Discussions Russie-Ukraine sur un cessez-le-feu, Washington parle d'un bilan humain «ahurissant»

Session extraordinaire de l'Assemblée Générale de l'ONU concernant l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Session extraordinaire de l'Assemblée Générale de l'ONU concernant l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 03 mars 2022

Discussions Russie-Ukraine sur un cessez-le-feu, Washington parle d'un bilan humain «ahurissant»

  • Des émissaires ukrainiens se dirigeaient déjà vers «le lieu des négociations» au Bélarus pour une deuxième session de discussions avec leurs homologues russes
  • Ces pourparlers, qui porteront notamment sur un cessez-le-feu, commenceront jeudi matin

KHARKIV : La Russie s'est dite prête mercredi à discuter dès le lendemain d'un cessez-le-feu avec l'Ukraine, malgré la poursuite des frappes russes sur plusieurs villes ukrainiennes dans un conflit dont Washington a déploré le bilan humain "ahurissant".

Des émissaires ukrainiens se dirigeaient d'ores et déjà vers "le lieu des négociations" au Bélarus pour une deuxième session de discussions avec leurs homologues russes, a annoncé la présidence ukrainienne.

Ces pourparlers, qui porteront notamment sur un cessez-le-feu, commenceront jeudi matin dans un lieu déterminé "ensemble" situé "non loin de la frontière avec la Pologne", a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski.

Les membres du Conseil de sécurité se réunissent pour discuter de l'invasion de l'Ukraine au siège des Nations Unies, le 28 février 2022, à New York. (Photo, AFP)
Les membres du Conseil de sécurité se réunissent pour discuter de l'invasion de l'Ukraine au siège des Nations Unies, le 28 février 2022, à New York. (Photo, AFP)

De premières discussions lundi, également au Bélarus, n'avaient donné aucun résultat tangible, Kiev ayant réclamé l'arrêt immédiat de l'invasion, tandis que Moscou avait semblé attendre une reddition.

Les Etats-Unis vont "soutenir des efforts diplomatiques" de l'Ukraine pour obtenir un cessez-le-feu avec la Russie, même si "c'est beaucoup plus difficile d'y parvenir quand les tirs résonnent et les chars avancent", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Le secrétaire d'Etat aussi mis l'accent sur un "coût humain" d'ores et déjà "ahurissant". "Des centaines sinon des milliers de civils ont été tués et blessés", a déploré M. Blinken lors d'une conférence de presse, et "le nombre de civils tués et blessés, les conséquences humanitaires, ne feront que s'aggraver dans les jours qui viennent".

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken discute de l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors d'une conférence de presse au département d'État à Washington, DC, le 2 mars 2022. (Photo, AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken discute de l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors d'une conférence de presse au département d'État à Washington, DC, le 2 mars 2022. (Photo, AFP)

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui affiché sa volonté de "rester en contact" avec son homologue russe Vladimir Poutine afin de "le convaincre de renoncer aux armes", lançant dans une allocution télévisée un vibrant "nous ne sommes pas en guerre contre la Russie".

Une photo d'écrans prise dans une salle de contrôle des médias à Paris, le 2 mars 2022, montrant le président français Emmanuel Macron s'exprimant depuis l'Elysée lors d'un discours télévisé sur la situation générale sept jours après le lancement par la Russie d'une invasion militaire contre l'Ukraine. (Photo, AFP)
Emmanuel Macron s'exprimant depuis l'Elysée lors d'un discours télévisé sur la situation sept jours après le lancement de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP)

Dans le même temps, l'Assemblée générale des Nations unies votait une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.

Dans ce texte, l'ONU demande à Moscou qu'il "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" du territoire ukrainien et "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires".

L'ambassadeur d'Ukraine aux Nations unies, Sergiy Kyslytsya, avait auparavant dénoncé un "génocide" en cours dans son pays, perpétré par la Russie.

Sergiy Kyslytsya, Représentant permanent de l'Ukraine auprès de l'Organisation des Nations Unies, tient un exemplaire du manuel de la Charte des Nations Unies alors qu'il s'exprime lors d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale au siège des Nations Unies, le 2 mars 2022, à New York. (Photo, AFP)
Sergiy Kyslytsya brandit un exemplaire du manuel de la Charte des Nations Unies lors d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale au siège des Nations Unies, le 2 mars 2022, à New York. (Photo, AFP)

Le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé mercredi soir "l'ouverture immédiate" d'une enquête sur la situation pour crimes de guerre.

