BEYROUTH: Des avions de combat israéliens ont effectué des raids simulés dans le sud du Liban vendredi, après que le système de défense israélien, le Dôme de fer, n’a pas réussi à intercepter et a perdu la trace d’un drone provenant de son voisin, selon les Forces de défense israéliennes (FDI), qui ont ensuite déclaré que «le drone est revenu au Liban».
Un témoin de Reuters a indiqué avoir repéré deux jets survolant la capitale libanaise Beyrouth à basse altitude.
«Il ressort clairement de l'enquête préliminaire que, plus tôt dans la journée, un drone de petite taille a été repéré à l’intérieur du Liban, se dirigeant vers le territoire israélien», avait indiqué le porte-parole des FDI, Avichay Adraee, sur Twitter.
«Des hélicoptères et des avions de combat ont été convoqués sur les lieux, en plus du lancement d’un missile d'interception du système Dôme de fer sans pouvoir l'intercepter», a-t-il ajouté. «Selon les enquêtes, il s'agissait d'un petit drone de reconnaissance du Hezbollah.»
L’incident de vendredi est survenu un jour après que Tsahal a abattu un drone qui, selon elle, a été lancé dans l’espace aérien israélien par le Hezbollah.
Le porte-parole de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul), Andrea Tenenti, a affirmé: «L'armée israélienne a informé la Finul (...) qu'elle avait abattu un drone au sud de la Ligne bleue. Nous avons alerté les Forces armées libanaises et nous suivons l'incident avec les parties concernées.»
Cet incident constitue un développement dangereux qui pourrait contribuer à une escalade des affrontements entre le Hezbollah et Israël, d'autant plus que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est vanté mercredi que «la résistance avait la capacité de convertir ses missiles en missiles de précision», ajoutant: «Au Liban, depuis longtemps, nous avons commencé à fabriquer des drones.»
L’expert militaire à la retraite, le général Nizar Abdel-Kader a déclaré à Arab News: «Cette escalade dans les circonstances actuelles ne peut se traduire que par les tentatives de Nasrallah de rendre l'État (libanais) plus faible, et elle peut être liée à son discours précédent, dans lequel il a attaqué l'armée libanaise.»
«Toute escalade à la frontière libanaise sud nuit au Liban, à la mise en œuvre de la résolution 1701, à la réputation de l'armée libanaise et à son rôle dans l'établissement de la sécurité dans la zone située au sud du fleuve Litani», a-t-il ajouté.
Abdel-Kader a noté: «Nasrallah se félicitant ouvertement de la fabrication de drones et encourageant les acheteurs à passer leurs commandes porte atteinte au Liban à tous les niveaux. Tout le monde parle des élections législatives, les attend et compte sur elles. Cela vise-t-il à créer un problème de sécurité aux frontières qui mène à une escalade dangereuse en préparation du report des élections?»
Le discours de Nasrallah sur la fabrication de drones s'est heurté au silence officiel libanais, tandis que des voix anti-Hezbollah l'ont accusé d’«outrepasser les institutions de l'État libanais et de franchir toutes les lignes rouges existantes».
Le groupe Southerners for Freedom (Sudistes pour la liberté) a critiqué «la bêtise politique qui contrôle ceux qui dirigent le système politique».
Le groupe s'est adressé à Nasrallah en disant: «Vos missiles insensés et intelligents nourrissent-ils un Libanais affamé à Baalbek-Hermel, Bint Jbeil, Tyr, Hasbaya ou Marjayoun? Vos drones fournissent-ils du diesel ou du bois de chauffage à une famille en besoin de chaleur dans ce froid glacial? Vos missiles et vos drones ne profiteront à personne, ils ne feront en revanche qu’amplifier la destruction et le chaos. Si vous aviez installé une usine ou un projet de développement à Baalbek-Hermel, Brital, Bint Jbeil, Aita al-Chaab et d'autres villes, vous auriez créé des opportunités d'emploi pour les jeunes Libanais au lieu de les forcer à émigrer aux quatre coins du monde pour échapper à vos projets et aventures.»
Ce développement coïncide avec un débat interne au Liban sur démarcation de la frontière maritime sud après que le président, Michel Aoun, a annoncé la semaine dernière que «la ligne 23 est le plafond de négociation du Liban dans les pourparlers indirects avec la partie israélienne sous médiation américaine».
Cela a également été souligné par le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib qui se dit «convaincu que la ligne 23 est ce qui sert au mieux les intérêts du Liban».
La délégation de négociation libanaise avait proposé la ligne 29 comme base de négociation, ce qui donnerait au Liban une superficie supplémentaire estimée à 2 290 km2 dans la zone contestée et à 1 430 km2 à partir de la ligne 23.
Cependant, la ligne 23 ne donne au Liban, selon le chef de la délégation, le général Bassam Yassine, que 860 km2.
Yassine avait récemment critiqué le fait de «faire des concessions gratuites dans les négociations et d’obtenir ce qu’Israël veut, alors que nous ne gagnons rien».
Amos Hochstein, l'envoyé américain pour les affaires énergétiques, qui assure la médiation des négociations indirectes, s'était rendu au Liban et en Israël, pour tenter de trouver un terrain d'entente pour reprendre les négociations. Selon lui, des progrès sont en cours.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com