PARIS : Une crise chasse l'autre. Le débat sur la situation sanitaire de Covid-19 à l'Assemblée nationale jeudi matin a été bousculé par l'invasion russe en Ukraine, condamnée unanimement par les groupes politiques dont certains réclament rapidement un débat dédié au Palais-Bourbon.
Le président russe Vladimir Poutine "viole les droits internationaux", a dénoncé le président des députés LREM, Christophe Castaner, critiquant "la tentative d'hégémonisme" de la Russie.
"La France exige la fin des opérations", a-t-il rappelé, citant la position du président Emmanuel Macron.
Plusieurs députés d'opposition ont réclamé la tenue rapide d'un débat dédié à la situation à l'Assemblée nationale.
Le LR Philippe Gosselin a martelé ce souhait. "Il n’y a aucune polémique mais nous devons faire front", a souligné le député de la Manche.
"La guerre a éclaté en Europe", a-t-il exposé, mettant en garde, dans une évidente référence historique à la situation du Vieux continent à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. "Nos faiblesses d’aujourd’hui peuvent être nos fautes du lendemain".
La cheffe de file des députés socialistes, Valérie Rabault, a demandé que le Conseil européen se tienne "aujourd’hui à Kiev", et veut "fermer le système bancaire russe", invitant aussi à se poser la question des livraisons d'armes à l'Ukraine.
Elle souhaite, en outre, que le comité de liaison parlementaire sur la situation russo-ukrainienne prévu vendredi avec le Premier ministre puisse se tenir dès ce jeudi.
Le MoDem Frédéric Petit, visiblement ému, a dénoncé une "déclaration de guerre culturelle" à l'Europe.
"Si on commence à redessiner les frontières pour des raisons historiques, c’est la sécurité du monde entier qui est en jeu", a exposé le président des députés Agir, Olivier Becht.
Réclamant aussi un débat à l'Assemblée nationale, Bertrand Pancher (Libertés et Territoires) a appelé la France à ne pas rester "les bras croisés". Même tonalité chez Pascal Brindeau (UDI).
A gauche, la présidente du groupe LFI Mathilde Panot a dénoncé "fermement l'agression" et un "retour aux rapports de force brutale". Elle a aussi demandé un débat.
"Il ne faut surtout pas accepter l'escalade", a-t-elle averti avant d'être prise à partie par des députés de la majorité qui reprochent à LFI et au candidat à l'Elysée Jean-Luc Mélenchon une position jugée complaisante à l'égard de Moscou.
Dernier orateur, le communiste Jean-Paul Lecoq a condamné "l'intervention russe en Ukraine": "Poutine porte la responsabilité du déclenchement de la guerre".
"La responsabilité collective revient à tous ceux qui ont nourri le feu de la confrontation. La France ne peut pas prendre part au conflit ni directement ni indirectement en faisant des livraisons d’armes", a-t-il jugé.