La Banque mondiale annonce la suspension de tous ses programmes d'aide au Bélarus et en Russie

"Suite à l'invasion russe de l'Ukraine et aux hostilités contre le peuple ukrainien, le groupe de la Banque mondiale a arrêté tous ses programmes en Russie et au Bélarus avec effet immédiat", a annoncé l'institution de Washington dans un communiqué.

Au Bélarus, la Banque mondiale s'était engagée dans 11 projets totalisant 1,15 milliard de dollars. En Russie, elle menait 4 projets représentant 370 millions, selon le site internet de l'institution.

La Banque mondiale a par ailleurs souligné dans son communiqué mercredi qu'elle n'avait approuvé "aucun nouveau prêt ou investissement en Russie depuis 2014", soit depuis l'annexion de la Crimée par Moscou.

"Il n'y a pas non plus eu de nouveau prêt approuvé en faveur du Bélarus depuis la mi-2020", a-t-elle précisé.

Premier bilan russe

Sur le terrain, au septième jour de l'offensive déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, des unités aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv, la deuxième ville du pays, située dans l'est à 50 km de la frontière avec la Russie, a affirmé l'armée ukrainienne.

Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments abritant des forces de sécurité et l'université ont été touchés. Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf blessées.

Et l'OSCE a annoncé mercredi soir la mort la veille d'une membre ukrainienne de sa mission locale lors du "bombardement" de Kharkiv.

La place de l'Indépendance a été la cible dans la journée d'une frappe aérienne qui a fait voler en éclats les vitres de la mairie et détruit les commerces, a constaté un journaliste de l'AFP.

A Kiev, 500 km plus à l'ouest, dont les habitants qui n'ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règne mercredi, après que la tour de télévision eut été prise pour cible la veille.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit "admirer sincèrement les habitants héroïques" des villes qui résistent aux forces russes et à leur avancée.

Selon lui, près de 9 000 soldats russes ont été tués depuis une semaine, un chiffre invérifiable dans l'immédiat.

Moscou de son côté a dévoilé mercredi son premier bilan de militaires russes tués dans l'offensive en Ukraine, en annonçant la mort de 498 de ses soldats et précisant que 1 597 autres y ont été blessés.

Plusieurs localités au nord-ouest de la capitale, dont Bucha et Gostomel, ont toutefois été bombardées, ont déploré les autorités régionales.

La survie s'organisait dans le métro de Kiev transformé en abri antiaérien.

Dans la station Dorohozhychi, proche de la tour de télévision, l'AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes. 

Antonina Pouzyi, une retraitée accompagnée de ses petits-enfants, y préparait une soupe aux carottes et aux pommes de terre.

"C'est effrayant là-haut", a-t-elle dit, pointant de son couteau éplucheur le plafond. "Mes filles nous descendent à manger et les voisins apportent des gâteaux pour les petits. Tout le monde essaie d'aider".

La tour domine le quartier du parc-mémorial de Babi Yar, où furent abattus en septembre 1941, sous l'occupation nazie, plus de 33 000 juifs. 

Si aucun monument en hommage aux victimes de ce massacre n'a été atteint, Volodymyr Zelensky, d'ascendance juive, a accusé Moscou de chercher à "effacer" l'Ukraine et exhorté les juifs "à ne pas rester silencieux".

Le maire de la capitale, l'ex-boxeur Vitaly Klitschko, a appelé tous les habitants à la résistance : "Kiev tient et va tenir".

Des bombardements ont également eu lieu à Jitomir, 150 km plus à l'ouest. L'AFP a vu mercredi des personnes fouiller les décombres d'un petit marché. Au moins trois personnes y ont été tuées et une dizaine blessées, selon des habitants de la ville.

Russie: G7 et UE veulent empêcher l’usage des cryptomonnaies pour contourner les sanctions

Les pays du G7 et l'UE cherchent à empêcher la Russie de contourner les sanctions occidentales en utilisant des cryptomonnaies, ont indiqué mercredi le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, et son homologue français Bruno Le Maire.

"Nous prendrons des dispositions sur les cryptomonnaies, qui ne doivent pas être utilisées pour contourner les sanctions financières", a déclaré M. Le Maire à la presse, à l'issue d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne par visioconférence.

Lors de cette réunion, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a fait un point sur ce sujet. "Nous allons étudier tous les moyens disponibles", a dit le ministre français.

