RIYAD: Le 24 février, le pétrole a dépassé la barre des 100 dollars le baril (1 dollar = 0,89 euro) pour la première fois depuis 2014; l’or est en hausse et les cryptomonnaies – bitcoin et ether – s’effondrent, tandis que la Russie déploie ses troupes en Ukraine. Voilà qui suscite de vives inquiétudes, puisqu’une guerre en Europe pourrait perturber l’approvisionnement mondial en énergie.
La Russie a lancé une opération militaire de grande envergure en Ukraine, prenant plusieurs villes pour cibles au moyen d’armes, a déclaré dans un Tweet le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba.
Le baril de Brent a atteint 101,34 dollars, son niveau le plus élevé depuis 2014, au début des échanges avec l’Asie. Il était à 101,20 dollars à 4h23 GMT, en hausse de 4,36 dollars, soit de 4,5%.
Le prix du baril de pétrole brut américain West Texas Intermediate a grimpé de 4,22 dollars (4,6%), frôlant les 96,32 dollars, après avoir atteint 96,51 dollars, son plus haut niveau depuis le mois d’août 2014.
Sur les marchés de la cryptomonnaie, le cours du bitcoin a chuté sous les 35 000 dollars pour la première fois en un mois, tandis que les prix de l’ether ont baissé de plus de 12%.
Jeudi, le président russe, Vladimir Poutine, a donné le feu vert à une opération militaire dans l’est de l’Ukraine. Cette décision, qui intervient après les demandes de la Russie de mettre fin à l’expansion de l’Otan, pourrait marquer le début d’une guerre en Europe.
La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et elle vend principalement du brut aux raffineries européennes. Ce pays est le plus grand fournisseur de gaz naturel en Europe et il assure environ 35% de son approvisionnement.
L’or en hausse
Les prix de l’or ont bondi jeudi de plus de 2% pour atteindre leur plus haut niveau en plus d’un an alors que les investisseurs se sont rués vers les valeurs refuges après que les forces russes ont envahi l’Ukraine.
L’or au comptant a grimpé d’1,9%, atteignant 1 943,86 dollars l’once à 4h28 GMT, son plus haut niveau depuis le début du mois de janvier 2021. Les contrats à terme sur l’or, aux États-Unis, ont grimpé de 2%, atteignant 1 949,20 dollars.
L’or a augmenté d’environ 8% depuis le mois de février et il devrait enregistrer son meilleur gain mensuel depuis juillet 2020.
L’argent a augmenté d’1,6%, atteignant 24,91 dollars l’once; le platine a augmenté de 0,5% à 1 097,01 dollars et le palladium a bondi de 2%, frôlant les 2 530,42 dollars.
Réactions des analystes
ING: «L’annonce par la Russie d’une opération militaire spéciale en Ukraine a propulsé le Brent au-delà des 100 dollars le baril». C’est ce que déclare Warren Patterson, responsable de la recherche sur les matières premières chez ING. Il ajoute que le marché pétrolier va nerveusement attendre les nouvelles mesures prises par les pays occidentaux contre la Russie.
«Cette incertitude croissante, à une époque où le marché pétrolier est déjà tendu, le rend vulnérable, et les prix devraient donc rester volatils et élevés», précise-t-il.
Mardi dernier, les pays occidentaux et le Japon ont puni la Russie. Ils lui ont imposé de nouvelles sanctions pour avoir déployé des troupes dans les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine et ont menacé d’aller plus loin si Moscou lançait une invasion totale contre son voisin. Jusqu’à présent, il n’y a toujours pas de sanctions sur le commerce de l’énergie.
Le Japon et l’Australie ont déclaré jeudi qu’ils étaient prêts à exploiter leurs réserves de pétrole, avec d’autres pays membres de l’Agence internationale de l’énergie, si les approvisionnements mondiaux étaient affectés par les hostilités en Ukraine.
Oanda: «Un facteur qui pourrait agir comme un frein temporaire sur les prix est l’accord sur le nucléaire iranien. Des rumeurs circulent sur la possibilité d’annoncer un nouvel accord, peut-être dès cette semaine», explique Jeffrey Halley, analyste principal du marché chez Oanda.
«Cependant, l’Ukraine suscite de vives inquiétudes et ses ramifications plus larges continueront de soutenir les prix du pétrole, qui restent un achat solide à la baisse.»
«L’or reprend son rôle d’actif refuge et je n’exclus pas de nouveaux sommets historiques des prix dans les semaines à venir», poursuit M. Halley dans une note.
Les actions mondiales et les rendements obligataires américains ont chuté, tandis que le dollar et les prix du pétrole ont grimpé en flèche.
City Index: «Toutes les sanctions mises en place n’affecteront pas réellement la Russie de la manière dont l’Occident l’espère. L'Occident est mis en difficulté ici et c’est une autre bonne raison pour laquelle l’or augmente parce que c’est un véritable environnement à risque», confie M. Matt Simpson, analyste principal de marché chez City Index.
Autres facteurs qui ont une incidence sur l’or
Des pourparlers indirects sur le nucléaire se tiennent entre les États-Unis et l’Iran à Vienne. Un accord pourrait conduire à la levée des sanctions sur les ventes de pétrole iranien et à l’augmentation de l’offre mondiale.
L’Iran a cependant exhorté mercredi les puissances occidentales à être «réalistes» dans les pourparlers destinés à relancer l’accord nucléaire de 2015 et il a déclaré que son principal négociateur retournait à Téhéran pour des consultations, suggérant qu’une percée dans ses discussions n’était pas imminente.
En outre, les stocks de brut américains ont augmenté de six millions de barils la semaine dernière, tandis que les stocks de distillats ont baissé, selon des sources du marché qui ont rapporté les chiffres de l’American Petroleum Institute mardi soir.
Avant les données gouvernementales de jeudi, les analystes prévoient une augmentation de 400 000 barils de brut et une réduction des stocks de carburant.
Les stocks d’essence ont augmenté de 427 000 barils et les stocks de distillats ont chuté de 985 000 barils: c’est ce qu’indiquent les données de l’API selon des sources qui se sont exprimées sous couvert d'anonymat.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com