GENÈVE/ STASBOURG : Si le président russe Vladimir Poutine parvenait à renverser le gouvernement de Kiev, les crises humanitaires et des droits de l'homme en Ukraine ne feraient « qu'empirer », a averti mardi le chef de la diplomatie américaine.
Dans une allocation vidéo devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Antony Blinken a affirmé que « l'attaque préméditée, non provoquée et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine » créait une grave crise humanitaire et des droits humains dans ce pays.
Il a également suggéré d'exclure Moscou du Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
La Russie a déclenché le 24 février à l'aube l'invasion de l'Ukraine, après la reconnaissance par le président russe Vladimir Poutine de l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass. L'attaque a provoqué un tollé dans la communauté internationale.
M. Blinken a souligné que les « violations du droit humanitaire international commises par Moscou augmentent d'heure en heure », en faisant valoir que de nombreux civils sont tués tandis que plus d'un demi-million de personnes ont fui le pays depuis l'invasion.
« Si le président Poutine parvient à son objectif déclaré de renverser le gouvernement démocratiquement élu de l'Ukraine, les crises humanitaire et des droits de l'homme ne feront qu'empirer », a-t-il averti.
Saisie par Kiev, la CEDH exhorte Moscou «à s'abstenir de toute attaque» visant des civils
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), saisie par Kiev selon une procédure d'urgence, a exhorté mardi Moscou à « s'abstenir de toute attaque militaire contre des civils et des biens de caractère civil » en Ukraine.
Il s'agit « des locaux résidentiels, des véhicules d'urgence » et tout spécialement « des écoles et des hôpitaux » ou des « véhicules de secours » sur « le territoire attaqué ou assiégé par les troupes russes », détaille la cour dans un communiqué.
Le secrétaire d'État américain a également pointé du doigt la situation en Crimée, une péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.
Là-bas, a-t-il accusé, « l'occupation russe a été suivie d'exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de cas de torture, de détentions arbitraires, de persécution des minorités ethniques et religieuses et de répression brutale de la dissidence ».
« Le Kremlin intensifie également sa répression à l'intérieur de la Russie », a-t-il dit, en soulignant que « même avant l'invasion, il fermait les organisations de défense des droits humains et harcelait, empoisonnait et emprisonnait les activistes anti-corruption et les opposants politiques ».
Et, depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, « les autorités auraient détenu des milliers de Russes qui protestaient pacifiquement contre les invasions, ainsi que des journalistes qui couvraient les manifestations », a dénoncé M. Blinken.
Le chef de la diplomatie américaine a appelé le CDH à « envoyer un message uni au président Poutine pour qu'il mette fin sans condition à cette attaque (...) et retire immédiatement les forces russes en Ukraine ». Il a également exigé que des mesures soient prises pour que les auteurs de cette attaque rendent des comptes.
« On peut raisonnablement se demander si un État membre de l'ONU qui tente de s'emparer d'un autre État membre de l'ONU, tout en commettant d'horribles violations des droits humains et en causant des souffrances humanitaires énormes, devrait être autorisé à rester au sein de ce Conseil », a-t-il encore dit.