Au sein du G7, "nous devrions prendre des mesures pour empêcher les personnes et les institutions" frappées par les sanctions occidentales "de se tourner vers des cryptomonnaies non réglementées", a parallèlement déclaré M. Lindner dans un communiqué.

Depuis que les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont mis en place un train de sanctions visant à paralyser le secteur bancaire et la monnaie russe après l'invasion de l'Ukraine la semaine dernière, les achats de cryptomonnaies en roubles ont grimpé à un niveau record.

Les Russes se sont rués vers les cryptoactifs en espérant y trouver une valeur refuge, comme le bitcoin, qui fonctionne sur un réseau décentralisé. En effet, aucune entité centrale ne peut être sanctionnée et est en capacité d'empêcher l'accès des utilisateurs à ces cryptoactifs.

Le port de Marioupol dans le viseur

Dans le sud, les militaires russes ont affirmé totalement contrôler Kherson, mais la situation y restait incertaine. Le maire de cette cité, Igor Kolykhaïev, a évoqué une "catastrophe humanitaire". 

Plus à l'est, à Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d'Azov, "ça se dégrade d'heure en heure", a témoigné une de ses habitantes, Maryna, 28 ans, selon laquelle le centre-ville a été pilonné.

Si elle en prenait le contrôle, l'armée russe pourrait assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes plus au nord.

Dans ce contexte, le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi la mise en place de couloirs humanitaires pour permettre la sortie des civils des villes ukrainiennes les plus exposées, notamment Kiev, Kharkiv et Marioupol.

Quatre avions de combat russes ont violé l’espace aérien suédois en mer Baltique

"Dans le contexte actuel, nous prenons cet évènement très au sérieux. C'est une action irresponsable et non professionnelle du côté russe", a protesté l'armée suédoise dans un communiqué.

L'incident intervient après que la Suède a annoncé dimanche l'envoi de 5 000 armes antichars et de matériel militaire à l'Ukraine, rompant pour la première fois depuis 1939 sa doctrine consistant à ne pas exporter des armes vers un pays en guerre.

Le ministre suédois de la Défense a dénoncé une incursion "complètement inacceptable". "Cela va entraîner une prise de position diplomatique claire côté suédois", a averti Peter Hultqvist dans une déclaration écrite à l'AFP.

Ce sont deux chasseurs Soukhoï Su-27 et deux Soukhoï Su-24, spécialisés dans les attaques au sol, qui ont violé l'espace aérien, et des avions suédois Gripen ont pu documenter les faits, selon l'armée suédoise.

"Cela montre que notre préparation est bonne. Nous sommes sur place pour assurer l'intégrité territoriale et les frontières suédoises", a fait valoir l'état-major.

Des incidents autour de l'île du Gotland, alors que la Suède n'a pas la protection de l'article 5 d'assistance mutuelle de l'Otan, sont évoqués par des analystes comme autant d'hypothèses d'escalade entre la Russie et l'Europe.

La Banque mondiale suspend son aide

Les frappes sur Kiev et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre et gestes de solidarité avec l'Ukraine se sont multipliés ces derniers jours.

Le président américain Joe Biden a estimé dans la nuit que Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de "dictateur", était maintenant "plus isolé que jamais du reste du monde", sur fond de forte pression internationale et de sanctions économiques inédites.

Parmi ces mesures, l'UE a confirmé mercredi que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale.

La Banque mondiale a annoncé la suspension immédiate de tous ses programmes d'aide en Russie et au Bélarus.

Le 2 mars 2022, la Banque mondiale a annoncé qu'elle arrêtait tous ses projets en cours en Russie et en Biélorussie en réponse à l'invasion de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Le 2 mars 2022, la Banque mondiale a annoncé qu'elle arrêtait tous ses projets en cours en Russie et en Biélorussie en réponse à l'invasion de l'Ukraine. (Photo, AFP)

Le ministère américain de la Justice a parallèlement chargé des procureurs de poursuivre "les oligarques russes corrompus" et tous ceux qui violeraient les sanctions prises par Washington.

Résultat du conflit: les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont la Russie est une grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d'une décennie.

L'impact que cela aura sur l'économie des Etats-Unis est "très incertain", a averti mercredi Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine.

