WASHINGTON: Le comité judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis a tenu une audience mardi sur le racisme et la discrimination dont sont victimes les Américains musulmans, arabes et sud-asiatiques et qui portent atteinte à leurs droits civils.
Le comité a examiné les moyens de sensibiliser le public à ce problème et les politiques qui pourraient être adoptées pour le combattre.
L’audience – la première du genre en quarante ans – a été organisée par le sous-comité de la Constitution, des droits civils et des libertés civiles. Ses membres ont réitéré l’importance des États-Unis comme pays d’immigrants, fondé sur le principe d’égalité et de justice pour tous.
Cependant, ils ont reconnu que le racisme, la discrimination et l’intolérance contre les Américains arabes et musulmans, les Afro-Américains et d’autres minorités persistent.
Le représentant Steve Cohen, qui a présidé la première partie de l’audience, a déclaré dans son discours d’ouverture, qu’en tant que membre du Congrès américain de la ville de Memphis dans le Tennessee, qui abrite un grand nombre d’Américains musulmans et arabes, il était très heureux de partager, depuis des années, les repas du ramadan avec les membres de la communauté.
«La diversité des communautés musulmanes, arabes et sud-asiatiques américaines reflète notre Histoire en tant que nation d'immigrants», souligne-t-il. «Le gouvernement et des concitoyens américains ont commis des actes de discrimination contre les minorités aux États-Unis, en particulier les Afro-Américains», poursuit-il.
Parmi les injustices commises par les autorités américaines contre les groupes minoritaires, il cite, à titre d’exemple, les lois Jim Crow, promulguées dans les États du sud après la fin de la guerre civile américaine en 1865 et légalisant la discrimination et la ségrégation raciales.
Le comité a entendu le témoignage de plusieurs membres élus, dont Ilhan Omar, une représentante musulmane du Minnesota, première réfugiée africaine à devenir membre du Congrès; André Carson, un représentant afro-américain de l’Indiana; Pramila Jayapal, une immigrante américano-indienne qui représente Seattle et Judy Chu, une Américaine d’origine asiatique qui représente la Californie.
M. Carson a évoqué ses propres expériences en matière de racisme et de discrimination en tant que jeune Afro-Américain musulman qui a grandi dans l’Indiana. Il a souligné l’importance de la solidarité entre les communautés musulmanes aux États-Unis et il a raconté comment cette communauté s’est battue pour ses droits et l’a aidé lorsque, jeune homme, il avait été arrêté par la police alors qu’il se tenait près d'une mosquée.
«J’ai appris une véritable leçon ce jour-là: être noir et musulman place une personne comme moi sous une double surveillance», déclare-t-il.
M. Carson affirme que les Américains musulmans ont contribué au succès et à la prospérité de l’Amérique dans tous les domaines, mais qu’après les attentats du 11-Septembre, leur image s’était détériorée aux États-Unis.
«J’espère que l’audience d’aujourd’hui sensibilisera davantage aux effets destructeurs de la discrimination contre les musulmans», a-t-il ajouté.
Ilhan Omar a indiqué qu’elle avait également été victime de discrimination en raison de son origine et de sa religion. Elle a œuvré, avec d’autres membres du Congrès, à lever une interdiction, mise en œuvre pendant le mandat du président, Donald Trump, concernant les personnes originaires d’un certain nombre de pays à majorité musulmane entrant aux États-Unis. Elle a ajouté qu’elle avait travaillé sur un certain nombre de lois visant à mettre fin aux politiques discriminatoires contre les musulmans américains et autres groupes minoritaires.
Dans un communiqué, Chris Habiby, le coordinateur législatif et politique du Comité américano-arabe de lutte contre la discrimination, s’est félicité de la tenue de cette audience et il a souligné la nécessité d’une approche vigoureuse de la part du Congrès et du gouvernement américain pour lutter contre la discrimination et la violence à l’encontre des Américains arabes et musulmans.
Il a rappelé que cette question avait été abordée pour la dernière fois en 1986, peu de temps après l’assassinat du militant américano-palestinien des droits civils, Alex Odeh, en Californie. Son meurtre, toujours non élucidé, a été qualifié d’«acte de terrorisme contre les Américains arabes».
«C’est la première audience qui traite de la discrimination et de la violence auxquelles notre communauté est confrontée depuis près de quarante ans», poursuit M. Habiby. «Bien qu’il s’agisse de la première audience sur la discrimination à l’encontre des Américains arabes, musulmans et sud-asiatiques après le 11-Septembre, nous espérons que ce ne sera pas la dernière.»
Les membres du comité ont également entendu plusieurs citoyens américains musulmans et sud-asiatiques parler de l’intolérance et du racisme qu’ils ont subis aux États-Unis en raison de leur foi ou de leur couleur de peau.
Shoba Sivaprasad Wadhia est Amérindienne. Elle est doyenne associée pour la diversité, l’équité et l’inclusion à la Penn State University en Pennsylvanie. Elle a expliqué comment les attentats du 11-Septembre ont été utilisés par le gouvernement américain pour restreindre les libertés civiles des Américains arabes et des musulmans.
«Après le 11-Septembre, les organismes du pouvoir exécutif ont utilisé la sécurité nationale comme base pour de nouvelles politiques d’immigration ciblant les communautés musulmanes, arabes et sud-asiatiques américaines», a-t-elle conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com