France : très actif sur la crise ukrainienne, Macron critiqué avant la présidentielle

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) et le président français Emmanuel Macron se serrent la main après une conférence de presse à l'issue de leur rencontre à Kiev le 8 février 2022.(AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) et le président français Emmanuel Macron se serrent la main après une conférence de presse à l'issue de leur rencontre à Kiev le 8 février 2022.(AFP)
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Publié le Mardi 22 février 2022

France : très actif sur la crise ukrainienne, Macron critiqué avant la présidentielle

  • Loin des estrades et des studios de télévision, le président français a encore passé des heures, ces derniers jours, à négocier au téléphone avec les principaux acteurs de la crise internationale
  • Depuis près d'un mois, l’Élysée, rompant avec ses habitudes, communique en temps réel sur la succession des échanges du président en organisant des comptes-rendus détaillés par les conseillers diplomatiques

PARIS : Emmanuel Macron s'est démultiplié pour éviter la guerre en Ukraine, renforçant sa stature internationale, à moins de 50 jours de la présidentielle française. Mais l'intervention annoncée lundi par Moscou résonne comme un revers, que ses opposants cherchent à mettre à profit dans l'optique du scrutin.

Loin des estrades et des studios de télévision, le président français a encore passé des heures, ces derniers jours, à négocier au téléphone avec les principaux acteurs de la crise internationale. Avec des résultats contrastés.

Lundi à 02H00 du matin à Paris, un relatif optimisme était de mise lorsqu'un accord de principe pour un sommet Poutine-Biden était annoncé à son initiative. Mais moins d'un jour plus tard, le président russe actait un déploiement de ses forces dans les territoires séparatistes de l'est ukrainien, dont il reconnaissait l'indépendance.

La douche ne pouvait être plus froide au sommet de l'État français. Vladimir Poutine "n'a pas respecté la parole donnée" à Emmanuel Macron, dénonçait Paris.

Depuis près d'un mois, l’Élysée, rompant avec ses habitudes, communique en temps réel sur la succession des échanges du président en organisant des comptes-rendus détaillés par les conseillers diplomatiques auxquels sont conviés plus de 200 journalistes français et étrangers.

Emmanuel Macron "a beaucoup d'énergie positive. Il n'est pas réellement un médiateur, plutôt un facilitateur" en proposant "des initiatives et des paramètres pour la négociation", louait son entourage avant la dernière escalade.

PARIS : Son volontarisme est mis en avant. Sa photographe personnelle a publié ce weekend une série de clichés le montrant à son bureau, barbe de trois jours et traits creusés... clichés que raille mardi Marine Le Pen. "J’ai vu passer des photos d’Emmanuel Macron pas rasé, la tête entre les mains. Tout ça est très artistique, mais ce n’est pas sérieux de faire de la communication sur ces sujets-là", déplore la candidate d'extrême droite sur la radio RTL.  

Et d'ironiser : "On s’est même posé la question de savoir s’il était vraiment président de la République dans cette séquence où s’il cherchait à être Prix Nobel de la paix." Avant d'accuser le président français d'avoir "cherché à se servir de cette séquence diplomatie" à des fins électoralistes.

Bilan navrant

À moins de 50 jours du premier tour de la présidentielle, le 10 avril, Emmanuel Macron, grand favori de l'élection dans tous les sondages, ne s'est en effet toujours pas déclaré candidat à un nouveau mandat, du fait de son activisme sur le front russo-ukrainien, selon son entourage. 

Lui qui s'était déjà engagé comme médiateur au Liban, en Libye, dans le conflit entre l'Arménie et l’Azerbaïdjan ou sur le dossier iranien, souvent sans être payé de retour, devrait entrer en campagne la semaine prochaine, de même source. Il restera alors quarante jours ou moins avant le scrutin.

Face à cette situation inédite, les oppositions cherchent le bon angle d'attaque, entre critiques sur la forme et dénonciations de la naïveté présumée du chef de l'Etat.

Le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a fustigé mardi sur Facebook le "bilan navrant" d'Emmanuel Macron, qui "aura joué des rôles sans contenu réel" durant cette "séquence" diplomatique.

"Il est inutile d’espérer qu’il fasse mieux. Il peut faire pire", a-t-il encore commenté, en appelant le Premier ministre Jean Castex à s'expliquer "dans les heures qui viennent" devant l'Assemblée nationale.

La candidate de la droite conservatrice Valérie Pécresse a de son côté moqué un "dialogue solitaire" et "tardif" de Macron sur la radio France inter.

Des critiques jugées indignes par la majorité, qui loue un président prenant "tous les risques jusqu'à la dernière minute pour pouvoir éviter un conflit armé", selon le délégué général du parti au pouvoir, Stanislas Guerini.

Pour le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, les tensions russo-ukrainiennes servent ainsi Emmanuel Macron au plan intérieur : "Toute situation de crise aiguë à ce stade le place au centre de l'attention médiatique et des débats en faisant disparaître l'opposition, quelle qu'elle soit".

Le risque politique n'est pas très élevé, poursuit l'expert, car quoiqu'il arrive, le président "sera crédité" d'avoir essayé. Et d'observer : "Même s'il échoue sur le front russe, il aura dirigé l'effort européen, sans la présence tutélaire d'Angela Merkel."


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.