Les autorités russes tentent pour leur part d'éviter hémorragie financière et panique: le rouble a perdu en quelques jours plus d'un tiers de sa valeur en devises étrangères. Les avions russes ne peuvent plus atterrir que dans une poignée de pays. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reconnu mercredi "un sérieux coup", mais prédit que l'économie russe "resterait debout".

La Russie est aussi de plus en plus isolée dans les domaines sportifs et culturels. Le géant de la musique en streaming Spotify a annoncé mercredi soir la fermeture de ses bureaux en Russie et le retrait des contenus sponsorisés par l'Etat russe de son site.

Prague suspend les visas aux Bélarusses en raison du rôle de Minsk dans la guerre en Ukraine

"Nous avons pris la même mesure concernant les visas (pour les Bélarusses) que celle vis-à-vis de la Russie", a déclaré aux journalistes le ministre des Affaires étrangères, Jan Lipavsky.

La République tchèque, un pays de 10,7 millions d'habitants, membre de l'UE et de l'Otan, a cessé de délivrer les visas aux Russes le 25 février, le lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

"En ce moment, le Bélarus est pleinement impliqué dans l'agression contre l'Ukraine", a insisté M. Lipavsky.

La ministre de la Défense, Jana Cernochova, a indiqué de son côté que son ministère enverrait en Ukraine de l'aide médicale, notamment des sacs à dos de sauvetage et des civières pliantes, d'une valeur de près d'un million d'euros.

"La brutalité du bandit Poutine (le président russe Vladimir Poutine) est de pire en pire, le nombre de blessés augmente, et nous ne pouvons pas nous contenter de juste le regarder", a-t-elle ajouté.

La République tchèque a déjà envoyé à l'Ukraine 4 000 obus d'artillerie, 30 000 pistolets, 7 000 fusils d'assaut, 3 000 mitrailleuses, plusieurs dizaines de fusils de sniper et environ un million de cartouches, ainsi que d'autres matériels militaires non spécifiés.

Navalny appelle à manifester

Au plan diplomatique, l'Union européenne organise vendredi une rencontre extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres avec leurs homologues américain, britannique et canadien, présents à Bruxelles dans le cadre d'une réunion de l'Otan.

Et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken va se rendre du 3 au 8 mars en Belgique, en Pologne, dans les Pays baltes et en Moldavie pour réaffirmer le soutien de son pays face à Moscou.

En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour, qualifiant Poutine de "petit tsar complètement fou".

En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour,
En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour. (Photo, AFP)

Des dizaines de personnes ont été interpellées dans la soirée au cours de rassemblements contre l'invasion de l'Ukraine organisés à Moscou et à Saint-Pétersbourg.

Les Ukrainiens sont par ailleurs toujours plus nombreux à quitter leur pays : près de 900 000 sont déjà partis à l'étranger depuis le 24 février, a déclaré mercredi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

Ukraine : RT visée par 12 procédures supplémentaires au Royaume-Uni

Le régulateur britannique des médias a annoncé mercredi l'ouverture de 12 enquêtes supplémentaires pour manque d'impartialité dans les programmes de la chaîne d'Etat russe en anglais RT pour sa couverture de l'invasion russe de Ukraine.

Cela porte à 27 le nombre des enquêtes ouvertes par l'organisme.

"Nous sommes très préoccupés par le volume des programmes sur RT qui soulèvent des problèmes potentiels en vertu du code de la radiodiffusion et, au fur et à mesure que nos enquêtes progressent, nous examinons si RT devrait conserver une licence britannique", a expliqué le régulateur, l'Ofcom, dans un communiqué.

Le régulateur avait annoncé lundi ouvrir 15 enquêtes sur RT.

L'organisme avait dit avoir constaté "une augmentation importante du nombre des programmes" susceptibles de faire l'objet de procédures. Il avait précisé que pour des sujets aussi importants que la crise en Ukraine, tous les médias disposant de licences de diffusion devaient "respecter des exigences particulières en termes d'impartialité", avec "des mesures supplémentaires (...) tels que donner un poids nécessaire à un large éventail d'opinions".

Les chaînes du réseau international RT (ex-Russia Today) sont dans le collimateur des pays occidentaux, accusées de "mensonges" sur la guerre en Ukraine par l'Union européenne qui veut les bannir.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a demandé la semaine dernière un réexamen de sa licence de diffusion, mais le Premier ministre Boris Johnson a dit vouloir laisser l'Ofcom se prononcer plutôt que les politiques, au nom de la "liberté d'expression".


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.