Poutine ordonne à son armée d'entrer dans les territoires prorusses d'Ukraine

Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître l'indépendance des séparatistes prorusses d'Ukraine (AFP)
Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître l'indépendance des séparatistes prorusses d'Ukraine (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 22 février 2022

Poutine ordonne à son armée d'entrer dans les territoires prorusses d'Ukraine

  • Le président russe a intimé dans la foulée à l'Ukraine de cesser immédiatement « ses opérations militaires » contre les séparatistes ou d'assumer « la responsabilité de la poursuite de l'effusion de sang »
  • Dans son discours long de 65 minutes, Vladimir Poutine a passé en revue l'histoire des relations russo-ukrainiennes depuis des siècles et exposé une thèse selon laquelle l'Ukraine est une nation créée de toute pièce à l'époque soviétique

MOSCOU: Vladimir Poutine a ordonné lundi à son armée d'entrer dans les territoires séparatistes de l'Est de l'Ukraine après avoir reconnu leur indépendance, une décision qui pourrait entraîner une guerre avec Kiev.


Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les "républiques populaires" de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que "les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix".


De ce déploiement militaire, ni calendrier ni informations sur son éventuelle ampleur n'ont été précisés dans ces documents. 


Dans une longue adresse télévisée, dans laquelle il a laissé apparaître des moments de colère, M. Poutine a intimé à l'Ukraine de cesser immédiatement "ses opérations militaires" contre les séparatistes, au risque d'assumer "la responsabilité de la poursuite de l'effusion de sang".


La Russie a quelque 150 000 soldats aux frontières de l'Ukraine selon l'Occident, laissant craindre une invasion d'ampleur. 


Deux accords d'entraide entre Moscou et les sécessionnistes, d'une durée de dix ans, doivent être ratifiés par le Parlement russe mardi. Ils prévoient le déploiement "des unités militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la région et d'assurer une sécurité durable aux parties".

Les diplomates américains en Ukraine déplacés en Pologne pour des «raisons de sécurité»

Les diplomates américains encore en Ukraine sont déplacés en Pologne pour des "raisons de sécurité", a annoncé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, quelques heures après l'annonce par la Russie de l'envoi de ses troupes dans les régions séparatistes pro-russes d'Ukraine.


"Pour des raisons de sécurité, le personnel du département d'Etat actuellement à Lviv passera la nuit en Pologne", a annoncé le secrétaire d'État Antony Blinken dans un communiqué.


Le chef du Kremlin a reconnu l'indépendance des deux territoires séparatistes de Donetsk et de Lougansk dans l'Est de l'Ukraine et a demandé par décret au ministère de la Défense que "les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix". 


Cette décision intervient un peu plus d'une semaine après que les États-Unis ont transféré leur ambassade de Kiev à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, invoquant "l'accélération spectaculaire" du renforcement des forces russes à la frontière. 


Le personnel de l'ambassade des États-Unis à Kiev avait déjà été considérablement réduit après que les États-Unis ont ordonné le départ de la plupart des diplomates.

Effrayant 
"L'Ukraine qualifie les derniers actes de la Russie de violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre Etat", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une adresse à la Nation, assurant que Kiev ne cèderait pas "une parcelle" du pays et n'avait peur "de rien ni personne".


Il a également appelé ses partenaires occidentaux à un soutien "clair" et "efficace". 


"Je suis choqué, j'ai beaucoup de famille à l'Est, je suis de Donetsk et je suis à Kiev depuis huit ans, et c'est l'information la plus effrayante en huit ans", a réagi auprès de l'AFP un habitant de la capitale ukrainienne, Artem Ivachenko, cuisinier de 22 ans.  


Ces décisions signent la fin d'un processus de paix sous médiation franco-allemande qui, bien que régulièrement violé, avait permis de stopper les affrontements les plus violents de ce conflit ayant fait plus de 14.000 morts depuis son déclenchement en 2014, après l'annexion de la Crimée par Moscou.


Par ailleurs, les Etats-Unis ont estimé à plusieurs reprises que Moscou pouvait lancer une opération de conquête pour prendre Kiev par la force.

Ukraine: l'UE va sanctionner des intérêts russes

L'UE a qualifié la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes par Moscou de "violation flagrante du droit international" et va sanctionner "ceux qui sont impliqués" dans cette décision, ont annoncé lundi les chefs de l'UE.


Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître les territoires de Donetsk et de Lougansk en Ukraine en tant qu'entités indépendantes.


"Cette mesure constitue une violation flagrante du droit international ainsi que des accords de Minsk. L'Union réagira par des sanctions à l'encontre des personnes impliquées dans cet acte illégal", ont déclaré dans un communiqué commun le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.


