Avec une Russie asphyxiée par les sanctions, l'hélium se raréfie

Cette image non datée montre des camions à l'usine d'hélium de Battle Creek près de Saskatchewan, Canada (Photo, AFP)
Cette image non datée montre des camions à l'usine d'hélium de Battle Creek près de Saskatchewan, Canada (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 05 mars 2022

Avec une Russie asphyxiée par les sanctions, l'hélium se raréfie

  • Les sanctions contre la Russie pourraient aggraver la situation pour les fabricants de semi-conducteurs ou les médecins
  • L'hélium est un gaz inerte utilisé pour gonfler les ballons ou, sous forme liquide, pour refroidir des éléments dans les scanners médicaux

WASHINGTON : L'hélium est le deuxième élément le plus abondant dans l'univers mais pour les fabricants de semi-conducteurs ou les médecins, il est déjà difficile de s'en procurer, et les sanctions contre la Russie pourraient aggraver la situation.

Une usine en Sibérie est censée à terme produire un tiers de l'hélium dans le monde mais les Occidentaux ayant touché de plein fouet les systèmes de financement russes à la suite de l'invasion de l'Ukraine, les spécialistes du secteur s'inquiètent.

Plusieurs d'entre eux espéraient que cette usine russe réponde en partie aux difficultés d'approvisionnement causées par les problèmes sur un important site aux Etats-Unis.

"Le marché mondial va avoir besoin d'une nouvelle source (d'hélium) en Russie, ou dans un autre pays", explique Phil Kornbluth, un spécialiste de l'industrie de l'hélium.

Or si les sanctions imposées par les Occidentaux "restent en place sur une longue période, cela va devenir compliqué de faire des affaires avec la Russie", avance-t-il. 

L'hélium est un gaz inerte utilisé pour gonfler les ballons ou, sous forme liquide, pour refroidir des éléments dans les scanners médicaux.

Il est aussi exploité dans la fabrication des semi-conducteurs, des composants essentiels dans tout appareil électronique mais devenus parfois durs à trouver depuis un an. Aux Etats-Unis, les constructeurs automobiles doivent encore régulièrement suspendre des lignes de production par manque de puces.

Les entreprises qui dépendent de l'hélium ne parviennent déjà pas à en trouver suffisamment, assure Rich Gottwald, directeur d'une fédération basée aux Etats-Unis représentant les sociétés spécialisées dans les gaz industriels et médicaux (Compressed Gas Association).

"Elles commencent à ressentir les effets de ce manque d'hélium sur leurs activités", a-t-il affirmé auprès de l'AFP. 

Chaîne d'approvisionnement «fragile»

De nombreuses entreprises devaient déjà jongler avec des chaînes d'approvisionnement en pagaille depuis le début de la pandémie, entre commandes non remplies, livraisons en retard, manque de salariés et de certaines matières premières.

Souvent récupéré lors de l'extraction du gaz naturel, l'hélium n'est produit que dans une poignée de pays, rendant sa propre chaîne d'approvisionnement "fragile" et susceptible de pénurie dès qu'un problème de production survient, explique M. Kornbluth. 

Les Etats-Unis en sont le plus gros producteur, avec notamment un gros site de production et de stockage à Amarillo, au Texas, géré par le gouvernement. 

Mais ce site est en train d'être cédé à des acteurs privés et a été fermé en juillet dernier pour des raisons de sécurité. Il n'a toujours pas été rouvert. 

Beaucoup comptaient sur l'usine de transformation de gaz russe à Amur, construite par le géant de l'énergie Gazprom à l'extrême est du pays, pour prendre le relais.

Théoriquement capable de produire 60 millions de mètres cube d'hélium par an en plus du gaz naturel, le site n'a toutefois fonctionné qu'une courte période l'an dernier avant d'être fermé par un incendie.

 

CBC/Radio-Canada suspend le travail de ses journalistes en Russie

CBC/Radio-Canada a annoncé vendredi suspendre "temporairement" le travail de ses journalistes en Russie, en raison de la nouvelle loi prévoyant des peines de prison en cas de diffusion d'"informations mensongères sur l'armée" au sujet de l'invasion de l'Ukraine.

"Afin d'assurer la sécurité de nos journalistes et de nos employés en poste à Moscou, nous suspendons temporairement nos activités journalistiques en Russie, le temps de clarifier la portée de cette nouvelle loi", a expliqué le groupe de radio et de télévision publiques dans un communiqué.

Se disant "vivement préoccupé", Radio-Canada estime que cette loi "vise à criminaliser la couverture journalistique neutre et impartiale de la situation actuelle en Ukraine et en Russie".

"Nous joignons notre voix à celles d'autres médias afin de soutenir la liberté de presse et le droit des citoyens à des informations fiables et indépendantes", a ajouté le groupe.

Quelques heures auparavant, la BBC avait elle aussi annoncé suspendre le travail de ses journalistes en Russie.

Moscou a par ailleurs bloqué vendredi Facebook et commencé vendredi à "restreindre l'accès" à Twitter. La veille, l'emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) avait annoncé sa dissolution et la chaîne de télévision indépendante Dojd la suspension de son activité, après le blocage de leurs sites.

« Le téléphone n'arrête pas »

Si les sanctions prises à l'encontre de la Russie durent encore longtemps, elles pourraient affecter les contrats déjà passés avec la Russie. 

A plus court terme, elles pourraient inciter les spécialistes non russes pouvant aider au redémarrage de l'usine Amur à garder leurs distances, et empêcher l'hélium produit dans une autre usine Gazprom en Russie d'être exporté en Europe, souligne M. Kornbluth. 

L'Italie a saisi le yacht d'un oligarque russe

L'Italie a annoncé vendredi avoir saisi le yacht d'un oligarque russe proche de Vladimir Poutine et visé par les sanctions de l'Union européenne après l'invasion de l'Ukraine par Moscou.

"La police italienne vient de saisir le Lady M, un yacht d'une valeur de 65 millions d'euros appartenant à Alexei Mordachov, stationné à Imperia (Ligurie, nord-ouest de l'Italie), conformément aux sanctions récentes de l'UE", a annoncé sur son compte Twitter le conseiller de presse du chef du gouvernement italien Mario Draghi, Ferdinando Giugliano.

Magnat de l'acier, Alexei Mordachov est propriétaire du groupe sidérurgique Severstal. Il fait partie des oligarques russes placés par l'UE sur une liste noire de personnalités considérées comme proches du président russe.

Ces personnalités ont été sanctionnées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de séjour dans l'UE.

Symboles de l'enrichissement massif des hauts responsables politiques et économiques russes, les yachts font partie des biens qu'ils détiennent à l'étranger ciblés par les sanctions occidentales.

Les sanctions européennes visent plus de 500 personnalités ou entités russes, dont les avoirs et les ressources économiques doivent être progressivement gelés à mesure que les Etats européens parviennent à les localiser et les relier à leurs propriétaires.

De nombreux acteurs du secteur pensaient "que la Russie (...) comblerait le vide laissé par l'absence de production à Amarillo, mais ça va être très compliqué maintenant", abonde le responsable de la fédération professionnelle.

Des entreprises plus petites tentent de répondre à la demande.

"Notre téléphone n'arrête pas de sonner", raconte Nick Snyder, patron de North American Helium, qui produit de l'hélium sur deux sites au Canada. 

Selon lui, les sanctions contre Moscou pourraient réfréner la demande pour le gaz russe de façon permanente. 

"Je ne pense pas que les principaux acheteurs oublieront ce qui s'est passé quand ils envisageront de se fournir" à nouveau dans le pays, dit-il.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Short Url

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Short Url
  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »