WASHINGTON: Le président Joe Biden doit annoncer ces prochains jours le choix de sa candidate pour la Cour suprême des Etats-Unis, une nomination historique car il s'agira de la première magistrate noire à siéger à la plus haute institution judiciaire du pays.
Etant donné l'enjeu, le dirigeant démocrate s'est lui-même impliqué dans le processus de sélection, allant jusqu'à faire passer un entretien à au moins trois juges parmi les finalistes, selon les médias. M. Biden a promis de dévoiler sa décision d'ici fin février.
Remplaçant le magistrat progressiste Stephen Breyer qui prend sa retraite, l'élue rejoindra le prestigieux collège de neuf juges qui veille à la constitutionnalité des lois et tranche les importants débats de société aux Etats-Unis.
Donald Trump a ancré dans le conservatisme la Cour suprême, en y nommant trois juges. Pour Joe Biden, il s'agit de sa première désignation, qui ne changera pas le rapport de force au sein de l'instance.
"Le président n'a pas (encore) pris sa décision", a déclaré mardi Jen Psaki, la porte-parole de la Maison Blanche.
Le plus grand soin est nécessaire pour éviter toute mauvaise surprise lors de la phase de confirmation au Sénat, un moment intense durant lequel les démocrates peuvent s'attendre à voir la magistrate désignée mise sur le gril par les républicains.
Joe Biden a promis une juge ayant des "qualifications, une personnalité, une expérience et une intégrité extraordinaires". Voici les favorites:
Ketanji Brown Jackson
Cette brillante juriste de 51 ans a une expérience intime du système pénal. Alors que la plupart des juges de ce niveau se sont distingués comme procureurs, Mme Jackson a travaillé du côté des accusés: pendant deux ans, elle a été avocate dans les services de l'aide juridictionnelle à Washington, défendant des prévenus sans ressources.
Ketanji Brown Jackson a eu une enfance stable dans une famille d'enseignants en Floride. Son père avait ensuite repris des études de droit et est devenu juriste dans un conseil d'école, tandis que sa mère se hissait au rang de directrice.
Championne de concours d'éloquence dès le lycée, elle avait intégré la prestigieuse université Harvard, puis alterné les expériences dans le privé et le public. Elle a travaillé comme assistante du juge Breyer.
En 2013, le président démocrate Barack Obama a nommé cette mère de deux filles, mariée à un chirurgien, juge fédérale à Washington.
Michelle Childs
Cette spécialiste du droit du travail âgée de 55 ans a un parcours atypique, qui lui a valu des soutiens appuyés dans son Etat de Caroline du Sud.
Native de Détroit, Michelle Childs a étudié à l'Université de Floride du Sud, puis à la faculté de droit de Caroline du Sud, deux établissements publics. Si elle est nommée, elle sera l'une des rares juges de la haute cour à avoir fait carrière loin de Washington.
Jeune diplômée, elle s'est spécialisée dans les conflits dans l'entreprise.
Loin de la desservir, ses origines modestes et son ascension à la force du poignet ont été mises en avant par ses partisans, à commencer par l'élu noir Jim Clyburn, très proche de Joe Biden, à qui il a apporté un coup de pouce crucial lors de la présidentielle de 2020.
En 2009, Barack Obama l'a nommée juge fédérale, toujours en Caroline du Sud. En douze ans comme juge fédérale, elle a supervisé environ 5.000 dossiers et rendu 2.800 jugements.
A noter qu'elle ne fait pas l'unanimité à gauche, où plusieurs voix ont mis en cause sa défense, en tant qu'avocate, d'employeurs opposés à la création de syndicats.
Leondra Kruger
Originaire d'un milieu ouvert et privilégié de la banlieue de Los Angeles, cette juriste brillante, connue pour sa pondération et son art du consensus, a connu une ascension fulgurante. Et, à 45 ans seulement, elle a déjà une riche carrière derrière elle, à Washington et en Californie.
Passée par Harvard puis la faculté de droit de Yale, elle est entrée dès ses 31 ans au service de l'avocat général des Etats-Unis, sous la présidence Obama, un poste qui l'a conduite à plaider à douze reprises au nom du gouvernement fédéral devant la Cour suprême.
Elle a laissé le souvenir d'une femme dotée d'un grand sang-froid et d'une grande intelligence analytique.
Fin 2014, le gouverneur de Californie, impressionné par ses états de service, l'a nommée à la Cour suprême de l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis. Depuis, elle s'y est forgé une réputation de progressiste modérée et pragmatique.