WASHINGTON: Les Etats-Unis ont invité lundi à regarder "sous un jour différent" d'éventuelles sanctions internationales sur le pétrole et le gaz russe, actant tout en les relativisant leurs divergences avec les Européens, et surtout les Allemands, sur ce sujet.
"Je regarderais cela sous un jour différent des efforts coordonnés passés" en matière de sanctions contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine, a dit la porte-parole de l'exécutif américain Jen Psaki.
Elle a lourdement insisté, lors de sa conférence de presse quotidienne, sur "les circonstances très différentes" pour les Américains et les Européens en matière d'hydrocarbures russes - les premiers en importent peu, quand les seconds en sont, pour certains pays, très dépendants.
Jen Psaki a précisé que Joe Biden n'avait "pas pris de décision à ce stade" concernant une action unilatérale des Etats-Unis eux-mêmes, au moment où des parlementaires de la majorité démocrate et de l'opposition républicaine préparent un projet d'embargo sur les importations de pétrole russe.
La Maison Blanche se montre très soucieuse de ne pas fissurer plus que nécessaire la cohésion quasiment parfaite montrée jusqu'ici par les Occidentaux en matière de sanctions économiques contre la Russie.
La question des hydrocarbures russes a été, selon l'exécutif américain, évoquée lors d'une vidéoconférence lundi entre Joe Biden, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Boris Johnson.
Pétrole: la Russie avertit de «conséquences catastrophiques» pour le marché en cas d'embargo
La Russie est "préoccupée" par les discussions sur un éventuel embargo sur son pétrole, qui "sapent les fondements du marché, créent des incertitudes et aboutissent à un préjudice important pour les consommateurs", selon M. Novak.
Après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance des territoires séparatistes de l'Est ukrainien en février, les Occidentaux ont également gelé le gazoduc Nord Stream II reliant la Russie à l'Allemagne.
Les quatre dirigeants sont "déterminés à continuer d'augmenter le coût" infligé à la Russie en réponse à l'invasion de l'Ukraine, selon un communiqué publié par la Maison Blanche.
Le communiqué français évoque lui "leur détermination à renforcer les sanctions" à l'encontre de la Russie et du Bélarus, tandis que celui des Britanniques promet de "continuer à faire pression sur la Russie".
Seul le communiqué publié par Berlin n'aborde pas du tout la question des sanctions, insistant surtout sur les "nouvelles possibilités d'aide humanitaire pour l'Ukraine" qui ont également été discutées.
Lundi, Olaf Scholz a fait savoir que les importations d'énergie fossile en provenance de Russie étaient "essentielles" pour la "vie quotidienne des citoyens" en Europe, et a assuré que l'approvisionnement du continent ne pouvait être assuré autrement à ce stade.
Joe Biden, lui, est soumis à une pression politique intense pour couper cette source de revenus essentielle au régime de Vladimir Poutine.
Quel serait l'impact d'un arrêt des importations américaines de pétrole russe ?
La pression monte sur le gouvernement Biden pour décréter un embargo sur les importations de pétrole russe aux Etats-Unis, une décision qui priverait le marché américain de plusieurs centaines de millions de barils par an et le contraindrait à trouver d'urgence une offre de substitution, chez lui ou plus probablement ailleurs.
Environ 30% des besoins de l'Europe en pétrole sont assurés par la Russie, contre 8% seulement pour les Etats-Unis. Lundi, le chancelier allemand Olaf Scholz a marqué son désaccord avec un éventuel embargo, estimant que l'approvisionnement de l'Europe "ne (pouvait) pas être assuré autrement pour le moment".