérissons».
L'ancien juge Ashraf Rifi a déclaré dans un tweet que «la photo de Soleimani dans cette exposition est une provocation pour le peuple libanais qui a été piqué par l'occupation iranienne», et que celui qui l'a mise en place «veut intimider les Libanais, mais la jeunesse du Liban est plus forte que cette arrogance».
Le député Fouad Makhzoumi a déclaré que «même le Salon du livre de Beyrouth n'est pas sorti indemne du Hezbollah, qui s'emploie à peindre cette ancienne destination culturelle d'une identité iranienne qui ne lui ressemble pas, et de l'idéologie de la mort qui n'a rien à voir avec l'arabisme de Beyrouth, sa coexistence et sa diversité.»
La détérioration des conditions de vie au Liban s'est traduite par une baisse des achats de livres au salon. Certains éditeurs ont déclaré que «la demande de livres a chuté jusqu'à 70 % dans les bibliothèques».
«Le coût de n'importe quel livre est d'au moins 10 dollars, soit plus de 200 000 livres libanaises», a déclaré à Arab News Mona Ismail, l'une des habituées de l'exposition permanente, ajoutant «participer au salon me tente beaucoup, mais en même temps, cela va me coûter cher financièrement».
Cette année, selon l'un des organisateurs, le Club culturel arabe a loué des pavillons aux éditeurs à des prix réduits pour les encourager à offrir des rabais aux clients. Cependant, le prix élevé des livres est dû aux importants coûts de publication et d'impression, qui sont tous payés en dollars alors que les éditeurs vendent leurs livres en livres libanaises.  


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le roi du Maroc, Mohammed VI, reçoit le prince Turki, ministre d’État saoudien

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu, mardi à Casablanca, le prince Turki ben Mohammed ben Fahd ben Abdelaziz, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres. (Agence de presse saoudienne)
Le roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu, mardi à Casablanca, le prince Turki ben Mohammed ben Fahd ben Abdelaziz, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres. (Agence de presse saoudienne)
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  • Lors de sa rencontre avec le roi Mohammed VI, le prince Turki a transmis les salutations du roi Salmane et du prince héritier, Mohammed ben Salmane
  • Le prince Turki a également remis une lettre au roi du Maroc

CASABLANCA: Le roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu, mardi à Casablanca, le prince Turki ben Mohammed ben Fahd ben Abdelaziz, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres.

Lors de sa rencontre avec le roi Mohammed VI, le prince Turki a transmis les salutations du roi Salmane et du prince héritier, Mohammed ben Salmane.

Le prince Turki a également remis une lettre au roi Mohammed VI.

Le roi du Maroc a remercié le ministre saoudien pour la lettre et «a insisté sur les relations exceptionnelles qui unissent les deux pays et peuples frères dans tous les domaines», rapporte l’Agence de presse saoudienne.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Washington suspend une livraison de bombes à Israël face aux «inquiétudes» sur Rafah

Cette image prise par le satellite WorldView-1 le 7 mai 2024 montre une vue aérienne de tentes et d'abris dans le nord de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, alors que le conflit entre Israël et le Hamas se poursuit dans le territoire palestinien. (Photo par image satellite ©2024 Maxar Technologies AFP)
Cette image prise par le satellite WorldView-1 le 7 mai 2024 montre une vue aérienne de tentes et d'abris dans le nord de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, alors que le conflit entre Israël et le Hamas se poursuit dans le territoire palestinien. (Photo par image satellite ©2024 Maxar Technologies AFP)
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  • «Nous avons suspendu la livraison d'une cargaison d'armes la semaine dernière. Elle se compose de 1.800 bombes de 2.000 livres (907 kg) et de 1.700 bombes de 500 livres», a déclaré un haut responsable de l'administration Biden sous couvert de l'anonymat
  • Washington a clairement indiqué qu'il ne soutenait pas une offensive sans un plan crédible pour protéger les civils qui s'y abritent

WASHINGTON : Les Etats-Unis ont suspendu la livraison d'une cargaison de bombes la semaine dernière après l'absence de réponse d'Israël face aux «inquiétudes» de Washington concernant une offensive annoncée sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a déclaré mardi un haut responsable américain.

