LONDRES : Pressé par l'Union européenne de clarifier ses intentions, le Royaume-Uni a assuré mercredi vouloir parvenir à un accord sur leur relation commerciale post-Brexit d'ici mi-octobre, se disant toutefois « prêt » à un échec des négociations, potentiellement ravageur pour l'économie.
Le Royaume-Uni a quitté l'UE le 31 janvier, mais il continue d'appliquer les règles européennes jusqu'au 31 décembre, une période de transition pendant laquelle Londres et Bruxelles espèrent s'entendre sur un accord commercial régissant leur future relation.
A défaut, une rupture brutale dans les échanges viendrait ébranler un peu plus des économies déjà fragilisées par la pandémie de nouveau coronavirus.
Lors d'un entretien téléphonique avec le président du Conseil européen Charles Michel censé dresser « l'état des lieux » des négociations, le Premier ministre britannique Boris Johnson « a souligné notre engagement clair à essayer d'arriver à un accord », a indiqué Downing Street dans un communiqué.
Mais il a ajouté que « le Royaume-Uni était prêt à finir la période de transition sur des termes à l'australienne (ce qui revient à un « no deal », ndlr) si un accord ne peut pas être trouvé », selon la même source.
Les négociations ont repris mercredi à Londres avec l'espoir d'aboutir d'ici fin octobre, malgré le peu de progrès enregistrés jusqu'à présent.
Ces échanges informels doivent se poursuivre jusqu'à vendredi et une rencontre est prévue ce jour-là entre les chefs négociateurs européen Michel Barnier et britannique David Frost, selon des sources européennes.
« Jouer cartes sur table »
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a lui appelé Londres à « jouer cartes sur table » dans les discussions.
« L'UE préfère un accord, mais pas à n'importe quel prix », a-t-il tweeté, les Européens reprochant à Londres de n'être toujours pas entré dans le noyau dur des négociations et de laisser ainsi planer le spectre d'un "no deal".
Jusqu'à présent, il y a eu peu de progrès notable pour rapprocher les points de vue sur les trois sujets qui fâchent - la pêche, une concurrence équitable et la gouvernance de l'accord -, après neuf séances de négociations à Londres et Bruxelles.
« Nous continuons à insister sur un accord qui serait bon pour les deux parties et pressons le Royaume-Uni de bouger, mais nous ne sommes toujours pas sûrs », a souligné une source européenne.
Le temps presse: les Européens veulent aboutir à un accord d'ici fin octobre, les Britanniques ayant même fixé la date-butoir plus tôt, au 15 octobre, date d'un sommet européen à Bruxelles - auquel Boris Johnson, comme dirigeant d'un pays n'appartenant plus à l'UE, n'est pas convié.
Lors d'un entretien par visioconférence samedi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chef de gouvernement britannique avaient convenu d'accélérer les négociations pour tenter d'aboutir à un accord.
Un accord encore loin
Selon le négociateur britannique David Frost, les deux parties sont encore « éloignées » d'un compromis pour le moment, en raison d' « importants différends » qui demeurent, a-t-il indiqué lors d'une audition à la chambre des Lords.
« Les chefs négociateurs devraient continuer à travailler intensivement dans les prochains jours pour tenter de combler les fossés », a indiqué Downing Street.
Les négociations doivent reprendre la semaine prochaine à Bruxelles, Londres affirmant une nouvelle fois vouloir travailler « de manière constructive » et rapide pour conclure un accord, selon le porte-parole de Boris Johnson.
Toutefois, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a estimé sur Twitter que « mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord ».
Un échec à conclure un accord sur la future relation aurait des conséquences économiques potentiellement désastreuses, avec des échanges régis par les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et leurs droits de douane élevés.
La ratification d'un éventuel accord reste par ailleurs menacée par les tensions apparues à la suite du projet de loi britannique qui remet en question certains des engagements pris dans le traité de divorce, concernant l'Irlande du Nord