Les ambassadeurs des Vingt-Sept à Bruxelles vont se réunir mardi matin pour "lancer le processus de préparation des sanctions ciblées annoncées" qui devront être adoptées par les ministres des  Affaires étrangères, a annoncé la présidence française du Conseil de l'UE.
"Nous viserons un certain nombre d'activités localisées dans le Donbass et directement liées aux intérêts russes", a précisé l'Elysée.


Les sanction ciblées européennes visent des personnes ou des entités. Elles consistent en une interdiction de voyager et un gel des avoirs dans l'UE.


L'Otan a également condamné la reconnaissance des deux territoires séparatistes prorusses et a appelé Vladimir Poutine à "choisir la voie de la diplomatie" et à "retirer les forces déployées aux frontières de l'Ukraine et en Ukraine".


Vladimir Poutine a au contraire ordonné dans la soirée à l'armée russe d'entrer dans les territoires séparatistes pour y assurer "les fonctions de maintien de la paix".


Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a qualifié cette "soi-disant mission de maintien de la paix" de "nouvelle agression directe contre l'Ukraine, une violation de son intégrité territoriale et de sa souveraineté". 


Concernant les sanctions de l'UE, "il y a différentes mesures et le degré de leur mise en œuvre dépend du niveau d'agression", a-t-il expliqué. Elles devront être décidées à l'unanimité des pays membres, mais "l'unanimité sur le dossier de l'Ukraine est garantie", a-t-il soutenu.


La convocation d'un sommet européen extraordinaire est envisagée en cas d'agression militaire russe en Ukraine.


"Si Vladimir Poutine déclenche une guerre, nous répondrons avec le levier le plus puissant dont nous disposons: des sanctions économiques et financières, car l'économie est le point faible de la Russie", avait déclaré dimanche Ursula von der Leyen. "Les sanctions financières signifieraient que la Russie serait pratiquement coupée des marchés financiers internationaux", avait-elle précisé.

Large condamnation à l'ONU des décisions et actions russes sur l'Ukraine

L'ONU et une majorité de membres du Conseil de sécurité, Etats-Unis en tête, ont dénoncé lundi lors d'une réunion d'urgence à New York la décision de la Russie de reconnaître l'indépendance des républiques sécessionnistes de l'est de l'Ukraine, comme celle de "déployer des troupes russes" dans cette région.


La désignation de l'armée russe, par le président Vladimir Poutine, en "force de maintien de la paix" pour justifier son entrée dans les territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine, est "un non-sens", a déclaré l'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies Linda Thomas-Greenfield.


Le président Poutine "a annoncé depuis qu'il allait déployer des troupes russes dans ces régions. Ils les appellent des forces de maintien de la paix. C'est un non-sens. Nous savons ce qu'elles sont vraiment", a fustigé la diplomate américaine.


La secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, avait au préalable vivement "regretté" les décisions et actions de la Russie.


"Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque de conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix", a-t-elle réclamé lors de la réunion organisée à la demande notamment des Occidentaux.


Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont fait part de leur condamnation des derniers développements.


"Qui est le prochain" à devoir être envahi, a demandé l'ambassadeur albanais, Ferit Hoxha, en condamnant ""une rupture du droit international".


Son homologue indien, T.S. Tirumurti, a fait part "de sa profonde inquiétude" et a appelé "à la retenue de toutes les parties", tandis que l'ambassadrice britannique, Barbara Woodward, exigeait de la Russie qu'elle fasse "marche arrière" et que le Brésil demandait "un cessez-le-feu immédiat" dans l'est de l'Ukraine.


Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les "républiques populaires" de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que "les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix".

«Violation flagrante»
Les Etats-Unis, l'Union européenne, comme l'Otan et Londres, ont dénoncé la décision du président russe et évoqué des sanctions.


Le président Joe Biden a réaffirmé à son homologue ukrainien "l'engagement des Etats-Unis" au respect de "l'intégrité territoriale de l'Ukraine" et promis des mesures "rapides" et "résolues".


La présidence française a annoncé des sanctions prochaines de l'UE visant des entités et des individus russes. Et le Premier ministre britannique Boris Johnson veut décider mardi d'un "important paquet de sanctions".


Les membres occidentaux du Conseil de sécurité de l'ONU ont demandé une réunion d'urgence lundi soir de cette instance. La session se tiendra à 21H00 locales (02H00 GMT mardi).


L'Europe et les Etats-Unis ont menacé ces dernières semaines Moscou de lourdes sanctions en cas d'agression militaire.


Les annonces de M. Poutine interviennent à l'issue d'une journée qui a vu Moscou multiplier les accusations contre l'Ukraine, comme la destruction d'un poste-frontalier par l'artillerie ukrainienne ou l'infiltration d'une équipe de "saboteurs" donc cinq membres auraient été tués.


Kiev a démenti en bloc ces affirmations qui, pour les Occidentaux, font partie des efforts de Moscou visant à créer un prétexte à une intervention militaire.

