PARIS : Tout en estimant qu'Emmanuel Macron a "raison de vouloir éviter la guerre", plusieurs candidats à l'Elysée ont regretté dimanche le caractère tardif de sa diplomatie alors que les Occidentaux craignent plus que jamais une invasion russe en Ukraine.
"La diplomatie, ça se fait pas au dernier moment", a critiqué la candidate du RN, Marine Le Pen, au moment précis où le chef de l'Etat s'entretenait au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine, suivi d'un échange avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Le succès d'une diplomatie nécessite d'avoir des relations anciennes et travaillées depuis des années", a-t-elle ajouté sur France Inter et France Info, disant "regretter qu'Emmanuel Macron ait virevolté" sur ce point.
Selon la candidate du Rassemblement national, la situation "peut effectivement très mal tourner". Pour éviter une guerre, il faut que l'Occident "admette que l'Ukraine ne rentrera pas dans l'Otan", l'une des principales revendications russes, "réclamer évidemment à la Russie de sortir définitivement du Donbass", "faire appliquer les accords de Minsk" et "reconnaître l'intégration de la Crimée à la Russie".
Il faudrait aussi selon elle que la France arrête d'apparaître comme "le porte-voix de l'Otan et de l'Union européenne" et qu'elle reste à équidistance des États-Unis et de la Russie".
Son rival à l'extrême droite, Eric Zemmour, qui "ne croi(t) pas" à une invasion russe en Ukraine, a pour sa part estimé sur Europe 1 et CNews que "l'extension de l'Otan depuis trente ans à l'Est (...) est vue légitimement comme une agression par la Russie".
Pour le candidat de Renconquête!, Emmanuel Macron a certes "raison" de tenter d'éviter la guerre. Mais "sa démarche est vouée à l'échec", car "nous sommes vus par les Russes comme les petits télégraphistes de Washington (...), notre parole ne vaut rien", a-t-il ajouté.
Le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon a, lui, regretté que la France soit "alignée ostensiblement sur les États-Unis d'Amérique".
"Les Français doivent être non-alignés, ni avec l'un, ni avec l'autre. Cela signifie comme conséquence pratique (que) les Russes ne doivent pas passer la frontière de l'Ukraine, qui doit être respectée absolument, et les Américains ne doivent pas chercher à annexer l'Ukraine dans l'Otan", a-t-il insisté sur France 3.
Comme Mme Le Pen et M. Zemmour, le candidat insoumis plaide pour que la France quitte le commandement intégré de l'Otan, dont elle avait déjà été absente entre 1966 et 2009.
Enfin, pour Christiane Taubira, invitée sur BFMTV dimanche, "le président français a raison d'essayer jusqu'au bout la discussion".
Mais la candidate a elle-aussi regretté un "manque d'anticipation", en estimant que les risques internationaux se "gèrent en amont", d'autant que "la situation de la Russie avec l'Ukraine n'est pas une découverte".