PETROPOLIS, BRESIL: La ville brésilienne de Petropolis était à nouveau en état d'alerte vendredi soir, les sirènes ayant retenti après des prévisions de nouvelles fortes pluies, trois jours après les violents orages qui ont fait au moins 122 morts et des dizaines de disparus.
Le nombre de disparus dans les inondations et glissements de terrain restait flou. La police a annoncé un chiffre de 218 personnes. Mais elle n'a pas précisé si elle comptabilisait dans ce total les corps non encore identifiés ni les personnes déjà retrouvées.
Dans la matinée, le président Jair Bolsonaro a survolé les zones sinistrées, quelques heures après son retour au Brésil à l'issue d'un voyage officiel en Russie et Hongrie.
"J'ai vu énormément de destructions, comme des scènes de guerre", a déclaré le chef de l'Etat au cours d'une conférence de presse. "Nous avons pu prendre parfaitement conscience de la gravité de ce qui s'est passé ici".
Les sirènes avaient déjà lancé l'alarme jeudi soir et vendredi matin, quand de fortes pluies se sont abattues dans des zones à risque de la ville de 300.000 habitants.
"Il y a des risques de glissement de terrain dans cette zone, attention, mettez-vous en lieu sûr, dans des structures d'accueil", pouvait-on entendre grâce à des haut-parleurs dès les premières heures de la journée.
La pluie a ensuite faibli dans l'après-midi, mais de nouvelles fortes précipitations étaient attendues dans la soirée, selon la Défense civile.
"Tout le monde a très peur, on sursaute au moindre bruit", confie Atenor Alves de Alcantara, un métallurgiste à la retraite de 67 ans, dont la maison se trouve dans la partie basse du quartier Alto da Serra, le plus affecté par les glissements de terrain.
Sentiment d'abandon
Plus de 500 pompiers, avec des hélicoptères, des pelleteuses et des chiens renifleurs, restent mobilisés pour rechercher sans relâche les disparus, tandis que l'espoir de retrouver des survivants parmi eux est de plus en plus mince.
Des centaines de bénévoles sont aussi allés prêter main forte aux secours, dont un grand nombre d'habitants des quartiers dévastés par les quelque 400 glissements de terrain, contraints de creuser eux-mêmes pour tenter de retrouver des proches.
À Alto da Serra, près de 80 maisons ont été englouties par une coulée de boue. "Il pourrait y avoir encore 50 personnes là-dessous, 98 corps ont déjà été retirés depuis mardi", a dit à l'AFP Roberto Amaral, le coordinateur du groupe spécialisé en sauvetage pendant des désastres naturels des Pompiers civils.
La mairie a annoncé par ailleurs avoir retiré plus de 140 voitures renversées dans les rues ou emportées dans des cours d'eau de la ville.
De nombreux habitants de Petropolis disaient se sentir délaissés par les autorités. "La population est en droit de critiquer, mais c'est une région qui connaît beaucoup de drames de ce genre", a réagi le président Bolsonaro.
Il faisait notamment allusion à 2011, quand plus de 900 personnes avaient trouvé la mort en raison d'inondations et de glissements de terrain dans une vaste région comprenant Petropolis et les villes voisines de Nova Friburgo, Itaipava et Teresopolis.
"Malheureusement, d'autres tragédies ont eu lieu ici. Nous faisons ce qui est de notre ressort", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il était "compliqué de prévoir tout ce qui peut se passer dans 8,5 millions de km2" (la superficie du Brésil).
Condoléances du pape
Le pape François a envoyé vendredi un message de solidarité aux sinistrés.
"Le Saint-Père, en prenant connaissance avec beaucoup de tristesse des tragiques conséquences des glissements de terrain, a demandé à l'évêque de transmettre aux familles ses condoléances et partage la douleur de toutes les personnes endeuillées", peut-on lire dans un communiqué du Vatican.
Mardi, Petropolis, l'ancienne résidence d'été de la Cour impériale, a reçu davantage de pluie que la moyenne de tout un mois de février.
L'été austral a été particulièrement meurtrier au Brésil, avec des pluies diluviennes qui ont fait des dizaines de morts ces derniers mois dans les Etats de Bahia (nord-est), Minas Gerais et Sao Paulo (sud-est).
Ces précipitations extrêmes sont liées, selon les experts, au réchauffement climatique.