Poutine, le «paranoïaque-
Dans sa longue allocution télévisée, M. Poutine a réitéré ses accusations infondées de "génocide" des Russes et russophones d'Ukraine.


Sur un ton professoral, il a donné une leçon d'Histoire revisitée par le Kremlin, présentant l'Ukraine comme un pays artificiel et indissociable de la Russie.


La présidence française a dénoncé la "dérive idéologique" et le "discours paranoïaque" de Vladimir Poutine.


Jusqu'au bout, les Européens ont essayé de le dissuader de passer à l'action.


Emmanuel Macron avait tenté encore dimanche soir de désamorcer la crise, espérant encore avoir arraché un sommet de la désescalade entre MM. Biden et Poutine. Le Kremlin a douché l'espoir lundi matin.

Ukraine: appels à la fermeté à gauche, Le Pen pour «retrouver la voie du dialogue»

Plusieurs candidats de gauche à la présidentielle ont appelé à la fermeté, après la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des régions séparatistes prorusses de l'Ukraine, Marine Le Pen souhaitant, elle, que tout soit fait "pour retrouver la voie du dialogue" et Eric Zemmour appelant à "éviter une nouvelle guerre".


Pour la socialiste Anne Hidalgo, "la décision unilatérale de Vladimir Poutine constitue une violation du droit international et de la souveraineté de l'Ukraine". "La France et l’Europe doivent être solidaires, unies et fermes face à cette menace contre la paix en Europe", a-t-elle affirmé sur Twitter.


"La reconnaissance des entités séparatistes par Poutine porte atteinte à l'intégrité territoriale et à la démocratie de l'Ukraine. Aucune complaisance! J'en appelle à une réponse française et européenne ferme et unie", a réagi l'écologiste Yannick Jadot sur le même réseau social.


Pour Jean-Luc Mélenchon, "une ligne est franchie" et "quoiqu’on pense des arrière-pensées ou des logiques de situation, il n'empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode". Dans un long communiqué, le candidat LFI évoque "le bilan navrant de Macron dans cet épisode" et demande que le Premier ministre s'explique "dans les heures qui viennent" devant l'Assemblée nationale.


Le communiste Fabien Roussel a fustigé dans un tweet "une décision extrêmement grave et dangereuse", affirmant que "tout doit être fait pour désamorcer cette guerre qui menace aux portes de l’Europe".


Pour Christiane Taubira, s'exprimant elle aussi sur Twitter, "la Russie choisit la force et le fait accompli. (...) La solidarité des États européens avec l’Ukraine ne doit pas faillir. Même si la diplomatie doit continuer d'œuvrer". 


La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a de son côté jugé que la décision de M. Poutine était "un acte éminemment regrettable", mais que "tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d’assurer la paix en Europe".


"Désormais, la solution passe probablement par l’organisation d’une conférence réunissant les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, Etats frontaliers de l’Ukraine", a estimé Mme Le Pen dans un communiqué.


Appelant à éviter "absolument une nouvelle guerre", le candidat d'extrême droite Eric Zemmour estime d'ores et déjà que les futures sanctions que prendront les Etats-Unis et l'UE seront "inefficaces" et iront "à l'encontre de nos intérêts économiques". Il propose ainsi "un traité consacrant la fin de l'expansion de l'Otan".


Emmanuel Macron, qui a multiplié les entretiens ces derniers jours pour éviter la guerre en Ukraine, a condamné la décision du président russe et réclamé des "sanctions européennes ciblées" à l'encontre de Moscou, selon un communiqué de l'Elysée.

Les tensions, qui n'ont cessé de croître ces derniers mois, se sont encore aggravées depuis trois jours avec la recrudescence des heurts dans l'est de l'Ukraine entre forces de Kiev et les séparatistes.


Les observateurs de l'OSCE ont enregistré en 48 heures plus de 3 200 nouvelles violations de la trêve censée être en vigueur.


Lundi, Kiev a fait état de deux soldats et un civil ukrainiens tués.


Les rebelles ont compté trois civils ayant péri dans des bombardements ces dernières 24 heures.


La Russie a assuré lundi qu'au moins 61 000 personnes avaient été "évacuées" des zones séparatistes vers son territoire.


"C'est la guerre, la vraie", estime Tatiana Nikoulina, 64 ans, qui fait partie de ces personnes acheminées de la région de Donetsk vers la ville russe de Taganrog.


M. Poutine a aussi de nouveau incriminé les pays occidentaux, leur reprochant d'"utiliser l'Ukraine", ce qui "représente une menace sérieuse, très grande pour nous".


Les Russes se sont défendus de tout projet d'invasion de l'Ukraine, réclamant l'assurance que Kiev ne rejoindra jamais l'Otan et le retrait de l'Alliance d'Europe de l'Est.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Short Url
  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Short Url
  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.