«Nous avons suspendu la livraison d'une cargaison d'armes la semaine dernière. Elle se compose de 1.800 bombes de 2.000 livres (907 kg) et de 1.700 bombes de 500 livres (226 kg)», a déclaré ce haut responsable de l'administration du président américain Joe Biden sous le couvert de l'anonymat.

«Nous n'avons pas pris de décision définitive sur la façon de procéder concernant cette expédition», a-t-il ajouté.

Cette décision a été prise alors que Washington s'oppose à une offensive d'ampleur préparée par les troupes israélienne à Rafah.

Washington a clairement indiqué qu'il ne soutenait pas une offensive sans un plan crédible pour protéger les civils qui s'y abritent. Joe Biden a «réitéré sa position claire» au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lundi.

Les responsables israéliens et américains ont discuté d'alternatives, mais «ces discussions sont en cours et n'ont pas pleinement répondu à nos inquiétudes», a déclaré le haut responsable américain.

«Alors que les dirigeants israéliens semblaient se rapprocher d'une décision sur une telle opération, nous avons commencé à examiner attentivement les propositions de transfert d'armes particulières à Israël qui pourraient être utilisées à Rafah. Cela a commencé en avril», a expliqué ce haut responsable.

Il ajouté que Washington était «particulièrement concentré» sur l'utilisation des bombes les plus lourdes de 2.000 livres «et l'impact qu'elles pourraient avoir dans des environnements urbains denses comme nous l'avons vu dans d'autres parties de Gaza».

Le département d’État américain examine également d'autres transferts d’armes, y compris l’utilisation de bombes de précision connues sous le nom de JDAM (bombe guidée à distance), a ajouté le responsable.

L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah (sud), pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte et fermé les deux principaux points d'accès à l'aide humanitaire (Rafah et Kerem Shalom), une mesure jugée «inacceptable» par les Etats-Unis.

Les Républicains ont critiqué cette décision. Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson a dénoncé mardi toute mesure visant à limiter l’aide militaire à Israël.

«Juste au moment où nous pensions que seuls les présidents d’université cédaient aux demandes absurdes des étudiants pro-Hamas, le président lui-même aurait à présent interrompu les livraisons de munitions à Israël», a déclaré M. Johnson aux journalistes avant l’annonce officielle des États-Unis.

 


Irak: les barrages se remplissent après des pluies abondantes

Photo montrant le barrage de Darbandikhan dans le nord-est de l'Irak. L'Irak a souffert de quatre années consécutives de sécheresse, les précipitations irrégulières affectant gravement les ressources en eau, ce qui a contraint de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres. (AFP)
Photo montrant le barrage de Darbandikhan dans le nord-est de l'Irak. L'Irak a souffert de quatre années consécutives de sécheresse, les précipitations irrégulières affectant gravement les ressources en eau, ce qui a contraint de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres. (AFP)
Photo montrant le barrage de Darbandikhan dans le nord-est de l'Irak. L'Irak a souffert de quatre années consécutives de sécheresse, les précipitations irrégulières affectant gravement les ressources en eau, ce qui a contraint de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres. (AFP)
Photo montrant le barrage de Darbandikhan dans le nord-est de l'Irak. L'Irak a souffert de quatre années consécutives de sécheresse, les précipitations irrégulières affectant gravement les ressources en eau, ce qui a contraint de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres. (AFP)
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  • « La capacité de stockage du barrage est de trois milliards de mètres cubes. Aujourd'hui avec les réserves disponibles, il ne manque que 25 centimètres d'eau pour pouvoir dire que le barrage est plein», confirme Saman Ismaïl, directeur du barrage
  • Outre des précipitations en recul et une hausse des températures, Bagdad fustige la construction de barrages chez ses voisins en amont, en Iran et en Turquie, qui réduisent fortement le débit des fleuves arrivant en territoire irakien

DARBANDIKHAN, Irak : Les récentes pluies en Irak ont augmenté les réserves en eau des principaux barrages qui ont retrouvé un niveau inédit depuis 2019, ont indiqué des responsables dans le pays, frappé par quatre années de sécheresse consécutives.

