PARIS: La course aux parrainages des prétendants à l'Elysée arrive à échéance vendredi, avec la possibilité d'une qualification sur le gong du candidat d'extrême gauche Philippe Poutou, au lendemain de l’officialisation de la candidature d’Emmanuel Macron.
Le Conseil constitutionnel cessera à 18H00 d'accepter les signatures que les élus doivent lui envoyer par courrier, et annoncera lundi la liste définitive des candidats qui seront en lice le 10 avril lors du premier tour de l'élection présidentielle.
Le suspense est pratiquement levé, onze candidats ayant déjà dépassé la barre des 500 parrainages validés : Eric Zemmour (Reconquête!), Marine Le Pen (RN), Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Valérie Pécresse (LR), Jean Lassalle (Résistons!), Emmanuel Macron (LREM), Yannick Jadot (EELV), Anne Hidalgo (PS), Fabien Roussel (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Nathalie Arthaud (LO).
Selon la loi, leurs parrainages doivent provenir d'au moins 30 départements différents.
Les derniers doutes concernent surtout le candidat NPA Philippe Poutou, qui était déjà en lice en 2017 et qui assure avoir obtenu les 500 parrainages. Il en dispose de 439 au dernier décompte publié jeudi.
"On a 70 à 80 documents qu’on a recensés, plus les paroles de maires, dont le total fait qu’on dépasse les 500", a-t-il affirmé à l'AFP.
"Ce n’est pas encore officiel, mais on a arraché cette place", a-t-il ajouté. Si M. Poutou obtient les 500 signatures, il y aurait 12 candidats sur la ligne de départ, comme en 2017.
La situation est plus délicate pour François Asselineau, candidat favorable au Frexit, qui n'en comptait jeudi que 279.
Ce vendredi est aussi la date limite pour l'inscription sur les listes électorales.
Une campagne express
Avec la validation des candidatures et l'officialisation de la candidature de M. Macron dans une lettre aux Français publiée dans la presse régionale, la campagne électorale prend l'allure d'un sprint, à seulement 37 jours du premier scrutin.
Mais avec la guerre en Ukraine qui accapare son agenda de président, le candidat Emmanuel Macron a prévenu dans sa lettre qu'il ne pourrait "mener campagne comme il l'aurait souhaité".
Sur France 2, le patron de LREM Stanislas Guerini a confirmé: "Il y aura des moments d'expression, bien évidemment, mais sur la forme, ce ne sera pas une campagne comme les autres".
Il a toutefois refusé de confirmer l'organisation d'un meeting le 12 mars à Marseille, comme l'annonce vendredi le quotidien Le Parisien.
Le président sortant entre en campagne porté par un bond dans un sondage BVA pour Orange et RTL réalisé avant l'annonce de sa candidature. Il gagne 5 points dans les intentions de vote en 15 jours, pour atteindre 29% au premier tour de la présidentielle, loin devant Marine Le Pen, qui perd 1,5 point à 16%, Eric Zemmour (13%, -1,5 pt) et Valérie Pécresse (13%, -0,5 pt).
Du côté de l'opposition, on fustige une entrée en campagne tardive. "Il y a une forme d'hypocrisie à être resté protégé par la présidence de la République et n'avoir pas voulu rentrer dans l'arène" plus tôt, a déploré le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur RTL, dénonçant "une forme de confiscation du débat".
Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a dénoncé "une espèce de manipulation générale par la peur" par le chef de l'Etat qui, à ses yeux, veut "se donner des airs de chefs de guerre pour éluder son bilan et ses propositions".
"Ce que propose Emmanuel Macron, c’est le même quinquennat en pire", a déploré l'écologiste Yannick Jadot sur Public Sénat, tentant de ramener le débat sur les enjeux climatiques en assurant que la France est "le seul pays européen qui n’a pas respecté ses objectifs en matière d’énergies renouvelables".
Les Verts connaissent d'ailleurs des remous internes avec l'exclusion de la finaliste de la primaire écologiste Sandrine Rousseau de l'équipe de campagne de M. Jadot pour des propos au vitriol sur sa stratégie.
Les candidats poursuivent leur campagne, à l'image de M. Zemmour qui se rend au salon de l'agriculture, passage obligé pour les prétendants à l'Elysée, à un moment où le polémiste d'extrême droite stagne dans les sondages.