Au milieu d'un paysage vallonné de montagnes rocailleuses du nord-est de l'Irak, l'immense réservoir du barrage de Darbandikhan, construit sur le fleuve Sirwan, est quasi-plein: l'eau arrive à quelques mètres seulement en deçà de la route longeant le bassin.

«La capacité de stockage du barrage est de trois milliards de mètres cubes. Aujourd'hui avec les réserves disponibles, il ne manque que 25 centimètres d'eau pour pouvoir dire que le barrage est plein», confirme dimanche à l'AFP Saman Ismaïl, directeur du barrage dans le Kurdistan autonome, au sud de Souleimaniyeh.

«Dans les prochains jours on pourra dire qu'il est rempli», pronostique-t-il rappelant que la dernière fois où Darbandikhan a été «totalement plein», c'était en 2019.

«Après 2019, nous n'avons eu que des années de sécheresse et de pénuries», poursuit M. Ismaïl, citant «les changements climatiques dans la région, mais aussi la construction de barrages hors des frontières du Kurdistan».

Outre des précipitations en recul et une hausse des températures, Bagdad fustige la construction de barrages chez ses voisins en amont, en Iran et en Turquie, qui réduisent fortement le débit des fleuves arrivant en territoire irakien.

Cet hiver, toutefois, les précipitations sont venues quelque peu soulager un Irak considéré comme un des cinq pays au monde les plus exposés à certaines répercussions du changement climatique.

Dans un pays immensément riche en hydrocarbures mais aux infrastructures en déliquescence, les pluies torrentielles ont aussi provoqué des inondations dans les rues d'Erbil, capitale du Kurdistan, ainsi que dans la province agricole de Diyala (centre), où des habitations ont été détruites. Quatre randonneurs ont également péri au Kurdistan.

- «L'eau est une bénédiction» -

Directeur de l'Autorité des barrages au ministère des Ressources hydriques, Ali Radi Thamer confirme que la plupart des six principaux barrages irakiens affichent des réserves d'eau en hausse.

Au barrage de Mossoul, «le plus grand» avec une capacité d'environ onze milliards de mètres cubes, «le niveau de stockage est très bon, nous avons profité des pluies et des inondations», indique M. Thamer, rappelant que l'été dernier «les réserves d'eau» du pays «ont atteint un plus bas historique».

«Les réserves disponibles aujourd'hui auront des impacts positifs sur tous les secteurs», ajoute le responsable, citant «l'agriculture, le plus gros consommateur, les stations d'épuration qui fournissent l'eau potable» ou encore l'irrigation des mythiques marais dans le sud du pays.

Lui aussi confirme que l'année 2019 avait été marquée par «une forte hausse des réserves en eau», avant «quatre saisons de pénuries successives».

Le dossier de l'eau représente un enjeu de taille pour l'Irak, pays de 43 millions d'habitants, confronté à une grave crise environnementale. Les étés sont particulièrement rudes, avec des températures caniculaires frôlant les 50 degrés Celsius.

«Certes aujourd'hui nous avons des pluies et des inondations, des réserves en eau qui se sont relativement améliorées, mais cela ne signifie pas la fin des pénuries», avertit M. Thamer. «De fait nous pouvons avoir des années humides et d'autres marquées par la sécheresse ou les pénuries».

A environ cinq kilomètres au sud de Darbandikhan, les terrasses près des cabanons d'un petit établissement touristique construit sur le fleuve Sirwan ont été englouties par les eaux. Toutefois, le propriétaire Aland Salah préfère voir le verre à moitié plein.

«L'eau de la rivière Sirwan est une bénédiction, quand le débit augmente la région embellit», confie le jeune homme à l'AFP. «Certes nous avons quelques dégâts, mais nous allons continuer à travailler».